mardi 5 mars 2024

 

La décadence idéologique de Mitterrand à Macron

Aprés les deux septennats de Mitterrand, Jospin avait théorisé sur la gauche de lutte et la gauche de pouvoir ( une gauche gestionnaire) dans un entretien publié par Les Temps Modernes en 1996. Il voyait dans les quatorze ans de mitterrandisme au pouvoir, une réconciliation de la gauche avec l’idée de la durée en la confrontant avec les contraintes du pouvoir et donc l’ont amené à être comptable des conséquences de ses propres actes. Jospin voulait rénover et mettre en mouvement la gauche. Il a envoyé Jean-Marie Le Pen au deuxième tour des élections et ouvert la voie du vote républicain qui a permis l’élection de Chirac jusqu’à celle de Macron. Dans le glissement idéologique opéré sous Mitterrand et théorisé par Jospin, transparaissait déjà le « ni droite ni gauche » et le « en même temps », formulés par Macron. 

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Dans quel monde vit-on ? Un monde d’image et de bruits de fond dont la télévision et la radio sont les vecteurs. Sur certaines chaînes et ondes, on entend des voix discourir sur tout et donner un avis tranché, alors que tous les jacasseurs ne connaissent pas ou plus la vraie vie. Le paysage audiovisuel est peuplé de sophistes, souvent sans culture autre que celle de la doxa libérale, de ses fausses vérités, de ses boucs émissaires et de ses privilèges. Malheureusement, cette pensée racornie par l’individualisme des nantis et des carriéristes est aussi celle de nos politiciens. Tous ces moralistes et experts-en-tout vivent dans un monde bien concret qui est celui de l’argent et traite de façon virtuelle le reste du monde. Ils se protègent par un mur de préjugés assénés comme des vérités premières. Tout acquis social leur est devenu insupportable. Alors, pour régner et continuer à s’enrichir, ils divisent et excommunient. Ils ont pris tous les leviers et se livrent à des simulacres démocratiques que sont devenues les élections. Ils imposent des reculs sociaux à coups d’article 49-3.

Sous la présidence de Hollande, nous avions noté deux sujets de philo posés au Bac « La politique échappe-t-elle à une exigence de vérité ? » et « La conscience de l’individu n’est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient ? ». On se demande quelle partie optimiste de leur devoir les candidats ont pu rédiger en répondant à ces deux questions à travers le regard qu’ils peuvent avoir sur le comportement des politiciens, la montée de l’abstentionnisme civique, la xénophobie galopante, l’individualisme érigé en vertu…etc. A la première question, François Hollande éviterait de répondre, alors que Sarkozy jurerait être un partisan de la vérité, la sienne. Ils ont passé leur bac depuis longtemps et la philosophie ne leur sert qu’à jouer les Machiavel. Pour la seconde, nous sommes bien obligés de constater le formatage des individus pour qu’ils soient le reflet non pas de la société telle qu’elle est et telle qu’ils aspireraient qu’elle soit, mais plutôt pour les soumettre et faire lâcher prise aux plus combattifs. Bon vous me direz que la philosophie explique tout mais ne répond à rien. Peut-être les politiciens mettent trop de philosophie dans leurs discours ?Il est vrai qu’ils apparaissent souvent comme des sophistes quand ils ne pratiquent pas la langue de bois.

Un troisième sujet pourrait convenir à un socialiste d’aujourd’hui : Suis-je ce que mon passé a fait de moi  ? Un national-social-libéral ? Ce n’est certainement pas le passé du socialisme qui a conduit le PS au libéralisme de la Droite. C’est une lignée de dirigeants du PS depuis 1983. Après le virement idéologique de Mitterrand, Hollande, Valls et Macron sont le triumvirat de l’aboutissement d’un objectif de la doxa libérale : détruire la Gauche. Macron a achevé le long travail de reniement de la gauche. Le parti socialiste n’a plus de colonne vertébrale ! La Gauche est ailleurs, là où elle a toujours été pour que ce qui est décrit comme des utopies sociales soient des réalités. Il s’agit de la gauche de combat sans laquelle aucun acquis social n’aurait été obtenu et sans laquelle la régression sociale suivra un seul cours, celui de la Bourse.

