mardi 12 décembre 2023

LE SOCIALISME A L’HORIZON

À l’heure où la crise mondiale s’aggrave et où de plus en plus de voix réaffirment que le capitalisme fauteur de guerre n’est pas notre avenir, il convient de reprendre le débat que le congrès a décidé d’ouvrir sur le projet alternatif à porter auprès de la population. Ce texte est initié par des membres du parti communiste et de la jeunesse communiste. Il est particulièrement bienvenu pour donner de la force à la liste de assemblement menée par le candidat communiste Léon Deffontaines et il justifie l’engagement que certains membres de ce blog ont pris de soutenir cette liste. Mais on conçoit aisément qu’une telle prise de position dépasse le cadre de cette élection et suppose une réflexion sur le parti qu’il faut pour avancer vers un tel projet et que l’engagement pris ici se situe lui aussi dans cette élection et au-delà. Aujourd’hui nous insistons sur la manière dont le capitalisme aliène les individus, en les isolant, et en leur interdisant de ce fait les chemins de leur libération autant en tant que classe, exploités, humiliés qu’en tant d’individus. S’engager dans une action collective sans attendre qu’elle en soit au stade idéal et idéalisé, est une nécessité urgente. (note de Danielle Bleitrach pou histoire et societe)

Lien vers l’original :

https://socialisme.blog/Le-socialisme-a-l-horizon

 Ce texte vise à contribuer à la préparation des prochaines élections au Parlement de l’UE et . Il s’efforce de resituer les travaux menés jusqu’ici par le parti dans le nouveau contexte international en proposant un perspective globale, à l’horizon d’une génération. Il reprend des axes fondamentaux de notre travail autour de la question de la souveraineté, de la paix, des pôles publics, du la planification de la transition climatique et industrielle.

La société des jours heureux n’est pas seulement un programme à défendre mais un projet de société à bâtir.

Les traités de l’Union européenne sont conçus comme un carcan à tout projet d’émancipation.

Le choix de conduire une liste autonome aux prochaines élections européennes impose d’affronter cette question.

Le congrès a décidé d’instruire un grand débat sur la manière de qualifier cette société alternative. Pour certains dont nous sommes, l’idée d’un socialisme d’un type nouveau mérite d’être travaillée. L’organisation de jeunesse du mouvement communiste a déjà tranché en ce sens initiant par là-même un travail de réflexion.

Les signataires de cette tribune font leur cette démarche. Ils affirment que la force qui est la nôtre est celle du collectif, de la culture du débat et de l’élaboration partagée.

Nous proposons que l’élaboration de notre projet pour l’échéance européenne soit une étape dans cette démarche. Dans les cellules, les sections, les fédérations et jusqu’au Conseil national, des moments de débats sont nécessaires ainsi qu’un espace national de contributions.

Le texte joint à notre tribune se veut une première contribution à ce débat. Construit collectivement, il donne des points de repères fruits d’expériences plurielles. Dans cet esprit, il ne préjuge pas de la conclusion du débat mais ouvre des pistes de réflexion et appelle à des réponses. Dans cet esprit, nous invitons à prendre connaissance du texte de contribution joint. Chacun peut s’y joindre, l’utiliser pour permettre le débat…

José Ardura (90), Isabelle d’Aubuisson (91), Stephane Baillanger (33), Luc Basin (26), Pablo Biancarelli (84), Jean-Pierre Bouilloux (01), Gauthier Bouviala (81), Victor Blanc, Pierre Boufflers (62), Pascal Brula (69), Robert Brun (26), Marie-Christine Burricand (69), Michèle Carbonnier (62), Léo Carrier (91), Cedric Cauchetier (51), Fanny Chartier (75), Dany Nadia Chevalier (26), Jean-Pierre Cognard (26), Hélène Cogez (91), Nicolas Cossange (34) Alec Desbordes (75), Maeva Durand (94), Walid El Mghari (81), Esteban Evrard (62), Bernard Gilleron (59), Clara Gimenez (34), Enki Goulier (69), Gilles Gourlot (93), Kevin Guillas Cavan (75), Antoine Hamria (92), Michaële Lafontant (92), Thomas Lassalle (40), Fabienne Lefebvre (94), Jean-Claude Delaunay (94), Jean-Paul Legrand (81), Valentin Lemaire-De Simone (75) Anna Leva (51), Anne Manauthon (06), Jules Margotin (91), Franck Marsal (33), Jean Pierre Meyer (83), Pierre-Alain Millet (69), Arlette Moitié (33), Leila Moussavian Huppé (33), Willy Pepeljnak (38), Marc Petronelli (25), Michèle Picard (69), Camille Pinet (84), Hervé Poly (62), Thierry Racinet (26), Alexandre Rault (56), Gilbert Rémond (69), Isabelle Rocher (26), Benoit Roger (62), Henri Rossetti (26), Flavien Ronteix-Jacquet (31), Laurent Santoire (91), Tibor Sarcey (75), Igor Segouffin (31), Stephanie Segouffin (31), Fabrice Selingant (45), Maurice Sertorio (26), Raphael Steiger (51), Nicolas Stienne (93), Pierre Thiou (29), Danielle Trannoy (33), Julien Tremel (29), Serge Truscello (69).

