La classe ouvrière et le pacte républicain face à l’arrogance de caste
Pour la France de Macron:
il est inacceptable que l’on viole “la
démocratie” au Niger, celle qui garantit à la France un uranium à un
prix dérisoie, mais il est tout à fait acceptable que celui qui «
soustrait » son uranium n’ait pas d’électricité chez lui. Moins de 20 %
de la population au Niger dispose de l’électricité. C’est dire ce qu’est
leur démocratie et le lâche consensus sur lequel il repose… ce
consensus, cette union sacrée autour de l’envoi d’armes pour l’OTAN.
Cette France-là est chassée d’Afrique, est méprisée de tous pour son impuissante vassalité, elle a trahi son peuple comme tous les autres peuples, son secteur manufacturier s’effondre et la bourse chute parce que leur démocratie n’est que tyrannie et que les capitaux fuient comme toujours.
Il y eut jadis d’autres voix rocailleuses qui tonnèrent à l’Assemblée
Nationale au nom de la classe ouvrière, Il interpellait malicieusement
Queuille en pleine guerre de Corée et lui disant : “taisez-vous
Correzien du Sud…” Ce qui ne manquait pas de sel quand on sait le
partage de la Corrèze entre ceux qui respectaient les maitres du château
et les rebelles…
ou encore s’adressant à l’Assemblée Nationale à
ceux qui par leur atlantisme trahissaient la France et qui pour masquer
leur trahison se déchaînaient en propos anticommunistes:
“Nous sommes
bien sûrs de valoir autant que vous et quand je dis autant je suis sûr
de ne pas exagérer… Vous parlez de démocratie pour masquer votre
arrogance de caste..” Ce discours de Jacques Duclos dont nous publions
ci-dessous des extraits a été prononcé alors que les événements se
précipitaient en Indochine “Ce qui se dégageait de la marche des
événements, c’était d’abord la volonté du gouvernement français
d’empêcher l’unité du Vietnam en maintenant la Cochinchine sous un
régime autonome et en recherchant d’autres partenaires que le camarade
Ho chi Minh” et Duclos ajoute “Ainsi, la IVe République allait
faire ses débuts avec à son flanc une situation en train de s’aggraver
en Indochine et qui devrait prendre peu à près un caractère d’extrême
gravité. On peut dire que la guerre d’Indochine qui a fait tant de mal
au peuple vietnamien et qui a été ruineuse pour notre pays a eu pour
cause la rapacité des colonialistes et le manque de courage et de
clairvoyance de dirigeants politiques qui se laissèrent manoeuvrer par
des personnages totalement imperméables à la compréhension de la volonté
de libération des peuples colonisés et figés dans l’attitude coloniale
la plus rétrograde et la plus stupide”. (1)
Un mot encore, je me suis toujours demandée pourquoi alors que la social démocratie avait toujours trahi partout, pourquoi non seulement Jaurès ne trahit pas, pourquoi dans la Commune de Paris viennent y compris des officiers qui refusent la défaite, je crois que c’est parce qu’il y a la Révolution française avec Robespierre, celui qui porte la République le plus loin, en faisant du peuple la boussole… le principe jacobin celui à partir duquel se dessinera la dictature du prolétariat.
Il suffit d’écouter ce discours de Duclos et le double contexte dans lequel il est prononcé à savoir au plan intérieur face aux manœuvres qui vont finir par détruire la IV république et qui – déjà sous la pression des Etats-Unis – vont évincer les communistes du gouvernement et à travers eux chasser la classe ouvrière le peuple français de l’exercice de la démocratie, ils n’entendent pas plus les peuples qui exigent souveraineté et libération internationale que chez eux celle du peuple. Ils baptisent démocratie ce qui n’est qu’une arrogance à courte vue de caste…
il est à noter que si on lit ce texte: Jaurès n’est pas le modèle offfert aux communistes, il est seulement la preuve qu’il existe dans notre pays des Républicains sincères avec qui on peut gouverner. Ce qui est aux antipodes de la manière dont on tente de transformer le parti de Maurice Thorez en parti de Jaurès et qui confirme le choix social démocrate qui alors peut se contenter du parlementarisme et d’un strapotin pour la classe ouvrière… Jaurès est un appel aux socialistes baptisés en l’occurence des “républicains sincères”
En revanche, oui le parti communiste français part de ses traditions héritées de la Révolution française et de son roman national pour donner à la classe ouvfrière son rôle émancipateur et souverain, patriote, du jacobinisme vers le socialisme qui a triomphé avec l’URSS et qui vient de ré-affirrmer son rôle dans la lutte contre le nazisme.
Le pacte républicain dont faisait état Jacques Duclos a été brisé :
chaque président de la Ve République a eu à cœur d’aggraver la facture
qu’il soit de droite ou de gauche, la part du patrimoine hérité est
remontée de 34% en 1970 à 60% aujourd’hui.
