Marlène Schiappa : des réseaux sociaux et du pillage des fonds publics
Alors qu’à la suite de l’enquête du magazine Marianne et “l’Oeil du 20 heures” de France 2 des doutes sérieux sont émis sur ce qui est doublement un scandale. Un Fonds contre la radicalisation sur lequel on ne peut qu’avoir des doutes sur l’usage des 2 millions d’euros alloués vu le traitement opaque des bénéficiaires. Double scandale puisqu’on a utilisé l’émotion publique pour rétribuer des gens qui prétendaient défendre les valeurs républicaines en ligne après l’assassinat de Samuel Paty et sont effectivement bien connus pour leur prises de position mais y voient rétribution. Certaines associations lauréates ne semblent en effet pas correspondre à la mission du fonds. Marlène Schiappa est directement mise en cause. C’est très grave et bien digne de ce pouvoir qui ne cherche qu’à diviser les citoyens, provoquer plutôt qu’effectivement créer les conditions du respect des valeurs républicaines. Mais cela ne nous interdit pas non plus de nous interroger sur la manière dont sont effectivement utilisés les réseaux sociaux pour désamorcer ce genre de scandale et comment certains par pure imbécilité se prêtent à cette manipulation. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Le scandale tel qu’il se découvre dans l’enquête de Marianne porte d’abord sur la manière dont des gens ont utilisé la mort de ce pauvre innocent qu’était Samuel Paty en 2021, en créant un fond qui leur permettait de surfer sur la vague de l’émotion publique et de s’en mettre plein la lampe. Marlène Schiappa était alors ministre déléguée chargée de la citoyenneté. Cela revient de fait à montrer comment le pouvoir et ceux qui en vivent transforment la politique en fait divers pour manipuler à leur gré l’opinion publique, ce qui doit être dénoncé comme un mode de gouvernement qui jouit de complicité, d’influenceurs qui lancent les thèmes qui leur conviennent. Il y a là tout un milieu qui ne vit que d’affrontements secondaires et fausses indignations tandis que d’autres leur répondent par des provocations vulgaires qui sont sensés faire peuple et tout ce monde des réseaux sociaux joue la partition qui convient au pouvoir, ne voit plus ni l’exploitation ni la guerre et papote sur la partition du moment, rapidement oubliée.
Le fonds baptisée Marianne comme il se doit, pour dire que la République était bonne fille pour ceux qui savaient flatter les puissants de l’heure, il avait mission de soutenir les associations luttant en ligne pour les valeurs républicaines – et bien sûr contre le cyber-djihadisme. C’était un moyen de contrer le fondamentalisme en ligne, dont on estimait qu’il avait joué un rôle central dans l’assassinat du professeur en 2020. En fait, ces gens là comme le pouvoir de Macron qui est lui même né d’une manipulation de la crédulité et que l’on a lancé comme une marque de savonnette ne sont que des pantins jouant de ce lien permanent entre médias et réseaux sociaux. C’est le fonctionnement de LCI où Bouygues nous vend la guerre en Ukraine grâce à une bande de spécialistes rétribués, le fonctionnement d’émission comme C dans l’air et tant d’autres.
Les révélations du journal Marianne et de L’Oeil du 20 heures de France 2 portent directement sur l’usage de ce fonds de plus de 2 millions d’euros par les pouvoirs publics. Ce qui signifie qu’il y a un personnel rétribué pour utiliser les passions suscitées autour de ce qui peut provoquer l’émotion, on peut ainsi mettre sur le même plan ou tenter de le faire : la réforme des retraites et l’affaire Palmade. Il y a des gens qui sont là pour tenter de canaliser une émotion qui retombe aussitôt et dont personne ne se souvient quelques mois après. Il y a un personnel rétribué pour ça, éditorialistes, intervenants spécialistes de l’indignation avec un vague statut d’intellectuels.
Sur les 17 lauréats du fonds, les deux médias relèvent une association sportive, une société de production audiovisuelle, ou encore un éditeur de bandes dessinées. Ce qui ne parait pas être en relation directe avec la défense des valeurs républicaines en ligne, le doute s’est encore renforcé par le refus – au départ – des institutions publiques à communiquer cette fameuse liste de lauréats.
Une association officiellement sportive subventionnée à hauteur de 355.000 euros
L’enquête des deux médias s’est ensuite axée sur une société en particulier, la principale lauréate. L’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire – au nom pourtant franchement éloigné du but du fonds – a en effet récolté 355.000, soit 15% des fonds alloués à l’initiative. L’association, est en fait celle de Mohamed Sifaoui, connu pour ses prises de position sur les sujets de laïcité, il se défend en arguant avoir été à l’initiative d’une initiative nommée Ilaïc, aux résultats peu probants : quelques dizaines de vues pour ses 13 vidéos YouTube. En réalité, selon l’enquête, l’argent public semble avoir servi à hauteur de 120.000 euros à rémunérer les deux administrateurs de l’association : Mohamed Sifaoui et Cyril Karunagaran.
Le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a annoncé lancer une enquête sur l’attribution de ces fonds, reconnaissant une légitimité à certaines interrogations. Le secrétariat d’Etat chargé de la Citoyenneté a également saisi l’inspection générale de l’administration, et le ministère de l’Intérieur pourrait effectuer un signalement au Procureur, suite aux révélations de l’enquête de France 2 et Marianne. Marlène Schiappa, de son côté, n’a pas réagi aux accusations des deux médias. Le cabinet de la ministre déléguée estime en effet que le fonds Marianne ne relève plus du domaine de compétence de celle qui est désormais chargée de l’Économie sociale et solidaire… et de la Vie associative.
Mais j’aimerais souligner le mode de fonctionnement des réseaux sociaux. Comme le pouvoir sait faire dévier l’opinion publique de la questions des retraites à celle de la “sécurité” quitte à créer les conditions d’un affrontement comme l’affaire de la répression dans les “bassines” et les provocations du ministre de l’intérieur, le dévoiement est permanent. Pourquoi faut-il qu’il soit aisé de détourner ce scandale en gadget à propos d’une Une de playboy assortie de photos de Marlène Schiappa obèse en porte-jarretelle? C’est cela l’imbécilité des réseaux sociaux … L’ignominie de ceux qui croient servir leur cause en dénonçant l’âge de madame Macron et qui ne sont ce faisant que des clowns de bas étage qui dévoient la nécessité de demander des comptes. Avec cette vulgarité salace qui suscite l’intérêt mais est oubliée très vite, il y a des crétins spécialistes de la chose, des gens qui ont tôt fait de transformer le scandale du manque de masques, des superprofits de vaccins créés avec l’argent public en méfiance contre toute mesure visant à protéger la population. Utiliser à plein ce que l’on a fait en matière de dépolitisation pour protéger le pouvoir par le fait divers.
Danielle Bleitrach
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