Point sémantique : Dans le présent texte, le terme « Europe » se réfère au sous-continent européen au sens géographique ; l’expression ’pays européens’ renvoie aux pays ayant au moins une partie de leur territoire en Europe, incluant donc la Russie et la Turquie. L’Union Européenne est reprise sous le signe « UE » et les pays membres sous l’appellation « pays de l’UE ».

Sens de ce texte : Ce texte vise à contribuer à la préparation des prochaines élections au Parlement de l’UE. Il s’efforce de resituer les travaux menés jusqu’ici par le parti dans le nouveau contexte international en proposant un perspective globale, à l’horizon d’une génération. Il reprend des axes fondamentaux de notre travail autour de la question de la souveraineté, de la paix, des pôles publics, de la planification de la transition climatique et industrielle.

Après une longue phase de réaction …

Depuis la seconde guerre mondiale, les USA ont dominé la production industrielle, le commerce international, la production et le raffinage pétrolier (meilleure source d’énergie disponible), les technologies de pointe, et une bonne partie de la production culturelle et scientifique. Partant de cette position, ils ont rapidement mis la main sur les outils de contrôle financier, monétaire et politique de l’économie mondiale, imposant un nouveau régime impérialiste au monde capitaliste.

A ce moment, les USA ont été en situation d’exercer un contrôle global sur les flux de profit et d’accumulation du capital. Les étapes ultérieures de ces développements ont correspondu avec les crises successives d’accumulation capitaliste, en premier lieu avec la première grande crise générale de suraccumulation de l’après guerre qui a commencé à la fin des années 1960. Ces crises successives ont poussé la puissance capitaliste dominante à chercher des solutions diverses qui se sont rassemblées sous l’appellation de « néo-libéralisme » : dérégulation, libre circulation des capitaux et généralisation de l’évasion fiscale, financiarisation, ouverture des marchés, externalisation de la production industrielle vers des pays sans protection sociale, à faible monnaie et bas prix de la force de travail.

Ces différentes solutions ont conduit à une restriction générale de la souveraineté des états, soumis aux exigences des capitaux portées à la fois par la structure de la sphère financière et monétaire et par l’appareil impérialiste des USA et leurs relais officiels ou officieux. Ce processus a été grandement renforcé par la disparition de l’Union Soviétique qui constituait le principal contrepoids à la puissance états-unienne dans les relations mondiales.

Les anciennes colonies et semi-colonies de l’Occident avaient conquis une indépendance formelle dans la période 1945 / 1975 pour l’essentiel. Cependant, pour la plupart d’entre elles, la domination coloniale directe avait simplement été remplacée par une domination néo-coloniale masquée. S’en est suivi pour ces pays une longue phase de développement empêché, de quasi-stagnation économique et d’exclusion du monde développé. Maintenus à la périphérie du système productif mondial, la plupart de ces pays n’ont pas accédé aux infrastructures productives nécessaires à leur développement. La libre circulation des capitaux, la domination monétaire et l’ouverture des marchés ont laminé les premiers pas réalisés par ces pays dans la voie du développement notamment sous la forme catastrophique des « Plans d’Ajustement Structurel » du FMI.

Cette réduction de la souveraineté des Etats a également atteint les pays capitalistes développés et a également conduit à des régressions catastrophiques : chômage et réapparition de la pauvreté de masse, désindustrialisation et liquidation des services publics, montée de la réaction et du fascisme.

… une situation mondiale radicalement nouvelle

L’affaiblissement de la souveraineté des Etats et la force du contrôle financier et monétaire ont empêché, durant des décennies, la formulation d’une perspective alternative concrète. Cependant, après une longue évolution, l’ascension de la Chine suivie par d’autres grands pays du « Sud global » a ouvert de nouvelles perspectives. Les points de domination états-uniens sont aujourd’hui étiolés ou menacés. La Chine domine désormais la production industrielle dans de nombreux secteurs. Elle dispose d’une capacité scientifique et technologique de 1er plan. Elle est la deuxième économie du monde et le principal partenaire commercial de la plupart des pays. Elle dispose ainsi depuis de nombreuses années d’excédents commerciaux et de réserves monétaires qui lui permettent de contrebalancer la position états-unienne. Elle peut proposer à de nombreux pays un autre système avec une véritable alternative aux capitaux états-uniens et au dollar. Elle peut leur ré-ouvrir la voie du développement des forces productives.

D’autres grands pays ont commencé à poser les jalons d’un développement conséquent et nouent aujourd’hui, notamment au sein des BRICS (l’alliance initialement créée par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud). Cette alliance s’est récemment élargie à 6 nouveaux pays et est en position de contester frontalement les rapports mondiaux et de les modifier radicalement.

La crise du capitalisme US – UE est de ce fait privée de solutions et resurgit aggravée et élargie.

C’est pourquoi le monde est désormais entré dans une période de changements accélérés. Après une longue évolution du système productif mondial, ces changements sont en train désormais de bouleverser complètement les rapports internationaux et, en particulier, la domination impérialiste états-unienne. De nouvelles perspectives s’ouvrent. Les pays du « Sud global » relèvent la tête et sont en situation de se battre pour réaliser leur développement économique et social tant attendu.

