Comment l’occident peut-il imaginer continuer comme avant ? par Franck Marsal
La conviction dont fait état Franck Marsal est la nôtre dans ce blog et elle nous invite à la patience de l’urgence, qui est celle des nations et des peuples qui se sont lancés dans ce mouvement historique dit multipolaire; les recettes d’hier celle de l’hégémonie et de la contrerévolution des années quatre-vingt et celles même de 2008 ne fonctionnent plus et pourtant tout y reste subordonné même les tristounets jeux politiciens à but électoraux dénués de toute finalité démocratique. La seule vraie question est comment construire ce qui s’avérera de plus en plus indispensable, un parti communiste qui favorisera l’intervention de la classe ouvrière ? Ne pas détruire mais ne pas bercer d’illusion : rester un lieu d’information et de réflexion original avec votre aide à vous tous qui malgré les vacances êtes de plus en plus nombreux, merci à ceux qui diffusent cette réflexion collective… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Non seulement les prix ne vont pas baisser, mais rien ne garantit que
l’inflation baisse durablement. Au contraire. La Chine poursuit son
combat pour arracher le monde au sous-développement. Elle a désormais
les moyens de mener une politique monétaire et financière autonome. Et
avec son alliance avec l’Iran, l’Arabie et la Russie, elle peut orienter
les flux d’énergie à sa guise. Elle dispose de toutes les technologies
majeures et de la base industrielle dominante.
Dans ces conditions,
comment l’occident peut-il justifier d’avoir un privilège de
consommation d’énergie supérieur au reste du monde ? D’avoir des
monnaies fortes qui lui permettent de se réserver l’accès aux produits
les plus recherchés ?
L’inflation qui nous attend, c’est le
rééquilibrage de nos systèmes de prix sur les systèmes de prix mondiaux.
C’est à dire que l’immense majorité des habitants du monde auront à
terme la même légitimité à accéder à l’énergie, particulièrement
pétrolière. Et notre production sera évaluée à ce qu’elle vaut en parité
de pouvoir d’achat, ce qui signifie une sérieuse dégringolade.
Et
cela peut aller très vite. Nous sommes dans de telles contradictions que
notre énergie dépend encore de notre fournisseur russe, que par
ailleurs nous vouons aux gémonies quotidiennement : une bonne partie du
gaz transite encore de Russie par la Pologne et l’Ukraine, une bonne
partie du pétrole vient également de Russie en transitant par l’Inde. On
s’est gargarisé d’avoir convenablement passé l’hiver alors que c’est
juste parce que la Russie maintient ses robinets ouverts depuis 15 mois.
Et personne n’en parle, mais tout le monde sait que l’hiver prochain
n’est en rien assuré.
Si l’on observe la méthode suivie par la
Russie, on s’aperçoit qu’elle est faite de patience, elle attend le bon
moment pour jouer ses cartes, laisse l’adversaire lui donner à de
multiples reprises les raisons et la légitimité d’agir.
Ce qui a été
fait à propos de l’accord sur les céréales est très intéressant. La
Russie, depuis le début répète avec calme mais constance que l’occident
ni l’Ukraine n’applique leur part des engagements et que cela va mener à
la rupture de l’accord. Tout le monde s’est habitué à ce discours et
est arrivé à penser que la Russie râle mais qu’elle n’agira pas. Puis
lorsque le moment vient où la Russie rompt l’accord, on découvre qu’elle
a tout préparé pour que cela se passe au mieux : non seulement
l’Afrique n’a pas mis en cause la décision russe, mais elle se trouve
rassemblée pour célébrer la coopération historique URSS-Russie / Afrique
à St Pétersbourg, quelques semaines seulement après la rupture de
l’accord. L’UE en revanche n’a rien prévu pour gérer les conflits liés à
l’arrivée sur ses marchés des céréales ukrainiennes soldées …
De la
même manière, tout le monde a l’air de considérer que, puisque le gaz
russe continue à arriver depuis 15 mois, c’est que la Russie ne coupera
pas le robinet…
Mais pourquoi la Russie ne le ferait-elle pas au
moment où, de son côté tout sera prêt pour le faire et au moment où
l’impact sera maximum… Cet hiver ? Pas impossible.
La réponse à l’inflation choisie par l’occident, c’est d’augmenter
les taux d’intérêt. C’est un autre volet du suicide collectif. Je ne
sais pas le dire autrement :
1. C’est une politique basée sur
l’expérience des années 80, à l’époque où l’occident contrôlait la
finance et l’industrie mondiale. La montée des taux d’intérêts
engendrait une récession mondiale, mais cette récession frappait en
priorité les fractions les plus fragiles, pays endettés en dollars,
économies les moins productives. Aujourd’hui la situation est
différente. L’occident ne contrôle plus la finance mondiale. Donc, la
hausse des taux d’intérêt n’atteindra que très indirectement la Chine,
qui va continuer à se développer et entraîner avec elle une large partie
du sud. Donc, l’économie du nord va entrer en récession
(auto-provoquée) et perdre des parts de marchés à l’international. De
plus, l’économie occidentale n’est plus l’économie la plus compétitive,
en particulier pour une Europe qui se prive d’elle-même de sa source
naturelle d’énergie à bas coûts, la Russie …
2. Il y a une crise de
la dette latente aujourd’hui dans les pays du nord et en particulier
dans certains pays important de l’UE, aux USA et au Japon. La montée des
taux va rapidement rendre cette dette ingérable. Les frais financiers,
les intérêts vont exploser et sans croissance, les états ne pourront
plus faire face. La solution sera l’inflation ou la faillite.
3. Le
système financier occidental hypertrophié va lui-même se trouver en
crise profonde. On a déjà vu les premiers soubresauts avec les faillites
des deux banques américaines et du Crédit Suisse cet hiver. Les banques
ont consenti d’énormes quantités de prêts à taux très bas. Ces prêts
continuent à courir, mais les taux montent. Au fur et à mesure que les
taux et l’inflation montent, ces prêts anciens subissent une décote
irrémédiable, jusqu’à ne plus valoir grand chose. Les bilans des banques
sont alors en grande difficulté.
Alors, comme disait Lénine, que faire ?
A mon sens, le socialisme deviendra rapidement une urgence vitale, une sorte de socialisme de guerre. La tendance naturelle du capitalisme pourrait être de laisser s’effondrer l’économie réelle en même temps que l’économie financière et les superstructures de marchés.
Il faudra au contraire agir pour sauvegarder ce qui peut l’être de la production réelle en créant rapidement une autre structure de pilotage de l’économie. Il faudra rapidement identifier les manques, re-répartir les ressources disponibles pour produire ce qui est indispensable.
De nouvelles directions politiques vont émerger, en particulier dans la classe ouvrière. Toutes les superstructures occidentales seront décrédibilisées voire balayées par le souffle de l’implosion.
Nous aurons besoin d’un parti fort et structuré, d’une classe ouvrière qui prenne le pouvoir entre ses mains.
En gros, et pour le dire très vite, il va falloir apprendre très très vite à reprendre tout ce que nous avions abandonné, à penser à l’opposé de ce que l’on nous a appris, à faire le contraire de ce qui nous a été imposé.
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