La moitié des Français
reçoivent moins de 70 000€ en héritage, mais les 0,1% les plus aisés
reçoivent au moins 12,5 millions, soit au minimum 180 fois plus. Le taux
d’épargne des 40% les moins aisés est inférieur à 5%. Ceux-là n’ont pas
le choix : ils consomment la quasi-totalité de leur revenu et subissent
de plein fouet l’inflation. Leur Europe est sans perspective autre que
celle de la mise en concurrence des forces de travail et la gloire des
marchés financiers et des marchands d’armes. La zone euro est entrée en
récession. Les salaires ne suivent pas l’inflation, d’où la contraction
de la consommation, et l’investissement (dont l’immobilier) est aussi en
berne. La guerre et le pillage néocolonial n’aide même plus à assurer
le dit pacte républicain, il est à la base d’un exode qui devient
seulement un argument sécuritaire. Le consensus qui tend à s’établir
autour de ce pillage et de l’UE en est de plus en plus infâme.
Quand le PCF revendiquait le pouvoir au nom de la classe ouvrière et dénonçait “leur” démocratie comme une arrogance de caste menant à la catastrophe …
“Nous avons conscience d’avoir autant de mérites, autant de droits que vous ; et quand je dis “autant”, je suis bien sûr de ne pas exagérer.
La classe ouvrière, dont nous avons conscience d’être les représentants essentiels, a fait son devoir, alors que les fausses élites sombraient dans la lâcheté et le déshonneur.
Cela on le reconnaissait hier : on l’oublie aujourd’hui. Pendant la clandestinité, un académicien, qui maintenant est de service au Figaro écrivait : la classe ouvrière seule, dans sa masse, aura été fidèle à la France profanée.”
Mais cet élan de sincérité hier est oublié aujourd’hui. Et l’on voit transparaître la haine de classe chez ceux-là même qui parlent d’amour pour cacher leur mépris du peuple et qui parlent de démocratie comme pour cacher un esprit de caste.
Ce qui reste, mesdames, messieurs, c’est que le parti qui représente la plus large fraction de la classe ouvrière est considéré comme un parti de seconde zone, et cela parce qu’il est représentatif de la classe ouvrière.
Les ouvriers, c’est bon pour produire, c’est bon pour se battre, c’est bon pour payer, c’est bon pour se faire tuer, mais ce n’est pas bon pour gouverner au même titre que les autres citoyens !
Les postes de premier plan sont interdits à une catégorie de Français. Le peuple servant de piédestal à une aristocratie méprisante et hautaine, voilà la philosophie politique que certains semblent vouloir faire triompher.
C’est ce qu’on a ressenti au cours des événements de ces derniers jours et l’on a la sensation de voir se dérouler ici des intrigues dont on a pas de mal à deviner qu’elles se nouent en dehors de l’enceinte du Palais Bourbon.
A côté des Républicains attachés à la démocratie et décidés à jouer le jeu parlementaire, il est des hommes qui ont associé leur destin moins peut-être au destin de la République qu’à un destin personnel. Et le plan de ces hommes est de discréditer la démocratie, dans l’espoir de frayer la voie à je ne sais quelle autre forme de pouvoir.
(…) On réfléchit aujourd’hui dans les usines, dans les mines, dans les chantiers, dans les boutiques, dans nos campagnes. On réfléchit à ce fait nouveau que, pour certains, la haine de classe prime l’intérêt de la patrie. Le peuple ne peut pas ne pas comprendre, devant l’interdit qui frappe le Parti communiste, que lorsque ces gens parlent d’union nationale, c’est simplement une comédie, ce n’est pas sincère.
La France veut aller de l’avant dans la voie du progrès. Elle ne veut pas que les conquêtes sociales de la dernière période soient remises en question. Elle ne veut pas que les nationalisations effectuées soient abolies pour le plus grand profit des puissances d’argent.
Elle ne veut pas que les forces d’obscurantisme reprennent le dessus.
Elle ne veut pas, la France, que plus de cent cinquante ans après la proclamation des droits de l’homme et du citoyen, on puisse établir chez nous des catégories entre Français et ériger en principe qu’aux hommes du peuple les fonctions supérieures sont à jamais interdites.
La France ne veut pas cela ! La France ne veut pas retourner aux mœurs féodales, au règne du bon plaisir et de l’arbitraire!
Nous sommes sûrs en défendant ces principes fondamentaux de la démocratie, d’être à l’unisson du pays républicain tout entier.
Nous représentons la partie la plus agissante la plus ardente de nos populations ; nous représentons les couches profondes de la nation dont Jaurès pouvait dire “qu’elles sont la vérité en mouvement, la vie elle même dans son évolution nécessaire”.
Le peuple de France ne permettra pas qu’on essaie de nous conduire à contresens de l’histoire et, avant de terminer, je veux faire appel à l’union de tous les Républicains que peu vent séparer des barrières de partis, mais qui doivent se retrouver unis pour assurer la marche paisible de la France vers l’affairmissement des institutions républicaines et pour barrer la route aux chercheurs d’aventurs quels qu’ils soient.
Jaurès que je me permets de citer disait :
“La société d’aujourd’hui est menacée par le retour offensif de toutes les forces du passé. C’est le devoir des socialistes, quand la liberté républicaine est en jeu, de marcher avec ceux qui ne veulent pas revenir en arrière”.
(1 ) Mémoires de Jacques Duclos. 1945-1952 ; p.169, 170, 171. Nous sommes dans le gouvernement provisoire de Léon Blum, mais la IVe République se met en place avec l’élection du président de la République par l’Assemblée nationale qui est fixée le 14 janvier 1947.
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