lundi 22 août 2022

Les médias occidentaux se sont rangés du côté des tueurs de Douguina.

L’occident en collant de plus en plus fidèlement aux délires propagandistes de Kiev en arrive à la même inhumanité, à la même indécence, l’acte terroriste qui a coûté la vie à une jeune femme a donné lieu de fait à des approbations, le fait que son père ait été soupçonné d’être le maitre à penser de Poutine suffisait. Si pour ce que j’en connais Alexandre Douguine est marqué par l’idéologie grande Russie, il l’est tout autant et moins que cet antisémite patenté (voir les deux volumes de son torchon: Ensemble consacré au mal qu’auraient fait les juifs à la Russie, l’ivrognerie et le bolchevisme entre autres publié en français chez Grasset) qu’était ce héros de l’occident Soljenitsyne. Est-ce que l’inculture, l’inhumanité et l’idéologie à la place de toute connaissance, analyse va toujours plus gagner nos “élites” jusqu’à la nazification totale derrière la défense passionnée de l’empire américain? C’est là la question que l’on peut poser comme cet article. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/world/2022/8/21/1173707.html

21 août 2022, 18:40
Photo : Sergueï Bobylev/TASS

Texte : Gevorg Mirzayan, professeur associé à l’Université des finances

Des épithètes et des définitions absolument fantasmagoriques sont utilisées par les médias occidentaux pour décrire le philosophe Alexandre Douguine, le père de Daria Douguine, assassinée la veille à Moscou. Que disent les publications européennes et américaines à ce sujet, et pourquoi leur réaction semble non seulement inadéquate, mais même inhumaine ?

Les médias américains et européens n’ont pas encore atteint le niveau de stigmatisation de leurs collègues ukrainiens pour se joindre à eux et se réjouir ouvertement du meurtre de Daria Platonova (Douguina) – mais aucun d’entre eux n’a exprimé ne serait-ce qu’une once de regret pour le meurtre d’une “propagandiste russe” et de la “fille d’un propagandiste russe”.

Et ils se réjouissent tous interminablement. Selon leur opinion non exprimée mais reconnaissable, le meurtre est juste et approprié.

Ainsi, certaines publications ont suggéré – bien que de manière voilée – que le meurtre de Douguina était une vengeance pour les méfaits de son père. “Son père, le philosophe russe Alexandre Douguine, considéré comme ‘le cerveau de Poutine’, aurait été la cible de l’attaque”, écrit la BBC. – “Sa philosophie anti-occidentale et ultra-nationaliste est devenue l’idéologie politique dominante en Russie et a contribué à façonner la politique étrangère expansionniste de Vladimir Poutine, notamment dans sa direction ukrainienne”.

Le Sun en Écosse qualifie Douguine de “mystique néonazi”, de “philosophe raciste d’extrême droite” et le Telegraph de “Raspoutine de Poutine”.

“Douguine est un nationaliste russe d’extrême droite qui a contribué à former la base idéologique de l’invasion de l’Ukraine par la Russie”, renchérit le Washington Post. “Douguine était l’architecte en chef du concept de ‘monde russe’ de Poutine”, assure la publication américaine The Daily Beast.

Cependant, Alexandre Douguine n’est ni un nazi, ni un raciste, et encore moins un “cerveau de Poutine”. “Douguine a été plus populaire et plus recherché en Occident qu’en Russie. C’est un polyglotte qui connaît 20 langues à la perfection – ce qui signifie qu’à son arrivée dans un pays, il pouvait très bien donner des interviews aux médias locaux dans leur langue. Sa popularité était l’une des raisons pour lesquelles Douguine était considéré en Europe comme un conseiller du Kremlin, bien qu’en réalité, Alexandre Douguine n’ait aucun lien avec le Kremlin depuis longtemps. Douguine lui-même a entretenu cette réputation, car cela l’a rendu encore plus demandé en Occident”, explique à VZGLYAD Oleg Bondarenko, un éminent analyste politique russe.

Le Guardian britannique est d’accord avec l’idée que l’influence de Douguine sur l’idéologie de Moscou était minime – mais le considère malgré tout comme un “agent de Poutine”. “Le Kremlin a toujours utilisé Douguine à travers les médias d’État. Parfois en acceptant son idéologie agressive, et parfois en l’utilisant pour discréditer les appels à un nationalisme plus agressif dans la politique russe”, écrit la publication.

