La guerre palestino-israélienne d’octobre 2023 expliquée à mes petits enfants.
Bien nommer les choses pour les bien comprendre et aider à construire de vrais et durables solutions. La Canaille toujours Rouge
Pour couper court à toute attaque de type « c’est un antisémite qui s’affiche ici » rappelons que celui qui signe ce message eut sa famille du côté maternelle de décimée, certains étant passés par la prison du Cherche Midi pour cause de communisme avant de rejoindre les autres à Pithiviers ou Beaune la Rolande puis ensemble ou séparément à Drancy pour sortir par les cheminées d’Auschwitz. Seule la capacité d’organisation et de solidarité de l’appareil clandestin du PCF, dont ses FTP-MOI, a permis à ma mère d’être une enfant cachée et me permettent de m’exprimer aujourd’hui.
Contrairement à ce que titre l’Humanité, sauf à entériner des décennies de pratiques colonialistes, il ne s’agit pas d’une « guerre ouverte entre Israël et Gaza » (le corps de l’article est heureusement moins déformant.), formule autant racoleuse que permettant de masquer des années de guerre impérialiste et ce colonialisme revendiqué par le pouvoir israelien. Laissons au « Parisien » son « insoutenable attaque » lui qui fait sa une des crottes de chien sur les trottoirs quand les gosses de Gaza meurent sous les balles des snipers ou les bombardements de l’aviation israélienne.
Avant de parler d’agression organisée par les organisations palestiniennes, fussent-elles caractérisées par une réelle obédience religieuse, n’est-il pas nécessaire de rappeler un certain nombre de faits qui parce que des faits sont têtus et sont ancrés dans la réalité historique ?
Toute personne n’ayant pas eu l’âge de raison en 1967 aurait bien du mal à se faire son opinion en n’en restant qu’à la lecture de cette presse édulcorant voir permettant la défense des causes impérialistes.
Dès la fondation et reconnaissance d’Israël comme État à dominante confessionnelle sur le territoire de la Palestine, un impérialisme théocratique s’est mis en marche laminant en interne la part laïque des fondateurs, dont certains s’auto-illusionnant et niant le caractère colonial de cette fondation.
Israël servira de tête de pont à toutes les entreprises colonialistes et impérialistes lancées dans la région pour contrer les mouvements de Libération nationale. En particulier avec un soutien matériel et idéologique fort de la France et la Grande-Bretagne qui implantent les « Frères Musulmans », racines historiques d’un fondamentalisme intégriste reproché aujourd’hui au Hamas qui en est l’héritier. Une stratégie engagée dès 1956 contre l’Egypte.
En Israël , pour se dépêtrer de l’OLP dirigé par Arafat, le gouvernement de Tel Aviv a joué alors la carte du Hamas pour semer la division au sein du peuple palestinien. Cela pour mettre en échec les décisions de l’accord d’Oslo qui reconnaissait internationalement les droits du peuple palestinien. Il y a tellement réussi que maintenant le Hamas, poussé par la situation de peuple bafoué concentré dans des camps de la misère, se retourne contre la main qui l’a nourri.
Parmi les survivants de ma famille maternelle, parce que leurs repères internationalistes et leurs valeurs antiracistes les structuraient, ils ont quasiment tous refusé l’aventurisme sioniste israélien et ont confirmé avec bien des débats parfois âpres et avec nuances les choix familiaux. Même si 1967 a été alors un instant de crise grave.
Une seconde phase directement liée à la situation que nous vivons aujourd’hui va naître de la décision unilatérale du gouvernement Ben Gourion de détourner les approvisionnements en eaux de la région pour assurer la productivité des terres agricoles exploitées par les Israéliens, terres dont les Palestiniens ont été expulsés. La place millénaro-historique économique et culturelle du fleuve va être un pilier d’une alliance des pays impactés par cette décision.
Petit rappel pour les uns, ou découverte pour les autres :
Lors de la création de l’Etat
d’Israël, le bassin du Jourdain est partagé entre quatre pays : Israël,
Jordanie, Syrie et Liban, auxquels il faut ajouter les territoires
palestiniens de Cisjordanie.
En 1959, Israël entame le chantier de
l’aqueduc national (national water carrier) pour détourner les eaux du
lac de Tibériade vers le reste de son territoire. En janvier 1965,
l’aqueduc est la cible du premier attentat du Fatah (organisation
luttant pour la libération de la Palestine) dirigé par Yasser Arafat.