Que ce soit Mitterrand ou Hollande, une fois au pouvoir, ils ont rapidement perdu, par cynisme, l’idée de la lutte, du changement de l’ordre social et du mouvement. Comme la droite, Hollande et Valls ont considéré le discours de l’opposition de gauche comme coupé des réalités et restant dans la négativité. Leur discours est celui de la doxa libérale relayé par les grands médias. Comme la droite, Hollande et Valls ont voulu entrer en symbiose avec les pouvoirs économiques. Jospin avait théorisé sur la gauche de lutte et la gauche de pouvoir dans un entretien publié par Les Temps Modernes en 1996. Il déclarait notamment : « Je sais que les trois traditions du socialisme français : Radicalisme révolutionnaire/Utopistes (Saint-Simon, Charles Fourier, Pierre Leroux, Pierre Proudhon)/Marxisme (notamment la tradition Guesdiste), pour être dissemblables sur bien des points, se rejoignent néanmoins dans un même mépris du réformisme et de la social-démocratie. C’est pourtant d’un nouveau réformisme dont nous avons besoin. Sans lui, nous laisserons le terrain à une droite dure (Alain Madelin) qui, sous couvert de réformes, nous prépare le pire. Le PS doit redevenir le parti du mouvement et se défaire de l’accusation – particulièrement injuste – qu’on lui colle parfois de « nouveau conservatisme », crispé qu’il serait sur la seul défense d’avantages acquis. Le PS doit redevenir ce qu’il a toujours été historiquement – au-delà des divisions, des inévitables divergences de vue, des discours mobilisateurs – : le parti de la réforme  ». Il ajoutait que son idée était de « faire revivre un parti socialiste sans l’idéaliser ». Il était déjà loin le temps où, interne du Lycée Janson-de-Sailly ( lycée de la bourgeoisie parisienne), Jospin suivait des cours de philosophie et avait pour prof Maurice Cavaing , un des théoriciens du parti communiste qui réunissait ses élèves en fin d’année dans un appartement du XVIème arrondissement pour une initiation au marxisme , au matérialisme dialectique. En 1999, le même Jospin déclarait : « Ce n'est pas par la loi, par les textes, qu'on va réguler l'économie ». Cette phrase, prononcée lors d’une intervention télévisée, ne pouvait évidemment pas laisser indifférente la gauche radicale. Sans surprise, les réactions les plus virulentes sont venues des rangs du Parti communiste, de l'extrême gauche et de l'aile gauche du Parti socialiste qui ont, avec des mots différents, accusé le Premier ministre de s'être converti au libéralisme. Une mutation idéologique pour quel résultat ? La continuation d’une même politique depuis 30 ans. Jospin voulait rénover et mettre en mouvement la gauche. Il a envoyé Jean-Marie Le Pen au deuxième tour des élections et ouvert ma voie du vote républicain qui a permis l’élection de Macron. Dans le glissement idéologique opéré sous Mitterrand et théorisé par Jospin, transparaissait déjà le « ni droite ni gauche » et le « en même temps », formulés par Macron. 

Avec Hollande, Macron était dans la place. Il a certainement joué un rôle important dans le glissement idéologique « ni droite, ni gauche ». En faisant ce choix politique et en considérant qu’il était la seule voie possible, ils se sont mis dans une impasse et ont fait le lit à la droite et à l’extrême-droite. Ils ont voulu tuer la gauche mais ils sont morts pour la gauche qui se reconstruira, comme elle l’a toujours fait. Ils veulent « renaître » mais leurs idées sont trop vieilles pour parler de renouveau. 

Les pouvoirs économiques sont à droite. Sarkozy n’a pas réussi à revenir et s’est empêtré dans des affaires judiciaires. Son ancien premier ministre et la Justice ont contrecarré ses projets. Son éviction judiciaire semblait être l’événement attendu par Hollande. C’est Fillon qui l’a été évincé avant de l’être lui-même. 

