N’UTILISEZ PAS LES JUIFS POUR LES ŒUVRES DE LA CIA ET L’OTAN
Derrière l’affaire du numéro de l’Humanité il se passe des choses très graves que nous ne pouvons pas tolérer parce qu’elles risquent d’alimenter un antisémitisme qui comme tous les courants xénophobes, racistes, fascistes ne demandent qu’à prendre de l’ampleur et pourrir le mouvement communiste international. J’ai longuement hésité avant d’écrire cet article qui ne relève pas du collectif que nous représentons mais bien de moi seule, Danielle Bleitrach. Premièrement, on ne se refait pas, j’ai l’habitude de dire franchement ce que je pense surtout s’il s’agit d’une conviction aussi moralement incontournable et deuxièmement je le fais à cause de ce que représente encore le PCF. Fréquemment on m’accuse d’avoir la foi du charbonnier en ce qui concerne ce parti et de refuser de voir l’état des lieux. Je pourrais longuement développer des raisons objectives qui me font choisir au vu de ce qu’est la France et l’Europe, ce parti plutôt qu’un groupuscule quelconque, ou pire la démission, mais il y a aussi une conviction subjective : ce parti reste dans la France aujourd’hui ce qui est le plus honnête sur le strict plan du désintéressement de ses militants et de la majeure partie de ses dirigeants, le plus proche de mes valeurs même s’il semble avoir renoncé à toute idée de révolution. Il est en particulier le parti le plus dénué de racisme et d’antisémitisme qui se puisse trouver et je n’agirai que pour qu’il conserve ce capital d’honneur. Mais je crois que l’on tente d’utiliser cette valeur majoritaire pour le faire s’impliquer dans une opération directement dirigée par la CIA et dont j’estime que les juifs sont également la cible.
Quelque chose de très grave est en train de se mettre en place et que l’on doit dénoncer, il s’agit d’une tentative de créer contre la Russie l’équivalent de ce qu’à été l’opération des juifs d’URSS contre l’Union soviétique. Nous avions rencontré en Crimée à Yalta, une victime de cette opération, nous en parlons dans notre livre URSS vingt ans après retour de l’Ukraine en Guerre : cet homme un mathématicien espérantiste avait été contacté et enrôlé par un mouvement trotskiste couverture de la CIA qui en avait fait un opposant à l’URSS. Face à ce qui s’était passé en Ukraine, cet homme nous avait dit son horreur de cette opération et ceux qui désormais la menaient sous bannière banderiste ; il suffit de se référer à ce chapitre de notre livre et d’autres pour mesurer comment des ordures je pèse mes mots comme Kolomoisky (dont Zelensky est le poulain) ont prétendu enrôler les juifs du monde entier dans leur immonde pillage et leur massacres à Odessa et dans le Donbass.
En outre nous avons retrouvé les mêmes individus mobilisés par la
fondation Rosa Luxembourg à Saint Pétersbourg lors d’un colloque
organisé sous l’égide du centre Plekhanov mais dont le but était de
reconstituer des filières d’opposition trotskistes contre le
gouvernement de Russie et également contre le KPRF. Une de leurs
vedettes était un fervent partisan de Mélenchon qui a quelque notoriété
dans les milieux de gauche et qui s’appelle Boris Kagarlitski. Ce
sociologue qui parle un excellent français a raconté dans ce colloque
des choses parfaitement délirantes sur le fait que Fidel Castro était en
fait trotskiste comme Raul et le Che. Je l’ai contredit bien sûr,
toutes ses références à Cuba étaient complètement fausses y compris en
ce qui concerne les trotskistes à Cuba qui s’avéraient comme la famille
Hart des patriotes et pas du tout antisoviétiques. Tout ce qu’écrit cet
homme, qui a salué avec enthousiasme la fin de L’URSS, puis s’est
présenté comme un communiste était si fantaisiste que l’on pouvait
s’étonner qu’il jouisse dans le parti de Mélenchon et dans la gauche de
la moindre crédibilité. Aujourd’hui il semble qu’il reprenne du service
comme au temps de l’URSS en tentant en particulier d’infiltrer le réseau
de gauche des juifs des Etats-Unis qu’est Counterpunch.
