La Russie ouvre un troisième front dans la confrontation avec les États-Unis : le front oriental. Séoul et Tokyo doivent se tenir prêts
M. K. Bhadrakumar est un personnage des plus suspects, un de ceux qui sous couvert d’être antiimpérialiste sont purement et simplement des fascistes qui de fait a toujours soutenu des fascistes comme Modi ou les dictatures de Singapour. Cette interprétation immonde et fantaisiste non seulement des objectifs de Poutine mais ceux supposés de Staline dit tout sur le personnage et des confusions que l’on peut trouver dans ce site qui publie souvent des analyses “très à gauche”, très admiratrices de la Chine mais qui ne craint pas d’avoir en France un Philippot comme correspondant. Il est clair qu’en matière d’analyse politique, la seule référence qui n’ait pas des adhérences immondes ci et là demeure le KPRF, mais nous avons l’habitude ici de vous présenter des analyses qui dans leur confusion idéologique en arrivent à énoncer quelques vérités, et il est clair que des choses sont en train de bouger en Corée du Nord. Ne nous embarquons pas derrière le sieur Bhadrakunmar pas plus que derrière Philippot mais attendons la suite et surtout ce qui surgit en Chine. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://svpressa.ru/politic/article/402530/
Poutine se souvient que Staline voulait entraîner les États-Unis dans la guerre de Corée pour qu’ils oublient l’Europe.
M K Bhadrakumar
Illustration : Sur la photo : le président russe Vladimir Poutine, à droite, et le président des affaires d’État de la RPDC, Kim Jong-un, lors d’un entretien au cosmodrome de Vostochny. (Photo : Vladimir Smirnov/TASS)
L’Agence centrale de presse coréenne a rapporté une déclaration du ministère des affaires étrangères du pays selon laquelle la Corée du Nord “souhaite chaleureusement la bienvenue au président Poutine lors de sa visite à Pyongyang et est prête à saluer l’ami le plus proche du peuple coréen avec la plus grande sincérité”.
Kim Jong-un, expert géopolitique avisé, cherche à créer une synergie grâce à une fusion stratégique qui remonte en fait à Joseph Staline, qui cherchait délibérément à entraîner les États-Unis dans un conflit militaire sur la péninsule coréenne et à empêcher le déclenchement de la Troisième Guerre mondiale.
Le calcul de Staline était que les États-Unis, épuisés par l’intervention chinoise dans la guerre de Corée, seraient incapables de déclencher la troisième guerre mondiale dans un avenir proche. Il s’est avéré qu’il avait raison.
Le 27 août 1950, Staline a écrit une lettre hautement confidentielle au président de la Tchécoslovaquie de l’époque, Clement Gottwald, pour expliquer sa décision. Cette lettre a été retrouvée en 2005 dans d’anciennes archives soviétiques et publiée dans la revue historique Histoire moderne et contemporaine.
Apparemment, Staline a soutenu le plan de Kim Il Sung lors du voyage secret du dirigeant nord-coréen à Moscou en avril 1950, non pas parce qu’il avait mal calculé que les États-Unis ne s’impliqueraient pas dans la guerre (comme l’ont suggéré les historiens occidentaux), mais précisément parce qu’il voulait entraîner les États-Unis dans un conflit limité en Asie.
Staline rassure Gottwald, un allié nerveux, sur la situation internationale et la décision de Moscou de se retirer du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en janvier 1950, sur les raisons de l’absence de l’Union soviétique au CSNU en juillet de la même année lors de l’examen de la question coréenne, ainsi que sur le fait que l’Union soviétique s’est abstenue et n’a pas opposé son veto à la résolution américaine visant à stationner une force de l’ONU en Corée.
Staline écrit : “Il est évident que les États-Unis sont actuellement distraits de l’Europe par l’Extrême-Orient. Cela ne nous donne-t-il pas un avantage dans l’équilibre mondial des forces ? Sans aucun doute”.
En d’autres termes, l’Europe était la priorité absolue de la stratégie internationale de l’Union soviétique, et la guerre de Corée était considérée comme une occasion de renforcer le socialisme en Europe tout en détournant les intérêts et les ressources américains de ce continent.
Ce qui distingue les grandes puissances comme la Russie, c’est la profondeur apparente de leur conscience historique, qui leur permet de relier le passé au temps présent et de réaliser que les germes pertinents du temps futur se trouvent en grande partie dans le passé.
Après tout, le temps ne peut être considéré dans l’abstrait, mais comme une base vitale de la réalité humaine. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les États-Unis se livrent aujourd’hui à des spéculations aussi angoissantes sur la récente flambée des relations entre la Russie et la République populaire démocratique de Corée.
Le directeur principal de la Maison Blanche pour le contrôle des armements, Pranay Waddy, a déclaré l’autre jour que la nature de la menace sécuritaire posée par la Corée du Nord pourrait changer radicalement au cours de la prochaine décennie en raison de sa coopération avec la Russie. “Ce que nous voyons entre la Russie et la Corée du Nord est un niveau de coopération militaire sans précédent”, a déclaré M. Waddy au Centre for Strategic and International Studies, un groupe de réflexion basé à Washington, “Nous n’avons jamais vu cela auparavant”.