L’affaiblissement de l’impérialisme et les fractures internationales ouvrent des potentialités nouvelles.

Les bourgeoisies mondiales, notamment celles qui avaient le plus profité de cette période de réaction ont parfaitement compris la situation. Elles résistent pied à pied, par tous les moyens à leur disposition et quitte à piétiner les principes dont elles avaient fait leur raison d’être, comme la liberté du commerce pour défendre leurs privilèges. Quitte aussi à écraser les plus faibles pour sauver les plus forts.

L’Europe, à nouveau divisée, est dans l’impasse :

Dans ce contexte, l’intervention militaire de la Russie en Ukraine a été le catalyseur qui a accéléré la polarisation des lignes de tensions internationales. Elle-même est la conséquence de la pression exercée par l’Occident (l’OTAN) et les USA à travers le coup d’état du Maïdan en 2014, qui visait à arrimer l’Ukraine au camp occidental. Cet expansionnisme est lui-même lié à la crise non résolue du capitalisme contemporain et au besoin en résultant de circonscrire la souveraineté d’un nombre croissant d’Etats.

En Europe (continent européen), des changements radicaux sont apparus après le début de l’intervention militaire russe sur le territoire ukrainien. Après des années de fluctuation, les relations entre la Russie et la Biélorussie d’une part, les pays de l’UE, la Grande-Bretagne et les USA d’autre part se sont réduites à un niveau jamais atteint pendant la guerre froide. Une grande vague de militarisation parcourt le continent.

Les USA ont encerclé les pays de l’UE dans un véritable mâchoire stratégique : les pays de l’UE n’ont que peu de ressources, notamment énergétiques. Ils sont dépendants d’approvisionnement pétroliers et gaziers extérieurs. Le gaz russe, une des sources d’énergie bon marché dont bénéficiait l’économie de l’UE passait par trois itinéraires possibles : les gazoducs NorthStream 1 & 2, sous la Baltique, ont été détruits. Les deux autres itinéraires passent l’un par la Pologne, l’autre par l’Ukraine, deux pays très proches (voire satellites) des USA. Par leurs alliés, les USA disposent donc du principal robinet énergétique de l’économie de l’UE. Par la pression médiatique et diplomatique, ils ont même convaincu l’UE de renoncer à une large partie des approvisionnements pétroliers directs venant de Russie, obligeant les pays de l’UE à acheter en Inde le pétrole russe, ré- étiqueté après raffinage et plus cher.

Cette situation a également produit un changement de nature des institutions de l’UE. Celle-ci devient ouvertement un centre support de l’OTAN et de la politique états-unienne, sur laquelle elle est totalement alignée. La Suède et la Finlande, jusqu’ici officiellement neutres, ont engagé le processus d’adhésion à l’OTAN. La Pologne, alliée privilégiée des USA en Europe, s’est engagée dans un processus de militarisation accélérée qui modifie les équilibres géopolitiques du continent et peut provoquer de nouveaux conflits. Une pression accrue est désormais exercée sur les Etats de l’UE pour bloquer leurs relations avec la Chine.

En même temps, ce changement est en train de faire mûrir une crise économique et sociale majeure au sein de l’UE, une perte de compétitivité que se traduit déjà par une fragilisation du tissu productif et un appauvrissement massif. Surtout, la politique de l’UE paraît désormais sans perspective. La fuite en avant néo-libérale épuise les ressources fondamentales accumulées durant la reconstruction d’après-guerre. La position générale est de continuer à faire ce qui ne marche pas, mais même la conviction des néo-libéraux les plus acharnés s’émousse.

Le verrou de la politique impérialiste peut être levé :

Cette situation est lourde de dangers, mais elle est aussi porteuse de nouvelles perspectives pour les classes travailleuses du monde. Depuis environ 50 ans, la domination états-unienne et des grandes bourgeoisies sur le monde a constitué des barrières majeures sur la voie de l’émancipation populaire. Les expériences socialistes ont été combattues avec cynisme et acharnement. Les idéaux communistes ont été vilipendés et diffamés. L’histoire a été travestie. Toute tentative de changement a dû faire face non seulement aux menaces et au chantage, mais surtout à l’isolement du marché mondial et à l’étouffement économique à une échelle jamais vue. Cuba, qui résiste, en est encore le témoin.

Pour tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, la politique néo-libérale est désormais synonyme de misère, de régression et de chaos.

En revanche, l’émergence de nouveaux rapports internationaux, la croissance de la Chine et sa politique d’investissements (BRI : Belt and Road Initiative), fondée sur la construction des infrastructures clés et la libération des forces productives ouvre la possibilité d’une autre voie, souveraine vers le développement et la résolution des crises. Elle permet d’envisager d’en finir au niveau mondial avec le néo-colonialisme et le néo-libéralisme.