Boris
Kagarlitski PhD est un historien et sociologue qui vit à Moscou. Il est
un auteur prolifique de livres sur l’histoire et la politique actuelle
de l’Union soviétique et de la Russie et de livres sur la montée du
capitalisme mondialisé. Quatorze de ses livres ont été traduits en
anglais. Son livre le plus récent en anglais s’intitule « From Empires
to Imperialism: The State and the Rise of Bourgeois Civilisation »
(Routledge, 2014). Kagarlitsky est rédacteur en chef du journal en ligne
en langue russe Rabkor.ru (The Worker). Il est directeur de l’Institut
pour la mondialisation et les mouvements sociaux, situé à Moscou.
Cet homme n’est pas le seul et il faudra parler de ce qui s’est mis en place jadis en Pologne et sur quoi je reviens dans l’introduction de mes mémoires. En effet, il s’avère que si j’ai entamé mes mémoires par la Pologne c’est non seulement à cause de mes origines mais parce que j’y ai vu surgir la destruction de l’URSS, là et partout l’anticommunisme en Europe, sur un modèle assez particulier dans lequel la gauche et les juifs sont utilisés pour que s’installe comme en Ukraine des régimes racistes, et qui dévoilent leur fondement raciste, xénophobe d’extrême-droite. Si cela fait partie de mes mémoires c’est que j’ai été amenée à suivre cette affaire dans des lieux aussi divers que la Hongrie, l’Italie et bien sûr la France. Mais surtout parce que dès l’adolescence j’ai été sensibilisée à ces aspects de la mobilisation des juifs contre le communisme parce que j’y ai été confrontée fréquemment et en particulier depuis mon adolescence.
Je connais bien ce que fut le réseau des Juifs d’URSS, mon père
qui était un homme de gauche proche du parti socialiste, membre de la
B’nai B’rith la franc-maçonnerie juive a été le président de ce comité
de soutien. Il avait été communiste, comme bien des communistes de sa
génération il avait conservé des sentiments de respect pour l’URSS et un
jour il m’a fait cet étrange aveu: “il vaut mieux que ce soit moi qu’un
anticommuniste.”
Il n’y avait pas que lui : si on considère ceux qui dans le CRIF ont impulsé ce mouvement des juifs d’URSS, ce n’étaient pas loin de là des gens de droite, pas plus que ceux qui ont soutenu Lech Walesa en Pologne, un antisémite et stipendié de la CIA intégral ; on voit par exemple Manek Weintraub qui était conseiller pour l’Europe de l’Est, Théo Klein, alors président du CRIF, et Jaqueline W. Keller, qui fut directrice générale du CRIF, après Pierre Kauffmann, durant cette période, ont retracé cette page épique. Ils ont rappelé l’action de la commission des Juifs d’URSS, animée par Claude Kelman, “qui a été à la pointe du combat pour la libération des Refuzniks.” Il n’empêche que ceux qui ont surgi de ce mouvement en France, par le biais de gens comme BHL, Glucksman, Cohn Bendit, ont désormais produit un conglomérat dans lequel gauche et même extrême-droite se côtoient. Il y a désormais des juifs qui ne craignent pas de s’afficher aux côtés de Zemmour ou de Marine Le Pen, comme en Pologne ils en sont désormais à traquer pour sympathies pro-russes ceux qui pourtant ont aligné le trotskysme et la gauche sur l’antisoviétisme militant dans le sillage d’un mouvement entamé au Chili après le coup d’État de Pinochet, la “révolution conservatrice”. La plupart des dirigeants savaient ce qu’ils faisaient et quel maître ils servaient comme ceux qui sont aujourd’hui dans la presse et dans les partis politiques ont choisi de mener une croisade néocoloniale dans la défense de l’occident et prétendent débarrasser la Russie de ses “adhérences” barbares, voire contribuer à son démantèlement comme ils l’ont fait pour l’URSS. Il n’y a pas que les juifs, les bases communautaristes sont sollicitées pour constituer ces réseaux et vouées pourtant à terme à être sacrifiées au fascisme et à un nationalisme toujours plus homophobe, suprématiste “blanc”, misogyne, raciste et antisémite.
