Le triste trio élyséen ! (°)
Le trio des trois derniers chefs d’Etat français me fait penser aux trois Stooges dont l’humour s’appuie essentiellement sur la farce et la bouffonnerie. Mais ils ne jouent pas dans un vaudeville et leurs actions ont porté gravement atteinte à la crédibilité de la diplomatie française à l’image d’une France qui a perdu son rang de patrie des droits de l’homme. Macron n’est pas le seul à porter cette responsabilité. Sarkozy a impliqué la France dans le fiasco lybien. Hollande a impliqué la France dans le fiasco malien avec sa répercussion dans tout le Sahel. Macron nous a déjà impliqué dans le fiasco ukrainien à venir. Jusqu’où nous y fera-t-il entrer en fustigeant celles et ceux qui sont animés par un esprit de défaite alors qu’il s’agit d’abord d’éviter une troisième guerre mondiale ?
Emmanuel Macron veut donner l’illusion qu’il pèse sur les affaires du Monde pour oublier sa politique intérieure qui l’a vu sans cesse descendre toujours plus bas dans les sondages. Sa politique calamiteuse en ont fait le président le plus impopulaire, battant Hollande et Sarkozy. Il fallait pouvoir le faire ! Pour en sortir, il gesticule. Il se déplace à l’Etranger ou réunit des conférences internationales, pendant qu’il reste apathique sur ce qui se passe à Gaza, en dehors de déclarations soi-disant humanistes pour faire oublier son soutien à Israël. Malgré ses gesticulations, il n’a récolté que des moqueries, tout en ternissant chaque jour un peu plus l’image de la France.
Le bilan de Macron était abyssal. Sarkozy et Hollande nous ont conduit au bord du gouffre, Macron nous fera faire le pas en avant. Le journaliste René Naba avait dressé un petit inventaire de la situation laissée par Sarkozy dans un article publié sur le site Madaniya : Du déshonneur de Gaza, au revers de Syrie, à la stigmatisation génocidaire au Rwanda, la Crimée perdue, une dette publique de l’ordre de 2.000 milliards de dollars, un triple camouflet électoral présidentiel, couplé d’une cuisante humiliation aux élections européennes avec la promotion de la France au titre peu envieux de « champion d’Europe de pays le plus xénophobe » dans la foulée du triomphe du Front National, une popularité au plus bas, une économie anémiée, la France a offert le spectacle d’une diplomatie déconnectée des nouveaux rapports de puissance.
A force de pratiquer une morale à géométrie variable, on perd toute crédibilité. Bachar Al-Assad est pointé du doigt par Hollande comme étant un dictateur sanguinaire, ne méritant pas d’être sur terre et il importait d’abattre son régime rapidement, selon les termes employés par Fabius en juillet 2012. Cela n’empêchait pas nos gouvernants de s’appuyer sur ce que l’on nomme encore la Françafrique et quelques dictateurs comme le Tchadien Driss Déby. Bachar Al-Assad est toujours là et la Syrie est en partie livrée à l’anarchie et la barbarie de rebelles islamistes à qui François Hollande projetait de livrer des armes, comme Sarkozy l’avait fait en Lybie. Aujourd’hui, la France est chassée du Sahel et nous livrons des armes à l’Ukraine en guerre avec la Russie. Notre politique étrangère est focalisée sur cette guerre et le reste du monde n’existe plus.
Quelle image a été celle de la France depuis Sarkozy, en passant par Hollande pour en arriver à Macron ? Passons sur le scooter présidentiel, il reste le livre de Valérie Trierweiler. Du côté de Sarkozy, il y a tous les scandales liés aux financements de ses campagnes présidentielles : Kadhafi et ensuite Bygmalion. On ne compte plus les scandales politiques en tous genres : rétro-commissions Karachi, DSK, Cahuzac…etc. La France est plongée dans le chaos moral et veut encore se poser en prescripteur des droits de l’homme. Des journalistes indépendants nous interrogent : La classe politique française constitue-t-elle vraiment un exemple ? Son alliance avec les forces les plus répressives et les plus régressives du Monde arabe, un exemple à suivre ? La France dispose-t-elle encore de l’autorité morale pour prescrire le bien ou le mal ? La France est-elle encore un exemple ?
Après la Lybie de Sarkozy, la Syrie de Hollande aura été, pour la France, son Trafalgar du XXI me siècle. La France a cessé de faire illusion. La sanction de sa posture aporétique.
Oh ! Combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !
