Que faut-il "cesser de faire", pour renouer avec la classe ouvrière? Les points sur les « i » !
Précision pour commencer : il ne s'agit pas ci-après de proposer une ligne politique paternaliste conservatrice ou réactionnaire sur le plan moral sous prétexte de se montrer bienveillant envers la classe ouvrière, mais de dépolitiser toutes ces questions pour qu'elles cessent de faire obstacle, et si possible de ne plus en parler du tout. Sachant que quelque soit l'importance qu'on leur accorde, elle pourraient être défendues par des libéraux fanatiques du capitalisme dérégulé - et qu'elles le sont pour la plupart effectivement. Que des militants de gauche aident des sans papiers ou participent à la Gay Pride, utilisent l'écriture inclusive ou s'extasient devant l'œuvre de Marcel Duchamp c'est leurs oignons. Chacun fait ce qui lui plait. Mais ils ne doivent pas s'imaginer qu'ils ont là une démarche politique exemplaire - autre que celle du libéralisme achevé ! (note du 11 mai 2023)
A l'intention des militants de gauche qui n'ont pas renoncé à la classe ouvrière !
Que faudrait-il « cesser de faire » pour cesser de braquer d'emblée les ouvriers et pour avoir une petite chance d'être entendu par eux?
Cesser de participer à la lutte antiraciste bourgeoise
L’éradication du racisme passe obligatoirement par la construction du socialisme international, tandis que la dénonciation moralisatrice du racisme dans le cadre capitaliste ne fait que le renforcer et le diffuser dans de nouveaux peuples et de nouveaux groupes sociaux. L’antiracisme convenu et bien pensant de l'époque consiste à le dénoncer partout et tout le temps, sauf précisément où il se manifeste actuellement en réalité. En cette saison, c’est le racisme antirusse qui est encouragé dans tous les médias et par toute la classe politique, extrême-gauche comprise. Et sur la durée, les seules victimes de mépris raciste en définitive, ce sont les prolétaires exploités, quelque soit la couleur de leur peau, leur religion ou leur origine.
Cesser de prôner le féminisme bourgeois
Il ne sert qu’à offrir des places privilégiées à des femmes de pouvoir particulièrement perverses qui appartiennent à des réseaux bourgeois. Cesser de cautionner la délation et le lynchage moral pratiqué par le mouvement « Me Too » , comme si de mauvais procédés pouvaient servir une bonne cause. Le mouvement féministe américain a ainsi lâché la proie pour l'ombre, le droit à l'avortement pour les contorsions sémantiques.
Cesser de participer aux « marches des fiertés »
Le droit à différence étant un acquis, il faut cesser de suivre dans la rue et de conforter les surenchères des groupuscules prétendant représenter les minorités, sexuelles ou autre et qui confondent exhibitionnisme et liberté. Si tant est qu’on veut qu’il demeure un acquis.
Cesser de prêcher les théories du genre
C’est à dire cesser de déconstruire l’identité sexuelle et la polarité homme-femme qui structure matériellement et naturellement l’humanité (on remarquera que la nature qui est portée aux nues par le discours écologique est déconstruite et annihilée par les mêmes dans le domaine de l’humanité). Quand on permet à des enfants de dix ans de changer de sexe, comme le propose la "gauche" en Espagne, on est déjà sorti de l’humanité.
Cesser de ranimer les querelles de mémoire
La mémoire identitaire est nourrie de discours de ressentiment opposés qui se renforcent mutuellement, et qui sont en grande partie mythiques. Et s’ils ne sont pas inventés ça ne change rien : le culte mémoriel de la Shoah coupé de la connaissance du contexte historique n’a fait que renforcer l’antijudaïsme et l’antisémitisme partout.
