Scandale : les 4 géants céréaliers, tirent des superprofits records de la crise alimentaire
dimanche 20 novembre 2022
par La Relève de La Peste. blog ANC.
Le capitalisme mortifère en action ! Après les producteurs d’énergie fossile voici l’agro-business, soutenue chez nous par la FNSEA et le soi-disant ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau. Tout est bon pour faire des profits et ce n’est pas toujours la faute de la Guerre en Ukraine qui a souvent bon dos ! (JP-ANC)
La situation est si grave qu’il faut l’écrire clairement : la guerre en Ukraine est le prétexte idéal d’une hausse des prix scandaleuse permettant aux géants de l’agro-industrie d’engranger des profits records, tout en empirant la crise alimentaire qui a commencé en 2019, bien avant le début du conflit armé entre l’Ukraine et la Russie.
Sous fond de spéculation, la crise alimentaire s’est dramatiquement intensifiée et le Programme Alimentaire Mondial lance l’alerte : jusqu’à 828 millions de personnes se couchent en ayant faim chaque soir, et le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë a plus que doublé – passant de 135 millions à 345 millions – depuis 2019.
Au total, 49 millions de personnes dans 49 pays sont au bord de la famine, dont le Liban, le Yémen, le Soudan et la Somalie. De nombreux lobbies tentent de faire croire que le problème viendrait d’une « pénurie » de production d’aliments, causée entre autres par la guerre en Ukraine. Or, non seulement des millions de tonnes de céréales ont pu être exportés dès juillet, dont l’accord de circulation vient juste d’être prolongé, mais en plus la production alimentaire mondiale augmente plus rapidement que la croissance démographique depuis les années 1950.
La production mondiale de blé était exceptionnelle en 2021 et devrait « atteindre un niveau record de 784 millions de tonnes en 2022/23 », notamment portée par les récoltes russes et canadiennes. Malgré cette production record, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont grimpé de 33,6 % l’année dernière. En temps de crise, il suffit de regarder où va l’argent pour savoir qui en profite.
Alors que les superprofits des géants de l’énergie ont été vertement critiqués de toutes part, un groupe tout-puissant en terme d’approvisionnement alimentaire se fait plus discret : les ABCD, pour Archer Daniels Midland, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus. A eux quatre, ces mastodontes contrôlent 70% du marché mondial des céréales et jouent un rôle fondamental dans la fixation de leur prix.
- « L’inflation est reliée aux acteurs de l’agrobusiness, les fameux ABCD en tête, qui ont intérêt à avoir les marges les plus élevées possibles. Ce qui est très intéressant ces dernières semaines c’est que commencent à sortir les résultats des industriels et ils ont fait des profits historiques : Cargill a annoncé qu’ils avaient fait plus de 35% par rapport à 2021 qui était déjà leur record historique ! plus de 165 milliards de dollars ! Ils ont réalisé ces revenus énormes grâce à l’augmentation historique de leurs marges car tous les acteurs ont acheté leurs céréales à 400 dollars la tonne, dont le prix est habituellement à moins de 100 dollars la tonne » décrypte Morgan Ody, paysanne et coordinatrice de la Via Campesina, pour La Relève et La Peste
L’entreprise française Louis Dreyfus a déclaré des bénéfices pour 2021 en hausse de plus de 80% par rapport à l’année précédente. Ses ventes nettes se sont élevées à 30,3 milliards de dollars pour le premier semestre 2022, tandis que son bénéfice net a également augmenté pour atteindre 662 millions de dollars (par rapport à 336 million de dollars durant la même période en 2021).
Bunge Limited, spécialisée dans les huiles raffinées et le sucre, a vu son chiffre d’affaires bondir de 19 % par rapport au 3e trimestre 2021 pour atteindre 16,8 milliards de dollars.
Contrer l’emprise des ABCD passe aussi et surtout par un changement de modèle agricole majeur et une relocalisation de la production alimentaire. Les petits paysans ont domestiqué plus de 7 000 variétés différentes dans le monde, soit 6 988 de plus que ce qui est régulièrement échangé par les ABCD.
En plus d’affamer les peuples, leurs monocultures perpétuent un modèle désastreux pour la biodiversité et l’adaptation agricole au changement climatique, déjà devenu un enjeu majeur de notre époque.
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