Torture, attaques racistes, déplacements de population : la terreur coloniale frappe ailleurs qu’à Gaza Le Grand Soir
L’armée israélienne a tué plus de 8 000 personnes dans la bande de Gaza dont au moins 3 600 enfants en trois semaines. C’est le bilan épouvantable ce dimanche 29 octobre, auquel il faut ajouter près de 2 000 personnes portées disparues, Gaza manque de tout, et il est difficile de retrouver les personnes sous les décombres. Ces 10 000 morts et disparus ne sont malheureusement pas les seuls. La violence coloniale frappe aussi dans le reste de la Palestine occupée. En Cisjordanie, des déplacements de population, destructions de maisons, attaques racistes et meurtres ont lieu tous les jours depuis le 7 octobre.
Exécutions
Israël prétend lutter contre le Hamas. Mais en Cisjordanie, qui n’est pas sous contrôle du Hamas, 110 Palestiniens ont déjà été tués lors d’opérations de l’armée israélienne depuis trois semaines. La vidéo d’un adolescent de 15 ans, Taha Mahamid, exécuté dans le camp de Nur Shams alors qu’il sortait devant chez lui, a circulé sur les réseaux sociaux. Son père a également été abattu alors qu’il tentait de lui porter secours.
De nombreux tirs ont aussi eu lieu lors de manifestations palestiniennes dans les villes de Cisjordanie.
Les forces d’occupation israéliennes ont arrêté plus de 1 500 Palestiniens de Cisjordanie en trois semaines.
Déplacement de population
La colonisation s’accélère. Dans les territoires encore habités par des Palestiniens, les colons sionistes religieux profitent de la guerre pour voler plus de terre. Leur projet est messianique : pour eux, Dieu a donné Israël au peuple juif, et il faut en chasser tous les non-juifs.
Ces groupes sont soutenus par le gouvernement. L’ONG israélienne de défense des droits humains “ Yesh Din ” recense plus de « 100 incidents » dans 62 villes et villages causés par des colons, qui ont attaqué des Palestiniens entre le 7 et le 22 octobre. « Les colons israéliens ont tué au moins six Palestiniens à balles réelles, chassé les communautés de bergers de leurs terres, incendié des maisons et des véhicules, déraciné des arbres et détruit des propriétés » explique l’ONG. Ces crimes ont souvent lieu en présence de l’armée régulière.
Au sud de Naplouse, des colons israéliens ont tendu une embuscade à un groupe de paysans palestiniens qui récoltaient des olives sur leurs terrains privés à Al-Saauiya. Un homme de 40 ans, Bilal Saleh, a été retrouvé mort sous un olivier. Dans la même zone, des maisons palestiniennes sont détruites au bulldozer ou vandalisées.
Le Monde raconte la déportation de communautés de bédouins palestiniens dans les collines. Les colons les chassent pour grignoter plus de terrain. « La première communauté avait été chassée dès l’été 2022. Cinq autres ont suivi, durant l’été, puis après l’attaque du Hamas ». Ces actes ont lieu dans « des régions reculées, difficilement accessibles et contrôlées par l’armée israélienne ». Depuis le 7 octobre « 545 personnes issues de 13 communautés d’éleveurs bédouins ont été contraintes au départ », sous la menace des armes. Les israéliens ont aussi rasé des maisons, détruit des équipements appartenant aux palestiniens.
Torture
Le journal israélien Haaretz racontait le 21 octobre une scène de torture commise par des colons et des soldats sur des palestiniens. À Wadi as-Seeq en Cisjordanie, « les abus ont duré presque une journée entière. Des soldats et des colons ont arrêté et menotté trois Palestiniens pendant des heures, ils ont été sévèrement battus, déshabillés et photographiés menottés, en sous-vêtements. Leurs ravisseurs ont uriné sur deux d’entre eux et éteint des cigarettes allumées sur eux. » Ils ont aussi tenté de les violer avec des bâtons. Des militants pacifistes israéliens venus s’opposer à ces actes ont aussi été violentés et humiliés. Des images ont été diffusées par les tortionnaires.
Guerre Sainte
Netanyahou continue ses références religieuses pour justifier le massacre des palestiniens : « Vous devez vous rappeler ce qu’Amalek vous a fait, dit notre Sainte Bible ». Dans l’Ancien Testament, Amalek est une ennemi des juifs, il agresse les Enfants d’Israël et est ensuite vaincu par eux. C’est une figure biblique d’ennemi absolu.
Dans le même temps, l’accès des musulmans à la mosquée Al-Aqsa, lieu Saint de l’Islam situé à Jérusalem, a été empêché par la police israélienne mardi dernier. Ces dernières années, des affrontements récurrents ont lieu devant et dans cette mosquée. En avril, la police israélienne avait tiré des grenades et des balles en caoutchouc dans la mosquée, sur les fidèles. Les plus radicaux des extrémistes juifs voudraient raser cette mosquée pour y reconstruire le Temple de la Bible.
Racisme
Samedi 28 octobre dans la ville de Netanya, des dizaines d’étudiants arabes se sont cloîtrés dans leur établissement scolaire pour éviter d’être lynchés. Des centaines de militants juifs d’extrême droite ont tenté de forcer les entrées en criant « mort aux Arabes ».
Des attaques racistes ont lieu régulièrement depuis le 7 octobre, contre les arabes vivant en Israël. Des étudiants et des employés arabes israéliens sont sanctionnés, suspendus ou renvoyés, et restent enfermés chez eux, accusés d’être une Cinquième Colonne aux ordres du Hamas.
Le ministre d’extrême droite Ben Gvir distribue des armes aux colons et habitants des « zones mixtes » peuplées d’Arabes et de Juifs, afin d’attiser les tensions entre communautés et permettre des massacres.
Un chaîne de télévision israélienne dresse un décompte en direct des morts à Gaza sous le titre « les terroristes que nous avons éliminés ». Elle propose également une diffusion en direct des bombardements sur Gaza.
Terreur
Le journaliste israélien Samuel Frey vit lui aussi dans la terreur. Il est menacé de mort par l’extrême droite en raison de ses interventions en faveur du peuple palestinien. Comme il avait parlé d’empathie envers les victimes de Gaza et de la Cisjordanie, son appartement a été attaqué par des militants extrémistes sionistes qui ont tiré des feux d’artifice et tenté d’incendier son logement où se trouvait sa famille. Il dit avoir peur pour sa vie, comme de nombreux défenseurs des droits humains israéliens.
Des bulldozers israéliens ont détruit, vendredi, le mémorial de la défunte journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, à l’entrée du camp de réfugiés de Jénine.
Militarisme, racisme, déplacements de population, opérations de terreur contre la gauche : nos yeux sont rivés sur Gaza, mais c’est toute une société « moderne » et « démocratique » soutenue par l’occident qui bascule dans le fascisme sous nos yeux.
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