Ne plus cautionner les illusions de la culture postmoderne
L’art et la culture du capitalisme à son nouvel age est une escroquerie, bonne à jeter à 100 % (et ironiquement, il le reconnaît lui même). Lorsque sur la bourse du travail d’une petite ville où l’on vient d’inaugurer un dispendieux centre d’art contemporain, où le tissu économique est sinistré et la pauvreté galopante, la CGT arbore pendant des mois le grand calicot « la culture en danger », on comprend d’un coup la déréliction où est tombée la classe ouvrière.
Remettre en question les ONG et leurs militants
Le militantisme associatif éthique ostentatoire des grandes ONG couvre tout le spectre moral qui va de la naïveté à l’hypocrisie en passant par le narcissisme, est l'alibi qui justifie les désengagements de l'État de la lutte contre la pauvreté, pour le développement, pour la maitrise de l'environnement, et se caractérise par sa stérilité politique, sa totale propension à se faire récupérer par les campagnes impérialistes, et ne sert finalement qu’à recycler les politiciens battus dans les urnes et à placer les enfants incompétents ou paresseux de la bourgeoisie.
Faire tomber du cocotier le syndicalisme étudiant et ses pratiques
Il ne sert absolument à rien à part à gêner par des parodies de mouvements sociaux les études des étudiants d'origine populaire, à fournir des cadres aux bureaucraties politiques de la gauche bourgeoise et à prôner les illusions sur la fin du travail. Sauf tout le respect dû aux étudiants, et aux lycéens, ceux qui n’ont pas encore d’expérience de la vie ne doivent pas s’imaginer pouvoir donner des leçons politiques au monde entier, s’ils veulent être respectés et pris au sérieux.
Cesser d’invoquer le réchauffement climatique chaque fois que le thermomètre dépasse 35 degrés.
Là non plus aucune action écologique globale et rationnelle ne sera menée avant que le socialisme n’ait pris le dessus sur le capitalisme au niveau mondial. Le battage impertinent sur le réchauffement ne sert qu'à justifier des politiques économiques anti-sociales, et vise à légitimer dans leur actions les groupes dirigeants de la société, comme le nationalisme autrefois.
Cesser le discours anti-policier
Cesser d'insulter la police en bloc à chaque bavure et d’accepter pendant ce temps là que les quartiers populaires se fassent gangrener infiltrer et dominer par les dealers dans la complète indifférence.
Cesser de défendre les sans papiers
Les ouvriers intégrés de toute origine ne les aiment pas, ils disent : « j’ai des papiers, alors pourquoi pas eux ? » et donc cesser d’encourager les migrations qui ruinent le Tiers Monde et la classe ouvrière. Il n’y a absolument rien de progressiste à aider les gens à venir se faire exploiter en Europe et à encourager de nouveaux candidats au mode de vie occidental à périr en mer ou sur les barbelés.
Il y a d’ailleurs une différence entre défendre des travailleurs sans papier qui exigent leur légalisation et qui font grève pour cela, ce qui peut être discuté, et faciliter l’entrée illégale de main d’œuvre comme le font les activistes gauchistes aux frontières avec leur arrogante bonne conscience.
Cesser de participer à l’Union sacrée autour du régime fasciste de Kiev
Ce n’est pas parce que les nazis ukrainiens entre deux assassinats sont volontiers gay friendly, philosémites, artistes postmodernes et vegans (au moins devant les caméras mainstream occidentales) qu’ils ne sont pas aussi des nazis et des criminels. La banalité du mal s’habille aujourd’hui en jaune et bleu. Quand la gauche s’aligne sur le bataillon Azov tous les repères sont perdus.
On pourrait penser que les soi-disant « antifas » seraient satisfaits de voir la Russie dénazifier l’Ukraine par l’action directe ; mais pas du tout ! Sans doute sont-il frustrés de ne pas pouvoir le faire eux-mêmes ?
On voit que pour régénérer la gauche ouvrière et révolutionnaire il faudrait la purger de bon nombre de ses militants actuels. Mais ça s’est déjà fait dans le passé. Et le retour du réel y pourvoira.
GQ 28 juin 2022, relu le 27 juillet 2023
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