Autrement dit, il indique clairement qu’il ne regrette pas particulièrement le meurtre de sa fille, et encore moins qu’il condamne les assassins. Ni le Guardian, ni le Washington Post – en fait, aucun des médias occidentaux n’a condamné le meurtre de la jeune femme.

En fait, ils se réjouissent même de son meurtre. De l’avis de ses organisateurs, l’attentat visait à démontrer la faiblesse des autorités russes. L’intention des organisateurs était simple : aujourd’hui, CNN, la BBC et tous les autres médias occidentaux devaient titrer : “L’idéologue en chef de Poutine s’est fait exploser”. Cela aurait été la nouvelle numéro un, non seulement du jour, mais du mois. En outre, il serait sorti la veille du jour de l’indépendance de l’Ukraine, ce qui aurait montré ce que Kiev et l’Occident peuvent réaliser en travaillant ensemble”, déclare Oleg Bondarenko.

L’intrigue a échoué : au lieu que ce soit Douguine qui soit dans la voiture explosée, c’est sa fille qui s’y trouvait, mais l’article portait quand même sur la faiblesse. “Si l’attentat à la voiture piégée est bien lié à la guerre, c’est la première fois depuis septembre que les violences déclenchées en Ukraine ont atteint la capitale russe. Il a frappé la famille d’un allié du Kremlin dans l’un des quartiers les plus en vogue de Moscou”, écrit The Guardian.

“Déjà plusieurs responsables pro-russes ont été tués dans le sud de l’Ukraine, des attaques contre des dépôts d’armes et des aéroports en Crimée. Des incendies criminels ont également été signalés dans des centres de recrutement de l’armée russe, ainsi que des attaques sur les voies ferrées utilisées par le Kremlin pour envoyer des armées en Ukraine. Mais personne n’a imaginé que les partisans (c’est le mot utilisé par la publication – note de VZGLYAD) allaient frapper les initiés du Kremlin qui vivent à Moscou”, souligne le Daily Telegraph.

“Des incidents de ce type rendent les autorités russes nerveuses, surtout après une série d’attentats à la bombe et d’attaques en Crimée occupée et dans les régions frontalières de la Russie avec l’Ukraine. La propagande du Kremlin met constamment l’accent sur la façon dont, après les turbulentes années 1990 (où les attentats à la voiture piégée et les meurtres étaient monnaie courante), Vladimir Poutine a apporté la sécurité et la stabilité à la Russie. L’actuel attentat à la voiture piégée dans la capitale russe met toutefois à mal ce récit”, souligne la BBC.

La faiblesse mène à l’agression – ce que l’Occident attend désormais de Moscou. Une frappe de représailles, censée démontrer la force et la détermination du Kremlin.

D’autres médias sont plus modérés dans leurs prédictions – ils parlent d’une frappe conventionnelle, et pas contre l’Occident, mais contre l’Ukraine. “Les “faucons” russes accusent Kiev de la mort de Daria Douguina sans aucune preuve et exigent une réponse du Kremlin sous la forme de frappes contre des responsables à Kiev”, indique le Guardian.

La chaîne conservatrice américaine Fox News, citant des responsables ukrainiens, estime également que Moscou va venger le meurtre de Daria, et ce juste à temps pour la fête de l’indépendance de l’Ukraine, le 24 août. “Tous les employés qui travaillent dans le quartier du gouvernement de Kiev sont invités à passer au travail à distance pendant une semaine”, écrit le Daily Beast, citant les médias ukrainiens.

En fait, c’est cette réponse, et non le meurtre de Dasha, que les médias et les politiciens occidentaux sur place condamneront profondément. En qualifiant les auteurs de la frappe de représailles non pas de “partisans” mais de “terroristes”. Peut-être même reconnaîtront-ils les autorités russes comme un sponsor du terrorisme.

L’Occident prend le parti des tueurs plutôt que de ceux qui tentent de les arrêter – et n’hésite pas à le démontrer même dans une telle situation.

 

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