L’esclavage des migrants africains est une « grande entreprise » en Libye grâce à un financement de l’UE — Nations unies
L’esclavage des migrants africains est une « grande entreprise » en Libye grâce à un financement de l’UE — Nations unies
ALEXANDRE RUBINSTEIN·17 AVRIL 2023
Une enquête menée par les Nations Unies a conclu que l’argent fourni par l’Union européenne à des entités étatiques en Libye a facilité des crimes contre l’humanité allant du travail forcé et de l’esclavage sexuel à la torture. Jusqu’à quand le peuple français se laissera-t-il gruger par ce double langage, celui qui d’un côté se fait complice de tous les crimes impérialistes et de l’autre joue les colombes, défenseur des droits de l’homme en tentant d’établir un signe d’égalité entre communisme et nazisme au moment même où est favorisé le retour en force du fascisme pour faire taire les peuples ? Le monde entier dénonce cette hypocrite exploitation par des criminels (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Grâce à son soutien financier aux garde-côtes libyens et à la Direction libyenne de lutte contre la migration illégale (DCIM), l’Union européenne a aidé et encouragé des crimes contre l’humanité, selon un récent rapport de l’ONU.
Le 27 mars 2023, les Nations Unies ont publié les conclusions d’une enquête de trois ans, confirmant que « la détention arbitraire, le meurtre, le viol, l’esclavage, l’esclavage sexuel, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées » sont devenus une « pratique répandue » dans la nation autrefois prospère de la Libye, qui a été plongée dans la guerre civile par la guerre de changement de régime de l’OTAN il y a plus de dix ans.
Alors que les crimes contre l’humanité se sont avérés répandus dans tout le pays, le rapport s’est concentré sur le sort des migrants et a accusé l’Union européenne d’avoir permis au gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli de commettre des abus contre les Africains demandeurs d’asile en Europe.
Le rapport a déclaré dans sa section introductive : « La Mission a constaté que des crimes contre l’humanité avaient été commis contre des migrants dans des lieux de détention placés sous le contrôle effectif ou nominal de la Direction libyenne de la lutte contre la migration illégale, des garde-côtes libyens et de l’appareil d’appui à la stabilité. Ces entités ont reçu un appui technique, logistique et financier de l’Union européenne et de ses États membres pour, entre autres, l’interception et le retour des migrants ».
En d’autres termes, plutôt que d’intercepter directement les migrants voyageant par bateau vers l’Europe, l’Union européenne a sous-traité le sale boulot aux garde-côtes libyens. Une fois que les garde-côtes détiennent les migrants, ils sont renvoyés en Libye et transférés dans des prisons officielles et secrètes où ils sont souvent exploités à des fins financières par le travail forcé, la rançon ou l’esclavage sexuel.
« Il y a des motifs raisonnables de croire que les migrants ont été réduits en esclavage dans les centres de détention de la Direction de la lutte contre la migration illégale », indique le rapport, ajoutant que le personnel et les responsables de la DCIM et des garde-côtes sont impliqués « à tous les niveaux » tandis que les hauts fonctionnaires « ont été de connivence » avec les trafiquants et les passeurs dans le contexte de la détention et de l’interception.
La Mission a également trouvé des motifs raisonnables de croire que les gardes avaient exigé et reçu un paiement pour la libération des migrants. La traite, l’esclavage, le travail forcé, l’emprisonnement, l’extorsion et la contrebande ont généré des revenus importants pour les individus, les groupes et les institutions de l’État », indique le rapport.
En 2017, les médias internationaux ont signalé la reprise de la traite des esclaves en Afrique en raison des retombées continues de l’opération de changement de régime soutenue par l’OTAN pour renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Les Nations unies ont maintenant confirmé que cette pratique non seulement persiste, mais qu’elle a été autorisée par l’UE.
« Le soutien apporté par l’UE aux garde-côtes libyens (…) a conduit à des violations de certains droits de l’homme », a déclaré Chaloka Beyani, enquêteur de l’ONU aux journalistes. « Il est également clair que la DCIM est responsable de multitudes de crimes contre l’humanité dans les centres de détention qu’elle dirige. Le soutien que leur a apporté l’UE a donc facilité cela. Bien que nous ne disions pas que l’UE et ses États membres ont commis ces crimes, le fait est que le soutien apporté a aidé et encouragé la commission de ces crimes. »
Selon un rapport de 2021 par la Brookings Institution, l’UE a acheminé 455 millions de dollars aux garde-côtes libyens et à d’autres agences gouvernementales depuis 2015.
Pendant ce temps, une enquête de The Outlaw Ocean Project et The New Yorker montre que l’argent de l’UE « paie tout, des bus qui transportent les migrants capturés en mer du port aux prisons aux sacs mortuaires utilisés pour les migrants qui périssent en mer ou pendant leur détention.
Selon leur enquête conjointe, la Direction libyenne de la lutte contre la migration illégale « a reçu 30 Toyota Land Cruisers spécialement modifiés pour intercepter les migrants dans le désert du sud de la Libye », tandis que l’argent de l’UE a également aidé DCIM à acheter « 10 bus pour expédier les migrants captifs dans les prisons après qu’ils ont été arrêtés ».
Le renversement violent du gouvernement de Kadhafi par l’OTAN et les bandes d’insurgés salafistes qu’elle a parrainés en 2011 a plongé la Libye dans un état de guerre civile, avec des pans entiers du pays rattrapés par Al-Qaïda et des bandits alignés sur l’EI. Alors que l’OTAN et ses mandataires djihadistes s’acharnaient sur lui, Kadhafi avertit que son éviction entraînerait la déstabilisation de régions entières du continent et une nouvelle crise migratoire pour l’Europe, la Méditerranée se transformant en une « mer de chaos ».
Le fils de Kadhafi, a également averti à l’époque : « La Libye pourrait devenir la Somalie de l’Afrique du Nord, de la Méditerranée. Vous verrez les pirates en Sicile, en Crète, à Lampedusa. Vous verrez des millions d’immigrants illégaux. La terreur sera à côté. »
L’enquêteur de l’ONU, le professeur Beyani, a blâmé la crise actuelle de la Libye comme une « compétition pour le pouvoir », faisant allusion au vide de pouvoir que l’Occident a créé en Libye avec sa guerre de changement de régime tout en évitant toute référence directe à celle-ci. Human Rights Watch s’est également éloigné de la discussion sur l’intervention de l’OTAN en 2011 dans sa couverture du rapport de l’ONU, qu’il a décrit comme « brutal et accablant. » Peut-être était-ce parce que son directeur de l’époque, Ken Roth, était un partisan prolifique de l’agression.
La transformation de la Libye en un enfer anarchique a considérablement réduit le risque que les candidats à l’immigration vers l’Europe soient détectés par les autorités de l’UE. Le rapport de l’ONU estime que plus de 670 000 migrants étaient présents en Libye pendant certaines parties de son enquête.
L’absence d’un gouvernement central fort et stable à Tripoli a permis à toute une industrie de se développer avec l’exploitation des migrants comme modèle économique. « La détention, la traite des migrants, est une grosse affaire en Libye. C’est un projet entrepreneurial », a déclaré Beyani à France 24 après la publication du rapport.
Alors que la Cour pénale internationale a inculpé le président russe Vladimir Poutine pour des allégations concoctées par
des chercheurs parrainés par le département d’État américain, le
nouveau rapport de l’ONU sur la Libye a été traité par les médias
américains et européens en grande partie comme une note de bas de page,
malgré le rôle de l’Occident en tant qu’architecte clé du cauchemar en
cours dans le pays.
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