La crise cumulative du capitalisme et de l’impérialisme mobilise progressivement des forces de changement d’une ampleur nouvelle. Une solution salvatrice pour l’humanité devient possible, un socialisme de deuxième génération, seul capable de résoudre les contradictions actuelles. Cela rend possible l’émergence d’une prise de conscience des classes travailleuses. Une nouvelle phase est en train de se ré-ouvrir : la perspective de la socialisation et la transition des classes travailleuses de classes en soi vers classes pour soi.

Seule la perspective du socialisme peut résoudre les défis de notre époque :

Cette perspective d’une nouvelle étape socialiste devient non seulement possible, elle devient nécessaire et urgente. Tous les travaux convergent pour constater que les Etats capitalistes piétinent sur la réduction des émissions de CO² et qu’une catastrophe de grande ampleur menace désormais notre civilisation humaine. En même temps, émerge dans le débat international la perspective d’une communauté de destin pour l’humanité.

La réponse à la crise du CO² nécessite au moins six éléments clés que seule une perspective socialiste peut correctement dessiner :

  • une planification supervisant l’ensemble des grands choix économiques et industriels, dégagée de la logique de rentabilité de court terme exigée par le capital ;
  • d’immenses investissements de très long terme, incompatibles avec la recherche capitaliste du profit ;
  • un développement massif de nouveaux services publics, hors de la logique du marché ;
  • la mobilisation de toutes les couches de la société ;
  • l’arrêt de la militarisation et des conflits pour mobiliser tous les moyens disponibles dans l’effort collectif ;
  • un codéveloppement Sud – Nord fondé sur le libre accès aux savoir-faire et le partage des ressources.

La crise climatique n’est pas le seul défi auquel l’humanité est confrontée :

  • Le défi de la paix et du désarmement mondial, avant qu’une catastrophe n’arrive ;
  • Le défi du développement pour donner à chaque enfant, où qu’il naisse, l’accès à la santé, au savoir, à l’éducation, à la culture et à une vie décente ;
  • Le défi des migrations pour faire en sorte qu’on ne soit plus contraint de quitter son pays, mais simplement libre de le faire ;

Seule une perspective d’une transition à l’horizon d’une génération vers une société socialiste permet de sortir du vide de la pensée dominante et d’envisager une solution aux défis de notre époque historique, de mobiliser largement les classes travailleuses, de ré-ouvrir un avenir positif pour l’humanité (les « jours heureux ») et de trouver la paix et l’harmonie, tant au sein des sociétés humaines que dans leurs rapports avec la nature.

Qu’est-ce qu’un socialisme de nouvelle (2ème) génération ?

Au vingtième siècle, au moins une douzaine de pays ont mis en place des sociétés socialistes, sur plusieurs continents. Tous ces pays sont partis d’une économie capitaliste très peu développée, souvent arriérée, parfois marquée par la colonisation ou des formes de néo-colonialisme. Malgré leur diversité historique et géographique, ils ont un certain nombre de traits communs, de réussites communes (notamment dans l’éducation, la santé, le développement, la paix, l’internationalisme, la culture, la réduction des inégalités), mais aussi d’échecs ou de difficultés semblables (notamment, à l’exception de la Chine et du Vietnam aujourd’hui, le dynamisme économique et, à l’exception de Cuba, la vitalité démocratique). Ils correspondent à une époque historique. Ils sont une source d’enseignement, d’expérience pratique. Ils ont fait l’objet d’une bataille idéologique intense pour les dénigrer et les criminaliser qui a conduit à ce qu’une partie de la population le rejette sous le couvert du concept idéologique de totalitarisme. Il est temps d’entrer dans une phase de bilan objectif de ces étapes et moment historiques, passés ou existants.

Les pays développés n’offrent pas d’exemple de société socialiste, mais des institutions portées ou initiées par les partis communistes et socialistes peuvent être également sources d’exemples (pour la France par exemple la Sécurité sociale, telle que portée par Ambroise Croizat, ou EDF tel que fondé par Marcel Paul).

Pourquoi pouvons-nous et devons-nous envisager aujourd’hui un socialisme de nouvelle génération ?

  • Depuis la première génération d’états socialistes, le monde a considérablement évolué. La population humaine a grandi dans des proportions inouïes et la classe travailleuse également. Selon la banque mondiale, la population active mondiale est de 3,4 milliards de personnes en 2021, Elle n’était que de 2,3 milliards de personnes, en 1990, soit une progression de plus d’un milliard de personnes en 30 ans. C’est considérable. En 1950, la population active mondiale n’était « que » de 1,1 milliards de personnes. Les forces productives se sont également développées. La production mondiale d’électricité est passée de 15 000 Térawatt/heures en 2000 à 27 000 TWh en 2020, alors qu’elle n’était que d’environ 1 000 TWh en 1950. Le nombre mondial d’utilisateurs d’internet a doublé au cours des 7 dernières années pour atteindre 5,4 milliards de personnes.
  • Dans le monde actuel, une société socialiste ne peut s’édifier de manière isolée, comme ce fut le cas au 20ème siècle (par force) mais dans une inter-relation économique et industrielles mondiale. C’est donc (comme l’a expérimenté la Chine) une économie socialiste de marché, et non une économie de type socialiste étatique qui seront établies dans un premier temps. Les formes économiques socialistes (propriété collective des moyens de production, distribution centralisée et équitable) cohabiteront avec des formes capitalistes (propriété privée, distribution par le marché) pendant une période de dépassement progressif des secondes par les premières. Sur le plan des formes politiques, nous disposons désormais également d’expériences de formes démocratiques avancées et ouvertes (Cuba qui vient de voter un code de la famille le plus plus avancé du monde selon une procédure démocratique exemplaire ; Chine) pour de futurs états socialistes.
  • Les moyens techniques actuels rendent possible la planification globale du pilotage de l’économie et de la production que les défis écologiques et de développement mondial rendent nécessaires. Ils permettent également d’intégrer sans contrainte excessives, des formes individuelles et privées de production, des mécanismes de marchés pour rendre cette planification globale compatible avec une liberté économique individuelle.