Effectivement on a joué sur des sentiments complexes de beaucoup de juifs, le fait qu’ils conservaient paradoxalement des liens souvent familiaux avec le communisme mais qu’ils étaient pris dans un communautarisme, religieux, associatif comme le CRIF, et de sociabilité pour être recrutés en jouant sur le fait qu’il ne fallait pas laisser Poutine, après Staline s’emparer de la Russie et la couper de l’occident. Alors que les Juifs de gauche américains se montrent de plus en plus critiques de la politique d’Israël et d’ailleurs de la politique des dirigeants US en général ils tentent de les reconquérir c’est le cas de Boris Kagarlitski qui disons est un vieux cheval de retour. Mais il y a aussi des réseaux en France qui plongent dans le PCF et dans le secteur international, la fédération de Paris. La reconquête n’a rien de facile parce qu’il se trouve aussi des gens d’origine juive qui refusent ces réseaux et leur affiliation de plus en plus visible sous couvert d’anti-Poutine et de refus de l’invasion à l’OTAN et à la CIA. Y compris des gens ayant des sympathies trotskistes mais qui sont d’abord anti-impérialistes.
Il en est de la question de l’Ukraine par exemple comme de celle de la Palestine, dont on peut souligner que parmi les défenseurs du peuple palestinien comme de gens allant sur cette question jusqu’à une vision ne le cachons pas littéralement fasciste on peut dire que les gens juifs ou d’origine juive sont répartis sur tout le spectre. Mais tous comme l’ensemble de la population française subissent un des aspects du conservatisme impulsé par l’impérialisme : ne plus parler du fond de classe, des questions d’emploi, de salaire, d’avenir des enfants, mais s’accrocher seulement aux aspects “identitaires” et diaboliser l’adversaire.
Ces gens qui chez les juifs, mais c’est vrai dans bien des domaines qui croient sans doute réellement conserver dans leur immense majorité une sensibilité de gauche et qui pour se convaincre diabolisent de plus en plus l’ennemi désigne, sont peu à peu intégrés à d’autres qui ne cachent pourtant pas leur adhésion de droite voire d’extrême-droite, le creuset israélien ou des organisations communautaires, mais aussi des associations comme le Siècle qui ne sont pas marquées par des origines confessionnelles servent de lieu de rencontre et de sympathie réciproque au-delà des idéologies. Le recrutement dans des postes professionnels pour soi ou pour les enfants joue un grand rôle et bien sûr évidement les milieux des médias sont particulièrement concernés. Une opération de ce type est à l’œuvre et ce qui se passe à l’Humanité n’est pas étranger à cette dramatique opération dans lequel on trouve les habituels Glucksman et BHL, Cohn Bendit mais aussi des gens qui rallient Zemmour et l’extrême-droite. Cette manière de tenter de recouvrir tout le spectre politique est une méthode que l’on a vu se développer dans les révolutions de couleur comme dans les opérations de soutien à des peuples que l’on invente martyrs pour en faire les instruments de la CIA contre un gouvernement progressiste ou que l’on souhaite abattre.
Le parti communiste, et la campagne de Fabien Roussel a été un pas important vers l’autonomie d’un parti plus proche du monde du travail, des couches popuaires, qui refuse les communautarismes et défend les valeurs républicaines, la souveraineté nationale. Le PCF, dans une certaine confusion, a choisi à partir du 38e congrès de refuser cette vision communautariste au profit d’un retour vers le monde du travail, mais parce qu’il est resté soumis à la seule question des alliances de sommet et à un consensus international qui est celui de l’impérialisme et de l’UE, est l’objet d’une infiltration : ce qui se passe au niveau de l’Humanité et en particulier de son secteur de politique internationale est révélateur.