À
partir de 1965, le Liban, la Jordanie et la Syrie amorcent, en réaction
au projet israélien, des travaux de détournement du Jourdain et de ses
affluents (Hasbani, Wazzani, Yarmouk), privant ainsi Israël d’une partie
de ses ressources. L’armée israélienne bombarde alors les
travaux syriens de détournement du Hasbani et du Banias dans le Golan,
et détruit les installations jordaniennes du canal
du Ghor occidental. En avril 1967, le seul barrage ouvrage, le barrage
Khaled ibn Al-Walid, en Syrie, est détruit par un bombardement
israélien .
Israël contrôle désormais 20 % de la rive nord
du Varmouk et occupe les hauteurs du Golan, contrôlant ainsi tous les
petits cours d’eau se jetant dans le lac de Tibériade. De plus,
l’occupation totale de la Cisjordanie permet de contrôler les
importantes nappes phréatiques.
Les Israéliens exploitent rapidement
les nouvelles ressources auxquelles ils ont accès. L’eau
du Golan représente près de 20 % de l’eau consommée en Israël. Par
ailleurs, dès 1955, entre un quart et un tiers de l’eau provenait de la
nappe du sud-ouest de la Cisjordanie. Aujourd’hui, les nappes de
Cisjordanie fournissent 475 millions de m³ d’eau à Israël, soit 25 à 30 %
de l’eau consommée dans le pays (et 50 % de son eau potable). On peut
dire que ce conflit n’est pas un conflit israélo-arabe, mais
l’engagement d’une guerre de l’eau dans le monde contemporain, les
questions religieuses servant à radicaliser les positions et à masquer
la nature impérialiste du conflit.
Cela va conduire à une montée des tensions où les solidarités diplomatiques et populaires vont en intensifier la dimension.
Suite
au blocus du détroit de Tiran par la marine égyptienne,
Israël déclenche le 10 juin 1967 ce qu’on appelle la guerre des 6 jours,
annexe le Sinaï la bande de Gaza la Cisjordanie et le plateau
du Golan. Le gouvernement d’Israël contre l’avis de l’ONU (Conseil de
Sécurité et assemblée générale) décide d’annexer les territoires occupés
et de s’assurer ainsi par la force la maîtrise de tout le réseau
hydraulique naturel de la région.
En octobre 2023, assiste-t-on à un envahissement d’Israël ou à une guerre de Libération ?
Aujourd’hui
du point de vue de ce droit international brandi en d’autres
circonstances contre les peuples d’Afrique ou d’Asie voire d’Europe pour
justifier les soutiens aux dictatures, Israël est une force terroriste
d’occupation illégitime. La question de l’eau étant un de
ses arguments pour la légitimer au nom de ses droits vitaux
À l’intérieur
de l’appareil d’Etat israélien, utilisons le terme puisque remis « au
goût du jour », la volonté de la coalition au pouvoir à Tel Aviv
d’organiser la spoliation et l’expulsion des populations historiquement
résidentes est affichée pour aboutir à une « purification ethnique »
revendiquée comme telle par les plus ultra de Tel-Aviv.
Les opposants, considérés comme traîtres
sont sous le coup des projets d’une réforme judiciaire et
constitutionnelle visant à les réduire de force au silence.
Côté
palestinien, que reste-t-il à un peuple face au blocus permanent, à la
négation des décisions de l’ONU, aux entraves à l’action humanitaire de
l’OMS et de l’Unicef , à la barbarie des bombardements des populations
civiles depuis des années ? Que le droit légitime à l’insurrection.
Qui
ira aujourd’hui reprocher au juifs de Pologne l’insurrection du ghetto
de Varsovie ? Qui reprochera aux survivants du génocide arménien, aux
guérilleros Espagnols d’avoir pris les armes contre le totalitarisme de
tous les fascismes ? Toujours les mêmes. Ceux qui stigmatisent les
patriotes de toutes les luttes anticoloniales, ceux dont les États du
détroit de Béring à la Patagonie ont offert refuge aux anciens SS et
dignitaires nazis, qui pour sauver les intérêts du Capital les ont aidés
à participer aux massacres de leurs propre peuples.
Donc soyons
clair. Il ne s’agit pas d’une agression terroriste façon
Al Al-Qaïda contre un état vertueux, mais bien d’une offensive d’un
peuple qui veut recouvrer ses droits, avec les organisations dont il
dispose, qu’on les apprécie ou pas. L’État et les populations ayant
accepté en violation des résolutions de l’ONU et confirmé la charge
colonialiste et ses pratiques comportant prise de risques et, de fait,
acceptation de leur part de responsabilité. Même quand il font fausse
route, passivement ou activement ce sont les peuples qui font
l’histoire.
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