Cadre et positionnement général :

Le socialisme est le cap qui nous permet de répondre aux défis actuels et d’avancer vers la société communiste. Formuler cette perspective nous permet d’identifier les priorités actuelles, qui consistent à créer les conditions nécessaires à l’établissement futur de sociétés socialistes en Europe et dans le monde.

Le cadre général dans lequel nous pouvons agir, mobiliser reste prioritairement la nation. C’est le cadre historique, social et culturel de la souveraineté populaire. C’est dans ce cadre que doit d’abord être établi un rapport de force de classes suffisant. Ce n’est que sur cette base, réalisée si possible dans plusieurs nations, que des changements pourront être obtenus au niveau européen.

Par ailleurs, les tensions internationales et les conséquences de la guerre posent aujourd’hui la question de la survie de l’UE.

Nous présenter aux élections au parlement de l’UE est important pour :

  • faire connaître et faire converger nos idées entre pays,
  • interpeller les gouvernements et les responsables politiques,
  • appuyer nos mobilisations respectives les unes sur les autres,
  • contribuer au développement des forces communistes et ouvrières dans tous les pays,
  • fédérer et organiser ces forces au sein du Parti, outil démocratique essentiel pour une transformation révolutionnaire de la société toute entière.

Mais nous ne pouvons pas nous limiter au périmètre de l’UE. Il existe déjà une rencontre régulière des partis communistes et ouvriers au niveau international. Il est important d’œuvrer à ce que se constitue un cadre spécifique entre ces partis sur le périmètre de l’Europe.

Nous proposons à ce titre la réalisation d’une revue internationale partagée (papier ou en ligne), polyglotte (4 ou 5 langues, plus si possible), impliquant un nombre significatif de partis communistes et ouvriers d’Europe, représentatifs de la diversité culturelle, historique et politique de notre continent comme premier cadre de discussion collectif continental.

Ce positionnement doit nous permettre de préciser et de rendre plus concrète notre spécificité sur le champ politique.

Construire de nouveaux cadres de coopération multilatéraux pour rendre caduques les traités

L’Union Européenne se trouve aujourd’hui en zone de grande fragilité économique, stratégique, industrielle, sociale et politique. Les désaccords s’accumulent. L’Euro, monnaie unique de la plupart des pays de l’UE n’a pas permis pour l’instant de se protéger de la hausse des taux pratiquée par la banque centrale états-unienne, et cela menace d’une grave récession.

Après 70 ans environ de soi-disant « construction européenne », il est temps d’établir un bilan.

L’UE devait garantir la paix, la démocratie et la prospérité. Elle est aujourd’hui un facteur de guerre, de grande pauvreté, de destruction des acquis sociaux. Elle est l’outil essentiel de retrait de la souveraineté, une camisole de force sur les choix démocratiques. Elle préside à la désindustrialisation massive et sombre dans la crise économique. L’euro devait nous protéger et nous libérer de la domination du dollar. En réalité, il nous soumet à la politique décidée à Washington et New York.

Cela crée une situation inédite, complexe et très dangereuse : Il n’existe aucune option juridique pour changer radicalement une politique qui ne fonctionne pas et qui menace une partie du continent d’un grave chaos.

  • Quitter l’UE individuellement nécessite un processus d’au moins 5 années, comme la montré l’exemple britannique (et encore, la Grande Bretagne est insulaire et n’avait pas adopté l’euro). En cas de départ conflictuel, il existe des possibilités énormes de chantage à l’égard du pays qui souhaite sortir.
  • Réécrire les traités nécessite l’unanimité des pays concernés. Cela pose un grave problème
    démocratique et un grave problème pratique.

La nécessité fait toujours son chemin. Mais il est difficile de connaître à l’avance les détours exacts que ce chemin peut prendre.

La position historique du Parti doit être maintenue : il faut sortir des traités que nous n’avons jamais soutenus. Il faut dénoncer radicalement la démarche et la méthode de fonctionnement de l’UE et son élargissement. Il faut bâtir une Europe de coopération librement consentie et réversible, entre nations souveraines et peuples associés.

