samedi 16 décembre 2023

 

Quel est ce sentiment de péril existentiel ?

Depuis la proclamation de l’État d’Israël en 1948, les Israéliens vivent dans une angoisse perpétuelle existentielle. Descendants d'innombrables victimes de l'antisémitisme européen ou victimes eux-mêmes, traumatisés par l'extermination hitlérienne, persuadés que le monde entier est contre eux et qu’ils sont l'éternelle victime, les immigrants juifs d’Israël sont persuadés de la nécessité impérieuse de se construire un chez-soi et d’avoir échappé au monde.

Mais, il semble, qu’au contraire d’un événement traumatique surmonté qui rend plus fort, cette expérience de l’holocauste a ancré chez beaucoup d’entre eux cette névrose de mort imminente qu’ils vont mourir qui, dès lors qu’un événement la fait resurgir ne laisse aucune place à la perception et à la souffrance de l’autre, en l’occurrence le Palestinien. Et cette affection – caractérisée par des conflits qui inhibent les conduites sociales et qui s’accompagnent d’une conscience pénible des troubles – entraîne ce sentiment de n’avoir plus de comptes à rendre au monde entier. D’où cette impossibilité psychique à respecter le droit international.

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Les Européens (jusqu’à la Russie) étaient et sont toujours les plus mal placés pour accompagner ceux qui sont partis se réfugier en Israël puisque les Juifs ont fui l’Europe. Mais d’autres auraient pu le faire. On aurait pu croire que les États-Unis qui ont forcé les votes en faveur de la création d’Israël auraient accompagnés ce traumatisme pour qu’il se transforme en force psychique. Au contraire de cela, ils ont alimenté la paranoïa en distribuant les armes et en se rendant complices de tous les crimes israéliens commis au nom de leur défense faisant du peuple palestinien leur victime permanente. Symptômes psychiques du persécuté devenu persécuteur qui au contraire d’être traités comme il se doit, sont cultivés par la légitimation occidentale des actes illégaux perpétrés par Israël.

Et pourtant, les poilus de Verdun, les Japonais et les Arméniens ont souffert de ce même traumatisme lié à l’holocauste. Il est donc intolérable que le monde se rende complice des actes criminels des différents gouvernements israéliens qui n’ont eu de cesse que d’empêcher la création de l’État palestinien par tous les moyens, le crime étant devenu une pratique courante et légitimée par les Occidentaux au nom du « droit de se défendre » de manière systématiquement disproportionnée.

Et pourtant, depuis la guerre de tranchées de Verdun, la France a été le précurseur dans la description et le traitement clinique du psycho-traumatisme et des blessures psychiques qui peuvent être à l’origine d’un état de stress post-traumatique (ESPT). Elle n’a donc aucune excuse de ne pas choisir une diplomatie qui tienne compte de cela et, dès lors, se rend coupable d’intentionnalité de complicité passive dans le génocide actuel perpétré à Gaza.

Macron semble demander un cessez-le-feu. Méfions-nous de ses revirements et de cette attitude maladive du « en même temps ». « En même temps, je te demande de t’arrêter, et « en même temps, je te salue très cher Bibi ». Bibi qui n’a eu de cesse, et ce par tous les moyens y compris d’aider le Hamas, d’empêcher la création de l’État palestinien. Cette fois, il a décidé de détruire Gaza, d’anéantir les Gazaouis par les bombardements incessants et d’expulser ceux qui ne mourront pas vers l’Égypte au nom de l’éradication du Hamas.

La France à qui est offert l’occasion de reprendre sa place internationale doit exiger le cessez-le-feu en dénonçant la disproportion des attaques israéliennes, et en cessant toute exportation d’armes dont pourrait de servir Israël, mais aussi exiger :

• Le retrait de l’aide américaine aux Israéliens, ce qui aura pour effet d’obliger Israël à négocier avec les Palestiniens

• L’autodétermination palestinienne sous condition de l’existence d’Israël sur la base de la résolution 181 de 1947 afin de ne pas entériner ce qui a été obtenu par la force Israël depuis 1948

Revenir aux frontières de 1949-1967, c’est donner raison à la force israélienne. Si certains Palestiniens acceptent actuellement cette idée, il n’est pas certain que c’est celle-ci qu’ils accepteraient si on leur parlait de la possibilité de revenir aux frontières de 1947.

L’ONU doit prendre ses responsabilités pour remplacer les États-Unis sur ce territoire et garantir la protection des populations entre elles et les défendre de toute attaque des pays voisins.

L’idée est que c’est aux Israéliens et aux Palestiniens de s’autodéterminer. Mais cela ne peut se faire que dans le silence des armes. Et pour cela, que les États-Unis cessent d’imposer leur volonté pour des intérêts qui sont autres que l’existence du seul Israël. En souhaitant aussi que cet esprit de responsabilité s’accompagne d’attitudes internationales qui permettent aux Israéliens d’entrer dans la résilience post-holocauste

 Blog Agora Vox

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