Par rapport à tous les autres partis et forces de gauche, le PCF est parmi les rares voire le seul qui n’accueille pas de vrais antisémites et faux anti-impérialistes qui en fait ont choisi l’anti-impérialisme des imbéciles pour parodier Bebel, en utilisant la politique d’Israël pour mieux comme le décrivait Politzer faire oublier tout le capitalisme qui n’était pas juif, et au plan international ils renouvellent l’opération pour mieux blanchir les États-Unis et tout attribuer “au sionisme”. La politique de l’État d’Israël doit être dénoncée et combattue comme celle de tous les États réactionnaires et impérialistes y compris la politique du gouvernement français, mais en faire le mal absolu, voire l’État qui gouvernerait de fait au nom des Juifs l’actuel potentiel auto-destructeur des Etats-Unis est également une vision d’extrême-droite qu’il faut dénoncer. Ceux qui acceptent de collaborer avec qui que ce soit qui prétend utiliser ce peuple qui a tant souffert comme une arme de sa politique joue dans ce registre, celui de l’antisémitisme. Et ceux qui poussent l’adhésion aux “valeurs occientales” ou ce qu’ils croient tels jusqu’à soutenir l’OTAN, les USA, c’est-à-dire ce qui en réalité mène à la fascisation, ceux qui confondent le “peuple” et des “bobos” sont désormais confrontés à la chute de leurs illusions, comme on le voit en Espagne ou en Turquie ce week end. Les communistes ont un rôle essentiel à jouer pour que des libertés touchant aux droits de la personne comme à des institutions et au refus des racismes, antisémitisme, soient intégrés aux combats réellement anti-racistes.
Et de ce point de vue une des pistes est la recréation d’une véritable internationale et la confrontation des communistes, leur appel aux forces progressistes.
Et pour continuer à préciser ce que nul ne peut nier en particulier ceux qui partagent mes origines, le PCF a déjà toujours été un des rares lieux où un juif pouvait oublier qu’il l’était et pas se sentir l’otage ni de haines ancestrales, ni de combats dévoyés, les choses étaient claires : on jugeait d’un point vue de classe, d’un point de vue révolutionnaire. S’il parait hélas assez évident que ce parti ne sait plus très bien ce qu’est une révolution, il a même perdu la connaissance de ce dont est capable l’ennemi de classe et parait convaincu que s’il est plus aimable il sera toléré, il n’en demeure pas moins qu’il demeure révolutionnaire tant que son positionnement s’inscrit a contrario de là où nous mène la dite classe capitaliste à son stade impérialiste. Le plus difficile est sans doute d’ouvrir ce parti sur la nouvelle réalité du monde, qui présente certes des aspects très négatifs, dangereux, mais aussi et surtout des possibilités qui n’ont pas connu un tel stade de maturation depuis près de cent ans.
Le Parti comuniste a raison de parler des jours heureux, non seulement parce qu’il renoue avec son glorieux passé, mais il faut qu’il mesure que si les luttes en France en sont le levier, le point d’appui est le mouvement du monde, il faut qu’il soit en capacité de construire cette perspective politique. Oui la fascisation menace mais comme le disait Brecht, celui qui dénonce le fascisme et qui ‘en montre pas la dimension de classe a perdu.
En ce qui concerne les juifs je trouve qu’ils ont assez donné dans l’utilisation par les forces réactionnaires, assez subi dans le genre judéo-bolchevique et que ceux qui aujourd’hui s’amusent à créer de tels réseaux pour leurs intérêts, carrières personnelles devraient arrêter de jouer avec le feu et avec la vie de milliers d’innocents qui ne leur ont rien demandé et surtout de parler en leur nom. En ce qui me concerne je ne prétends en aucun cas représenter les juifs, ni mêmes les Français, mais défendre comme je l’ai toujours fait ce que j’estime être une position de communiste ; à ce titre, je dis ce que j’estime juste et allant vers la paix, contre le racisme, l’antisémitisme, contre la haine des femmes, le puritanisme homophobe et je suis convaincue que seul le retour à un combat de classe a une vocation émancipatrice pour l’épanouissement des individus. Je regrette que le parti communiste français qui représentait tout cela ait partiellement démissionné de cette ligne juste mais je considère aussi qu’il n’y a rien dans la France d’aujourd’hui qui présente de telles garanties au niveau de la majeure partie de ses militants, et je tiens qu’au moins cela ne soit pas détruit.
La question d’avoir le parti révolutionnaire dont la France a un urgent besoin se pose par ailleurs et le débat qui s’est ouvert en particulier autour du texte de J.CL Delaunay me parait de ceux qui devraient avoir droit de cité dans le parti et dans la presse communiste si un jour elle se reconstitue et ne pratique pas une censure qui est encore un des aspects de son inféodation.
Danielle Bleitrach
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