mercredi 12 juillet 2023

Publié par El Diablo

 

L’Assurance Maladie a récemment adopté un plan d’économies de 1,3 milliards d’euros qui sera repris dans la loi de financement de la Sécurité sociale qui sera votée cet automne. Après la crise COVID et en pleine crise sociale, le gouvernement poursuit sa politique de réduction des dépenses publiques dans une logique de retour brutal au « monde d’avant ». Un des postes de dépenses mis à l’index est celui des indemnités journalières dont la croissance a repris pour atteindre un niveau de dépenses d’avant la crise COVID.

Il est donc demandé des économies sur ce poste de 230 millions en 2024. Cependant il est indiqué que cette augmentation est liée à ce qui est appelé l’effet démographique avec une hausse de la population active (23 % de contribution à la croissance) et le vieillissement de la population des bénéficiaires (13 % de la contribution à la croissance). Il existe aussi une augmentation de la durée moyenne d’arrêt qui contribue à hauteur de 23 % à la croissance. En fait, seuls 14 % de la croissance sont dus à une augmentation du taux de recours.

Dans ce contexte, il est inacceptable que la stigmatisation des soi-disant abus, tant des patients que des médecins, soit le principal argument motivant cette mesure. Comme toujours il s’agit de désigner des boucs émissaires pour évacuer le débat sur les vraies causes de cette situation. Si les médecins traitants prescrivent des arrêts de travail, c’est qu’ils jugent que leurs patients en ont besoin. Il est évident que la dégradation des conditions de travail avec une perte de sens, mise en avant par de très nombreuses études, est à prendre en compte.

L’explosion des risques psychosociaux liés à des managements autoritaires avec une recherche constante de la performance à tout prix est une évidence. Le stress ainsi généré est non seulement à l’origine de troubles psychologiques, mais est aussi un facteur de risque majeur des maladies cardiovasculaires, deuxième cause de mortalité dans notre pays. A cela s’ajoutent les troubles musculosquelettiques et les cancers dont une bonne partie est en rapport avec l’exposition à des polluants industriels.

Il faut donc être clair sur le fait que le travail n’est majoritairement pas source d’épanouissement mais que les conditions dégradées de son exercice rendent aujourd’hui malades un nombre croissant de salariés. Par contre, le gouvernement devrait balayer devant sa porte car son enthousiasme débordant pour la télémédecine se traduit par des dérives commerciales qui génèrent effectivement des abus. A cela s’ajoute les impacts de la réforme des retraites passée en force en publiant des chiffrages erronés, dont certains ont été même occultés.

Il s’agit notamment de ceux de l’Assurance maladie qui estiment l’augmentation des dépenses liés au report du départ à 64 ans au plus tôt, à environ 4 milliards d’euros du fait de l’augmentation des arrêts de travail de longue durée et des invalidités. Il s’agit d’une conséquence inévitable du fait que cet âge se rapproche de plus en plus de l’espérance de vie en bonne santé qui était en 2021 de 67 ans pour les femmes et de 65 ans pour les hommes.

Docteur Christophe Prudhomme

Praticien hospitalier – SAMU 93

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