Témoignage de Jacques Texier, présent à Sainte-Soline
Un samedi à Sainte-Soline !
Je tiens à vous faire partager ma journée du 25 mars 2023 à Sainte-Soline, car le matraquage effectué par les chaînes d’info en continu n’est que tissus de mensonges, relais du ministre de l’Intérieur Darmanin ?
Départ de Limoges le samedi 25 à 5h30.
Arrivée au point de ralliement à Vanzay à 7h45, sans aucun contrôle par le groupe de gendarmes posté à la sortie de Chanzay. Seraient-ils en grève pour les retraites ?
A 10h départ des milliers de manifestants pour la bassine de Sainte-Soline, située à quelques kilomètres. Arrivés en vue de la bassine, on a pu assister à la plantation de 300m de haie en bordure du champ et du chemin par des manifestants(es) et des membres de la Confédération Paysanne dont Nicolas Girot, le secrétaire national. Notre énorme cortège progresse vers la bassine et on distingue maintenant nettement un cordon continu de fourgons de gendarmerie stationnés à touche-touche autour de cette gigantesque bassine de 16ha d’emprise au sol (vous pourrez comparer sur les images diffusées par les médias la hauteur d’un fourgon et la hauteur de la digue située à l’arrière. Impressionnant !). Ces véhicules sont accompagnés de véhicules militaires et d’un gros véhicule équipé d’un canon à eau. On voit aussi arriver les quads de la BRAV-M, qui attaquent les manifestants.
Pour mémoire : cette unité spécialisée dans des opérations spéciales est la suite, avec un nouveau nom, des "Voltigeurs motorisés" créés en 1969 par le ministre Raymond Marcellin, un pétainiste décoré de l’ordre de la Francisque. Sous le ministère de Charles Pasqua et son ministre délégué Robert Pandraud, c’est à cette unité spéciale, que l’on doit la mort de Malik Oussekine le 6 décembre 1986 (président : Miterrand, 1er ministre : Chirac).
On voit alors le canon à eau entrer en action. Les manifestants s’approchent de la bassine se tenant par la main, en ligne. Derrière les grilles de clôture se tiennent les gendarmes mobiles, devant leur véhicule, face aux manifestants. Ils distribuent à tout-va des grenades lacrymogènes. Je suis content d’avoir prévu lunettes de piscine, masque FFP2 et sérum physiologique. Une fumée noire et épaisse s’élève alors. D’où nous sommes, nous ne pouvons en distinguer la cause, et nous verrons après plusieurs véhicules de gendarmerie en feu. Les grenades lacrymogènes tombent sans discontinuer. Il faut alors se précipiter pour les couvrir de terre dans ce champ labouré et en éviter la diffusion du gaz. Un véhicule blindé arrive en appui aux gendarmes. Un autre type de grenade est ensuite utilisé, qui explose en l’air en dispersant plusieurs sous-grenades lacrymogènes. Enfin, cerise sur le gâteau, arrive le temps des grenades de désencerclement. J’apprécie alors les bouchons d’oreille dont je me suis muni.
Pour info, ce type de grenade a mutilé un cheminot à Paris (éborgné) et une femme à Rouen (pouce arraché)
Après 2 à 3 heures d’affrontements, les manifestants se replient dans le champ qui fait face à la bassine. Pour rejoindre ce lieu de rassemblement, je dois traverser une route sur laquelle gît un blessé auquel le "médic" fait un bandage serré sur la cuisse. Il ne peut plus marcher mais semble transportable, il est donc évacué vers le lieu de regroupement sur une civière. A quelques mètres de là, un attroupement est stationné sur la même route. Il y a un blessé gravement atteint à la tête semble-t-il. Le SAMU est appelé ; il tarde. Nous nous regroupons sur un grand champ face à la bassine ; les "gardiens de bassine" sont à un centaine de mètres. Le calme règne, beaucoup d’entre nous en profitent pour manger un casse-croûte ; la foule est compacte et paisible. C’est alors que les grenades de désencerclement pleuvent en quantité au milieu de la foule, dans un vacarme assourdissant. J’apprécie les bouchons d’oreille dont je me suis muni. Le danger est énorme : si une grenade tombe dans la capuche d’un manifestant, c’est le carnage. Si c’est à proximité d’un enfant, il perd à jamais l’audition. Les explosions font des blessés en nombre conséquent. L’ambulance n’est toujours pas là ; elle arrivera longtemps après, des ordres ayant été donnés de l’empêcher de rejoindre la zone pour prendre en charge le blessé qui gît toujours sur la route.