Sarkozy et Hollande ont renforcé le Front national d’autant plus que ce parti d’extrême-droite a bénéficié d’une campagne de dédiabolisation entre chaque élection présidentielle pour préparer le vote dit républicain du deuxième tour. La diabolisation est maintenant réservée au Front de gauche, puis aux Insoumis et à tous les mouvements qualifiés d’extrême-gauche, pour faire croire que le PS est la Gauche respectable. Hollande, Cambadélis, Aubry, Valls, Cazeneuve, Castaner, Ferrand, Coulomb ont jeté les dernières pelletées sur le cercueil de la vieille dame. Ce n’est pas Raphaël Glucksmann qui va l’exhumer et la ranimer. Macron a coulé la dalle et Glucksmann vient s’assoir dessus. Valérie Hayer, tête de liste macroniste aux élections européennes, a dit de lui dans le Figaro : « Il devrait être avec nous, et il le sait. Il serait beaucoup plus efficace pour porter ses idées et avoir des résultats ». Cette députée européenne explique voter à Bruxelles et à Strasbourg "à 90% de la même façon" que l'essayiste du mouvement « Place publique » qui brigue la tête d’une liste avec le PS. Ce néo-conservateur qui a soutenu les trois derniers présidents de la république est le « fils de » et le « mari de ». Il est le fils de feu André Glucksman, nouveau philosophe sorti de mai 1968 qui est passé du maoïsme au néolibéralisme. Il fut le mari d’Eka Zgouladze, vice-ministre de l'Intérieur de Géorgie (2005-2012), puis vice-ministre de l'Intérieur de l'Ukraine (2014-2016). Le couple a un garçon, né en 2011. Il a été conseiller de Conseiller de Mikheil Saakachvili, président de la Géorgie. Séparé de sa première femme, il a trouvé une nouvelle compagne en la personne de Léa Salamé, célèbre journaliste franco-libanaise avec qui il a eu un autre enfant. Ses liens anciens avec la Géorgie et l’Ukraine expliquent ses positions belligérantes contre la Russie de Poutine. Si l’on s’intéresse à ses deux compagnes, avec son air de dandy, il choisit des femmes friquées. Il est sans aucun doute de droite, malgré le nez rose qu’il affiche. 

Pour idéaliser, il reste Prévert, Char, Aragon, Pessoa, me direz-vous. Ils sont morts et ne servent plus que pour les commémorations dans des discours rédigés par des littéraires pour les politiques ! A l’Elysée, des DJ et des rappeurs sont invités. Macron y reçoit Kiddy Smile, Pharrell Williams, Jul et d’autres. C’est l’ambiance des boîtes de nuit. Brigitte se dandine dans ses tenues LVMH et Vuitton. A chacune de ses sorties, la presse people ne manque pas de complimenter les tenues de la première dame, plus vieille mannequin de la haute couture chez le milliardaire Bernard Arnault.

Macron n’est plus qu’un épouvantail et en 2027, il ne pourra pas déclamer : « Ah !... Qu’il est bon de renaître ! », comme il l’a fait à ses 15 ans en jouant la comédie du langage, pièce mise en scène par sa professeure devenue son épouse. Toutefois, il faut se méfier de Vulcain, alias Jupiter. Macron aime se déifier. La mythologie grecque raconte que Zeus (Jupiter pour les Romains) a enfanté pendant plusieurs mois, dans sa cuisse, son fils Dionysos (Bacchus pour les Romains). Qui va sortir de la cuisse de Macron ? A moins que Vulcain ( Héphaïstos chez les Grecs) prenne le dessus. Il aurait eu de nombreux enfants, tous bâtards. Nous devons être persuadés que Macron va se choisir un successeur sorti de la cuisse de Jupiter. A moins que ce ne soit un bâtard républicain, Modem ou social-libéral aunez rose. Pour l’instant, il semble préoccupé par les élections européennes et les sondages qui mettent le Rassemblement National en tête. La gauche partant en ordre dispersé, il réserve donc ses flèches au RN et à Marine Le Pen. On se demande même si son annonce sur des troupes européennes envoyées en Ukraine n’a pas été faite dans le but de gêner l‘extrême-droite empêtrée dans ses relations avec la Russie.

Nous sommes en 2024 et 2027 est encore loin. Macron nous a amené au bord du gouffre et il pourrait encore nous faire avancer pour un pas de trop, celui qui nous plongera dans la guerre. Ce serait le dernier acte de la représentation d’un acteur qui aura joué le chef d’Etat dans des habits trop grands pour lui. Avec Macron le pire est toujours possible ! Le meilleur restera à reconstruire sans lui dans un avenir qui s'est assombri. .

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