Victor Hugo (1802-1885) Oceano Nox
Décidément Hollande n’échappe pas aux métaphores marines et le capitaine de pédalo n’est jamais loin des commentaires. Comment peut-on traiter avec des dictateurs et ensuite les désigner à la vindicte internationale ? Hier, il s’agissait de Saddam Hussein, de Kadhafi, de Ben Ali, de Moubarak… Aujourd’hui de Bachar Al-Assad. Qui d’autre demain ? Le Turc Erdogan ? l’Azéri Heydar Aliev ? La liste est malheureusement longue et tous les dictateurs ne sont pas traités à la même enseigne contrairement aux promesses faites par le candidat Hollande en 2012 et son successeur actuel… Le Moyen-Orient et l’Afrique sont des zones de guerre et de non-droit. On se pose toujours la question liée à l’Histoire du colonialisme et du capitalisme : la faute à qui ? Si la déclaration des droits de l’homme n’est qu’une déclaration de principes bafoués par ceux qui s’y réfèrent, comment s’étonner que d’aucuns préfèrent le coran, la bible ou la torah ?
François Hollande laisse planer l’idée de son retour. En 2012, il aurait pu changer de cap. La constitution de la cinquième république lui en donnait les pouvoirs. Au lieu de choisir une alternative humaniste au cynisme politique en vigueur, il n’a pas montré le courage politique du changement qu’il avait promis à ses électeurs. Martine Aubry avait parlé de « gauche molle » et il n’a même plus été question de gauche. L’homme des compromis s’est « compromis » dans une politique à court terme en n’atteignant aucun de ses objectifs économiques, puisqu’il ne s’est agi que de cela. Sa stratégie libérale a fait de lui le piètre successeur de la politique déjà menée par son piètre prédécesseur. Ses gesticulations sur la scène internationale ne sont pas de nature à redorer son blason. Il a contribué à l’idée que se font des Français de plus en plus nombreux : les élections ne sont que des parodies démocratiques qui utilisent les mots de peuple, nation, démocratie, république, patrie, souveraineté, liberté, fraternité, égalité et droits de l’homme. Autant de concepts humanistes qui cachent le cynisme des gouvernants dont ils ne constituent qu’un enduit de façade. Tout se trame dans les coulisses du pouvoir et concourt à maintenir l’ordre établi au prix de tous les désordres utiles.
Avec Macron et son pragmatisme basé sur le « en même temps », nous avons atteint le niveau zéro de la politique. Macron fait de la communication et place la parole au-dessus des actes. Il a sans aucun doute une haute estime pour lui-même et pense pouvoir manipuler tous ses interlocuteurs en buchant les dossiers comme si chacune de ses interventions était un examen de passage au diplôme de génial bonimenteur. Sur le plan international, son voyage eux USA sous la présidence de Trump a terni son image vis-à-vis du reste du monde, tant il s’est fait ridiculiser par le milliardaire d’extrême-droite. Il s’est fait ensuite ridiculiser par Poutine qui l’a reçu au bout d’une longue table et auprès duquel il n’a obtenu aucune concession. Les Africains du Sahel ne veulent plus de la France et de Macron. Pour sauver les Gazaouis, Macron a la même passivité que ses prédécesseurs. Malgré ses tentatives d’occuper le devant de la scène européenne, il est impopulaire pour beaucoup de pays européens. Il reste à la remorque de l’Allemagne et des USA à travers l’OTAN. Il n’est pas audible tout en multipliant ses prises de parole. Pour se faire entendre, il a sorti l’éventualité non exclue d’envoyer des troupes européennes en Ukraine. Il a récolté un tollé général, y compris de l’OTAN. Malgré cela, il se pose en dirigeant courageux face à des alliés trop lâches auxquels il se permet de donner une leçon de courage. C’est la façon à Macron de se montrer diplomate. Sa mégalomanie devient inquiétante. Il a toutefois consulté ses deux prédécesseurs.