Mais nous pouvons aller plus loin aujourd’hui. Car les BRICS aujourd’hui montrent une autre voie. Ils ouvrent la possibilité d’une véritable alternative à l’hégémonie monétaire états-unienne sans perte de souveraineté, mais au contraire dans la reconquête de celle-ci par l’établissement de mécanismes monétaires, financiers et commerciaux ouverts et équitables.

Le choix n’est plus entre l’acceptation des traités et le repli national. Le choix est entre deux systèmes de relations internationales. D’un côté, une UE repliée sur elle-même, inféodée aux USA et verrouillée par les traités. De l’autre, un système multipolaire de relations internationales basé sur le respect de la souveraineté, le multilatéralisme et le développement.

Même si nous ne pouvons pas formuler de mécanisme institutionnel précis pour y parvenir, nous devons clarifier la direction de sortie de crise. Nous devons nous prononcer pour la voie du multilatéralisme, de la construction d’institutions mondiales de régulation et de coopération, autour du cadre de l’ONU, sur des bases équitables et ouvertes, sans hégémonie d’aucune sorte.

Le continent européen doit sortir de la crise et de la division et bâtir des institutions ouvertes, équitables et également respectueuses et garantes de la souveraineté de chaque État.

Pour cela, il faut réaffirmer la primauté du droit national. La souveraineté n’est pas un obstacle. Elle est au contraire le moyen indispensable pour bâtir ces nouveaux cadres internationaux.

Dans la prochaine élection européenne, nous pouvons développer ce positionnement autour de 5 axes majeurs :

Axe n° 1 : Pour l’internationalisme de classe, au service de la paix, de la coopération et du développement

Alors que le monde est comme jamais menacé d’une guerre nucléaire et d’une destruction catastrophique, écarter les logiques de guerre, de militarisation, les alliances militaires, les occupations de tous pays par d’autres et les tentatives de domination mondial est une priorité.

Il faut créer les conditions d’une paix durable, fondée sur l’égalité des nations, pour permettre un désarmement massif et définitif, et réaffecter les fonds faramineux actuellement investis dans l’armement vers la transition climatique et le développement, les véritables urgences.

L’égalité des nations nécessite un accès égal de tous les pays au développement. Cela suppose l’arrêt de toute forme de sanctions économiques contre quel pays que ce soit, l’accès égal de tout pays au commerce international, l’établissement d’un système financier international démocratique et ouvert, la dissolution de tous les blocs commerciaux, l’annulation massive des dettes publiques et la création d’un fond financier international massif pour le développement et la construction des infrastructures productives dans les pays en développement.

Cela implique une rupture dans la politique européenne et de l’UE, le désalignement sur les USA, l’annulation du partenariat stratégique UE – OTAN avec pour objectif la dissolution de l’OTAN et la solidarité illimitée avec les pays du Sud. Cela suppose le respect total de la souveraineté de chaque pays, l’arrêt de toute ingérence, de manipulations externes et le respect des étapes de développement et des formes politiques propres.

Les expériences tragiques de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye (…) ont montré l’impossibilité et le danger de changer de l’extérieur le cours politique d’un pays. Une solidarité active des forces progressistes au niveau international suppose le respect du mouvement et des étapes propres de développement de chaque pays.

L’Europe pour sa part, doit établir un cadre de sécurité commun, garantissant la paix sur le continent et une libre coopération entre tous les pays. Aucun pays ne peut être exclu a priori de ce processus. Pour éviter d’être coupée en deux par des logiques de blocs, le continent européen doit faire le choix de la neutralité et l’OTAN doit être dissoute.

La guerre en Ukraine doit cesser au plus vite. Des négociations doivent régler les conditions d’une paix durable et mutuellement acceptable. Le cercle vicieux de la guerre doit être stoppé. Un cessez-le-feu et l’arrêt des livraisons d’armes doivent être la priorité, et les initiatives de la Chine, des pays africains, du Brésil en faveur de la paix doivent être soutenues.

La guerre terrible qui fait rage en Palestine doit également cesser. Le danger d’un embrasement général s’élargit. Un grand nombre de pays appellent également à la désescalade, au cessez-le-feu et à des négociations sérieuses et équilibrées.

Dans toutes les zones qui sont déstabilisées le chemin vers la paix ne peut passer par la restauration de l’ordre ancien qui a mené à ces blocages, à ces crises et à ses guerres.

L’Union Européenne doit cesser d’alimenter les conflits par les armes comme par la propagande et accepter les médiations et le rôle prééminent de l’ONU comme cadre multilatéral de coopération.

L’Union Européenne doit cesser toutes les opérations qui transforment la Méditerranée, la Manche et d’autres mers en cimetière. Une politique d’accueil digne, humaine et légale doit être proposée pour les millions de personnes qui fuient les guerres, les conditions climatiques et la misère.

Nous devons aussi proposer un vaste et inclusif partenariat pour le développement, en faveur de la construction des infrastructures (énergies, transport, télécommunications en particulier) et du développement des services publics en Afrique et au Proche Orient. Nous proposons que chaque pays de l’UE abonde ce fond de développement à hauteur de 2 % de son PIB (niveau des dépenses militaires exigé par l’OTAN) sans contrepartie ni dette pour les pays en voie de développement.

Chaque personne doit pouvoir vivre dignement dans son pays et participer à son développement.