Nous rejoignons alors notre point de départ ; je rencontre un élu muni de son écharpe tricolore qui m’indique que les élus(es) présents(es) ont fait une chaîne humaine pour protéger les blessés dont un certain nombre sont allongés à terre et qu’ils ont à ce moment été attaqués par les forces du maintien de l’Ordre (ou plutôt du désordre) à coups de grenades lacrymogènes qui les ont contraints à reculer.
Voilà ce que j’ai vu et ce qui est confirmé, et complété par le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme que vous trouverez avec ce lien.
Communiqué de l’interobservatoires, dont la LDH est membre, publié à titre de première synthèse.
Vous noterez aussi que la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée a refusé la protection aux délégués de la LDH, les considérant comme de simples manifestants, "leur déniant la protection que leur reconnaît le droit international et en contradiction avec la jurisprudence du Conseil d’État. Le matériel d’observation d’une équipe a été confisqué." (extrait du rapport de la LDH).
Enfin, au retour, à l’entrée de Chanzay, donc à 6km du rassemblement, un barrage d’une trentaine de gendarmes contrôlait les véhicules, scannant les papiers d’identité. Pas de contrôle à l’arrivée, contrôle systématique avec prise des coordonnées au retour, dans quel but ? Á chacun d’y réfléchir.
Il est essentiel de faire connaître le communiqué de la LDH, pour combattre l’intox du ministre Gérald Darmanin sur les chaînes des milliardaires, en particulier CNEWS, celle qui a enfanté le candidat Eric Zemmour, et qui distille à l’envi son fiel sur La France Insoumise et les autres groupes de la NUPES.
Cette journée a été pour moi décisive. Nous avons basculé dans un autre type de régime. Lorsque les forces de l’Ordre utilisent du matériel de guerre, lorsqu’elles gazent les représentants du peuple présents avec leur écharpe, lorsqu’on empêche de porter secours aux blessés graves, lorsqu’on confisque aux organisation des Droits de l’Homme leur matériel d’observation, on ne peut pas se prévaloir de la République et on ne peut donc pas demander aux citoyens de respecter le pacte républicain.
Dans son allocution du 22 mars, Macron a dit à la minute 11 : "ni les factieux ni les factions dans la République"
Répondons lui : " Ni le fascisme ni les fascistes dans la République"
Ma participation à cette manifestation a été salutaire. Je suis plus déterminé que jamais
Hasta la victoria siempre !
J.T.
PS : Les journalistes de bureau, ceux qui se bornent à faire du commentaire d’images diffusées en boucle, n’arrêtent pas de demander aux élus ou responsables NUPES, la gauche que Renaud Muselier qualifie de "sale et débraillée", de condamner les violences des manifestants. J’espère bien qu’aucun ni aucune d’entre eux ne s’abaissera à y répondre positivement.
Remarque : A voir la manière dont sont rapportés ces faits dans la plupart des médias, il convient de s’interroger sur l’impartialité des informations concernant la guerre en Ukraine.
Note de Pedrito
Une nouvelle preuve, si c'était encore nécessaire, que les "infos" en boucle des chaines spécialisées sont une entreprise de bourrage de crâne, de matraquage, par conséquent de désinformation, au pays du Macronistan, notre république bananière aux ordres du petit dictateur
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