Selon lui, il convient d’accorder une attention particulière non seulement à l’aide apportée par la Corée du Nord, dotée de l’arme nucléaire, aux combats menés par la Russie en Ukraine, principalement sous la forme de systèmes de missiles, mais aussi à “ce qui pourrait se passer dans l’autre sens”.
Il pose la question suivante : “En quoi cela améliore-t-il les capacités de la Corée du Nord ? Et qu’est-ce que cela signifie pour notre propre politique de dissuasion élargie dans la région avec la Corée et le Japon ?” Les États-Unis ont bien compris le message de la Russie.
Les remarques de Waddy, qui n’étaient pas du tout spontanées, faisaient suite à une visite officielle de cinq jours du ministre nord-coréen des Affaires étrangères Choi Son-hee à Moscou, au cours de laquelle Poutine a reçu l’invité de haut rang au Kremlin.
Les Russes se sont littéralement moqués des Américains, qualifiant de manière énigmatique les entretiens du ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov avec M. Chou d'”échange de vues significatif sur des questions d’actualité concernant le développement des relations bilatérales, l’accent étant mis sur les questions pratiques et l’amélioration du traité et du cadre juridique”. Bien qu’il serait étrange d’attendre le contraire des rapports officiels.
D’une manière ou d’une autre, il est clair que le point de référence était la mise en œuvre des accords conclus entre Poutine et Kim lors de leur rencontre en septembre au cosmodrome de Vostochny, dans la région de l’Amour.
Commentant la rencontre entre le ministre Choi et M. Poutine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que la Corée du Nord “est notre partenaire le plus important et nous souhaitons développer nos relations dans tous les domaines, y compris les plus sensibles”.
En fait, comme le note le rapport de Reuters, “Moscou affirme qu’elle développera des liens avec tous les pays qu’elle souhaite… La Russie s’efforce de promouvoir la relance de ses relations, y compris militaires, avec la Corée du Nord… Pour Poutine, sa relation avec Kim lui permet de narguer Washington et ses alliés asiatiques.”
En effet, Kim veut aussi jouer un rôle. La semaine dernière, la Corée du Nord a testé son système d’armes nucléaires sous-marines et Kim a déclaré que l’unification avec la Corée du Sud n’était plus possible. Il a également déclaré que le Nord “ne veut pas la guerre, mais nous n’avons pas l’intention de nous en préserver”.
Il ne fait aucun doute que la Russie a décidé d’étendre son alliance avec la Corée du Nord. Kim a d’ailleurs exprimé publiquement son intérêt pour l’approfondissement des liens avec Moscou en effectuant une visite personnelle en Russie en septembre. Le moment de ce voyage a été audacieusement choisi, compte tenu des récentes mesures prises par les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon pour intensifier les efforts trilatéraux visant à contenir la RPDC.
Un “bloc” trilatéral de facto avec la Russie et la Chine, s’opposant à l’alliance trilatérale des États-Unis, de la Corée du Sud et du Japon, est en train de se former.
Le soutien de Pyongyang à la Russie en Ukraine sert les intérêts de la Chine, car il permet de contenir la puissance américaine. Et la Corée du Nord gagne inévitablement en profondeur stratégique grâce au soutien de deux membres du Conseil de sécurité des Nations unies disposant d’un droit de veto.
Un communiqué de presse du ministère des affaires étrangères de Pyongyang, publié à la suite des entretiens du ministre Choi à Moscou, indique que “la RPDC a hautement apprécié la mission et le rôle importants de la puissante Fédération de Russie dans le maintien de la stabilité et de l’équilibre stratégiques dans le monde, et a exprimé l’espoir que la Fédération de Russie continuera à l’avenir à mener des politiques et des lignes indépendantes dans tous les domaines, apportant ainsi de grandes contributions à la paix et à la sécurité internationales ainsi qu’à l’établissement d’un ordre international juste et équitable”.
En fait, un nouveau vecteur géopolitique émerge en Extrême-Orient, qui, contrairement à l’Ukraine ou à la bande de Gaza, est un point chaud nucléaire. La géopolitique s’oriente enfin vers la Corée du Nord, un pays qui, il y a sept ans, rêvait déjà de couler “d’un seul coup” un porte-avions américain à propulsion nucléaire. Le fait est que ce fantasme n’a pas encore été concrétisé.
Le voyage de Poutine à Pyongyang sera suivi de près par l’administration Biden. La tâche de la Russie consistera à établir un réseau de relations avec des États partageant les mêmes idées, qui pourrait même inclure certains Occidentaux. La stratégie américaine consiste à détruire violemment les points d’autonomie stratégique, ce que Washington a réussi à faire en Europe occidentale dans la première phase de la crise ukrainienne, mais ce mouvement a été l’un de ses derniers succès à cet égard.
En tout état de cause, un front oriental s’ouvre dans la confrontation entre les États-Unis et la Russie, complétant les fronts occidental et méridional, respectivement en Eurasie et en Asie occidentale.
L’auteur, M.K. Bhadrakumar est un ambassadeur à la retraite ; il est chroniqueur pour les journaux indiens Hindu et Deccan Herald, Asia Times, Rediff.com, Russia & India Report et le site web de la Strategic Culture Foundation (Moscou).
L’article [en russe] est publié en version abrégée
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