Axe n°2 : Pour le climat, un nouveau système productif est à bâtir : Plan de transition climat

La parti présentera le 6 novembre prochain son plan de transition climat – qui est un plan très solide scientifiquement et très ambitieux économiquement et socialement. Ce plan apporte une argumentation solide pour porter des changement urgents. Notre parti est le seul à porter, autour du climat, un projet de société global et cohérent, le seul à exprimer que les changements nécessaires ne sont pas que techniques mais nécessitent de modifier en profondeur les structures sociales et économiques.

Il suppose notamment (en cohérence avec les travaux de la commission économie) :

  • D’énormes investissements publics dans de nombreux secteurs (production énergétique, logement, transports, usines et structures productives, …) ;
  • De réorienter massivement les flux de plus-value en direction de ces investissements, sur la base d’autre critères que la rentabilité ;
  • De modifier la structure financière et les critères comptables ; reconstituer les monopoles publics dans les domaines du transport, de la production d’énergie et des réseaux ;
  • Le retour d’une organisation en service public de secteurs clés comme la production électrique, l’énergie ou les transports de voyageurs et de marchandises, et le développement de nouveaux services publics comme par exemple un service public de voitures individuelles électriques partagées.
  • Un vaste plan éducatif.
    L’ambition de ce plan et l’urgence des problématiques donne tout son sens à la perspective socialiste que nous envisageons à moyen terme pour notre pays.

Axe n° 3 : Faire sauter les verrous libéraux, développer de nouvelles formes sociales avancées de propriété des outils de production : pôles publics

Le traité de l’UE de Lisbonne, comme ceux qui l’ont précédé, sacralisent la propriété privée, l’économie de marché et l’accumulation capitaliste du profit. Les bourgeoisies des pays de l’UE (en particulier française) se sont appuyés sur ces outils et la valeur quasi-constitutionnelle des traités pour détruire et vider de leur sens les conquêtes populaires de l’après guerre. Les avancées historiques portées par le conseil National de la Résistance sont encore inscrites dans le cœur de la société française.

Elles ont cherché à faire tourner la roue de l’histoire en arrière et le résultat en est, non pas une « construction », mais une destruction. Nous devons clairement réaffirmer la supériorité de la propriété collective des grands moyens de production, notamment en ce qui concerne l’énergie et le transport et la fin des mise en concurrence des grands services publics (y compris la santé, l’éducation l’eau…) et, en créant de nouveaux services (voir Anicet Le Pors) pour la protection des personnes, de l’environnement et de l’humanité.

Nous disposons en France d’une expérience très avancée en termes de service public nationalisés, dont le meilleur exemple est la création de l’Electricité de France par Marcel Paul, par le Parti Communiste et la mobilisation des électriciens et gaziers. Ce modèle était basé sur :

  • la garantie, pour tous, d’un service universel, de qualité, moderne et à bas prix, hors marché capitaliste ;
  • un statut très avancé des personnels en termes de formation et de protection sociale, droit du travail, participation à la gestion et aux décisions stratégiques ;
  • la capacité à contribuer à la modernisation du pays, en relation avec les entreprises privées du secteur selon une répartition des rôles stable et claire et grâce à l’articulation avec le Commissariat à l’Énergie Atomique, créé aussi à la libération par le communiste, prix Nobel, Frédéric Joliot Curie.

L’avancée de ce modèle a été paradoxalement confirmée par la vague de nationalisation de 1981. Il est en effet clair que la seule nationalisation d’entreprises de secteurs stratégiques n’avait pas alors permis des avancées réelles, ni pour les consommateurs, ni pour les salariés, ni pour le pays.

La notion de pôles publics, développée par le parti et la commission économique du Parti répond à cette problématique. Elle permet d’envisager une nouvelle étape qui s’appuie sur l’expérience de 1945, en l’approfondissant dans la perspective future d’une économie socialiste de marché.

Elle doit être un axe de campagne fort, à décliner concrètement sur les secteurs concernés.

Il faut démontrer que le développement de services publics modernes et portant le développement du pays est incompatible avec ce traité qui doit donc être remplacé par un nouveau cadre multilatéral de coopération.

Enfin, il faut porter clairement l’idée que la réindustrialisation d’un pays comme la France nécessite une forte implication de l’État et de la puissance publique. Les pôles publics peuvent être le vecteur essentiel de cette réindustrialisation.

Un pôle public du logement, récupérant les logements et bâtiments possédés par les banques et assurances et maître d’ouvrage de la rénovation et de la construction des logements en lien avec les collectivités et les habitants serait par exemple un puissant outil de transformation urbaine et de l’aménagement du territoire. Il pourrait tirer l’ensemble de la filière vers de nouvelles technologies de production et de nouveaux modes d’usage du logement.

Axe n° 4 : Unir le peuple en renversant les hiérarchies sociales

Le ton populaire, simple, direct et plein de solidarité porté par notre secrétaire national depuis la campagne présidentielle a fait mouche dans de nombreuses catégories sociales. C’est parce qu’il répond à une problématique majeure de notre société. C’est parce qu’il est au fond un discours qui porte et appelle à un point de vue de classe. Il change les termes du débat.

La bourgeoisie a l’habitude d’imposer sa hiérarchie sociale : les classes supérieures dominent la société. Les « essentiels », ceux qui produisent les richesses, font vivre et fonctionner l’ensemble de la société sont invisibilisés et privés largement de participation à vie sociale et politique. La petite bourgeoisie se considère habituellement comme le porte-parole légitime du peuple (privé de parole) et déteste être remise en cause dans ce rôle.

Un actif sur deux est soit ouvrier, soit employé. Mais la présence de ces classes sociales à l’assemblée, au sénat, ou même dans les conseils des collectivités locales est rare. La presse et la télévision ne leur accorde qu’une portion congrue. Le travail en général reste un huis clos.

La dignité, l’ampleur et la popularité du mouvement contre la réforme des retraites sont un autre exemple de prise de parole et d’intervention de classe dans la vie politique. Ce mouvement a également reçu un fort soutien dans de nombreuses catégories sociales, tout en rencontrant des obstacles, en particulier pour généraliser les grèves. Pour changer la donne politique et les termes du débat une nouvelle phase et d’autres perspectives comme celle d’un front populaire des grèves et des luttes et le renforcement des organisations syndicales et politiques à l’intérieur des entreprises sont nécessaires. Le moment des élections européennes doit être une étape importante de débat et de mobilisation dans les entreprises. En agissant ainsi, nous permettrons aux travailleurs de se saisir de l’élection européenne, de lui donner un sens et d’y faire irruption pour que cette élection soit un moment de lutte et de structuration.

Cela montre la capacité des classes travailleuses à porter une direction pour l’ensemble du peuple. Ce n’est pas un hasard si la popularité de notre secrétaire national s’est accélérée à la suite de ce mouvement social.

C’est cette analyse de classe, portée par la classe qui peut seule donner son sens à la notion de souveraineté comme un droit collectif du peuple. Non seulement la grande bourgeoisie française n’a pas défendu la souveraineté nationale, mais elle a même appuyé son abandon au sein des institutions européennes. Car pour la bourgeoisie, la perte de souveraineté était au fond une reconquête : la reprise des acquis sociaux de 1945, la destruction de la capacité d’agir du peuple.

Plutôt la soumission à l’UE et aux USA que les acquis de la Libération.

Nous devons porter une critique de classe concrète et pédagogique de la démocratie bourgeoise libérale actuelle. Nous devons lui opposer un retour aux sources de la démocratie et une République sociale, laïque et féministe : le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, la priorité de l’intérêt collectif sur les intérêts privés, notamment ceux du capital qui dominent aujourd’hui, la satisfaction collective des droits et besoins matériels essentiels, le développement des forces productives pour répondre aux besoins sociaux, l’unité du peuple comme base.

Axe n°5 : Faire société autour du travail

La misère économique et sociale, la perte du sens au travail et des repères collectifs constitue une source majeure de mal-être. La division des gens entre eux, la construction d’opposition en large partie artificielle entre des catégories de population qui partagent au fond de mêmes intérêts sociaux, le développement des réflexes racistes et des oppositions religieuses (réelles ou fantasmées) est un grand danger. La crise de la jeunesse, le développement des trafics, notamment de drogue, de la violence, dont les classes populaires sont les premières victimes exacerbe ces divisions.

La crise démocratique et la manipulation de l’opinion publique par des médias contrôlés par les grands groupes capitalistes enferme notre peuple dans des répétitions dangereuses. Les rejets se multiplient mais l’oligarchie financière continue d’imposer sa politique et son point de vue. C’est un cercle vicieux : la difficulté à porter des changements politiques profonds nourrit l’abstention des classes populaires et le désintérêt pour la politique. En même temps, l’abstention et le désintérêt des classes populaires empêche de porter des changements dans notre système politique. Le verrou du traité de l’UE et le fonctionnement des institutions de l’UE est un outil essentiel de ce blocage démocratique.

Une large partie de la classe travailleuse n’a plus accès à un collectif syndical actif sur son lieu de travail ni à une expression politique communiste. C’est encore plus vrai pour les couches les plus jeunes et les plus précarisées.

Or, ceux qui font tourner la société sont les mieux placés pour voir ce qui ne fonctionne pas et sont les seuls capables de l’énergie nécessaire pour le combat du changement. C’est le sens des orientations de notre dernier congrès. Cela doit aussi, dans la lignée de notre histoire et de nos campagnes déjà menées, un axe fort de campagne : la parole à la classe travailleuse, des candidats de la classe travailleuse pour des députés de la classe travailleuse, un travail pour construire des expressions collectives.

Les prises de consciences s’accélèrent. L’unité des classes travailleuses, l’organisation collective à l’échelle des masses doit traduire ces prises de consciences en capacité d’agir. Le Parti et les organisations de masse sont l’outil à développer pour porter et structurer cette capacité d’agir collective.

En cohérence également avec nos choix de congrès, nous devons porter l’ensemble de ces débats sur les lieux de travail qui sont les lieux privilégiés de conscientisation et de formation.


 

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