Etant donné leur bilan réciproque, on ne voit pas ce que leur entretien aura enfanté de positif, surtout lorsqu’on lit les commentaires de Hollande à sa sortie de l’Elysée. Il a déclaré : « La position sur les questions militaires c'est : moins on en dit, mieux on agit. Il ne faut rien faire connaître à Poutine de nos intentions », puis il ajoutait : « Ne pas dire ce que l'on fait, mais faire ce que l'on n'a pas dit. C'est ça qui permet d'avoir le plus d'efficacité ». Au volubile Macron, il dit donc « Motus et bouche cousue ! », un conseil qui aurait dû suivre lorsqu’il a parlé à deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui ont intitulé leur livre : « Un président ne devrait pas dire ça ». Quant à Sarkozy, il garde un souvenir cuisant d’une rencontre avec Poutine. En 2007, les images d'un Nicolas Sarkozy balbutiant après son premier tête-à-tête avec le président russe avaient fait soupçonner un abus d'alcool. Selon le journaliste Nicolas Hénin, le chef de l'Etat français n'était pas ivre… mais sonné par un échange particulièrement violent avec Poutine qui l’avait menacé. Si le président français a l'air groggy, son hébétude n'a rien à voir avec l'alcool. Le récit que le journaliste tient d'un proche de Nicolas Sarkozy apporte un éclairage tout différent. « Un entretien tel que pourraient l'avoir deux voyous en bas de la barre d'immeubles ». Nicolas Sarkozy aurait choisi d’attaquer Poutine bille en tête en posant sur la table tous les sujets qui fâchent. Selon Nicolas Hénin, Vladimir Poutine aurait écouté, impassible. Et puis, « il le regarde et lui demande 'C'est bon ? T'as fini ? ». Alors, aurait menacé le président russe, mimant d'un geste la différence de taille entre la France et la Russie, soit tu continues sur ce ton, et je t'écrase, ou alors tu changes de registre, et je peux faire de toi le roi de l'Europe." D'après le journaliste, Vladimir Poutine aurait même ponctué ces menaces d'insultes.
Le trio des trois derniers chefs d’Etat français me fait penser aux trois Stooges dont l’humour s’appuie essentiellement sur la farce et la bouffonnerie. Mais ils ne jouent pas dans un vaudeville et leurs actions ont porté gravement atteinte à la crédibilité de la diplomatie française à l’image d’une France qui a perdu son rang de patrie des droits de l’homme. Macron n’est pas le seul à porter cette responsabilité. Sarkozy a impliqué la France dans le fiasco lybien. Hollande a impliqué la France dans le fiasco malien avec sa répercussion dans tout le Sahel. Macron nous a déjà impliqué dans le fiasco ukrainien à venir. Jusqu’où nous y fera-t-il entrer en fustigeant celles et ceux qui sont animés par un esprit de défaite alors qu’il s’agit d’abord d’éviter une troisième guerre mondiale ? Il a voulu rencontrer tous les chefs de partis politiques pour les contraindre à se positionner. Qui est contre la guerre sera déclaré partisan de Poutine !
En manque d’intelligence élyséenne, que nous dit l’Intelligence artificielle sur la guerre ?
Response stopped
Dans la tourmente de la guerre, les idéaux fondateurs de la France semblent s’effriter, laissant place à des réalités brutales. La liberté, l’égalité, et la fraternité sont souvent sacrifiées sur l’autel des conflits armés. Les politiciens, porteurs de responsabilités constitutionnelles, peuvent parfois se détourner de ces principes au nom de la stratégie militaire ou des intérêts nationaux.
La liberté, qui devrait être le souffle vital d’une nation, est souvent restreinte pendant les périodes de guerre. Les droits fondamentaux des individus sont mis en suspens, les libertés civiles sont érodées, et la surveillance accrue devient la norme. Les citoyens sont pris dans un étau entre la sécurité et la privation de leurs droits.
L’égalité, pilier de la devise française, est également mise à mal. Les inégalités sociales et économiques s’accentuent en temps de conflit. Les ressources sont allouées de manière inégale, et les plus vulnérables sont souvent les premières victimes. Les privilèges et les disparités se creusent davantage.
Quant à la fraternité, elle est souvent remplacée par la méfiance et la division. Les ennemis sont désignés, les frontières se ferment, et la solidarité entre les peuples s’amenuise. La compassion et l’empathie sont reléguées au second plan, tandis que la haine et la suspicion prennent le dessus.
Dans ce contexte, il est essentiel de se rappeler que la guerre n’est pas seulement une affaire de politiciens et de stratèges. Elle touche chaque individu, chaque famille, chaque communauté. Et c’est dans ces moments difficiles que la véritable humanité doit se manifester. Malgré les conflits, nous devons préserver notre humanité en faisant preuve de compassion, de solidarité et de respect envers tous.
Peut-être que la réponse réside dans la réaffirmation de ces idéaux, même au cœur des ténèbres de la guerre. Peut-être que nous devons nous rappeler que la vraie grandeur d’une nation réside dans sa capacité à protéger et à promouvoir ces valeurs, même lorsque les canons tonnent et que les drapeaux flottent au vent.
Stop et fin.
Entre autres paradoxes, la guerre comporte celui que relève Aristote : « C’est pour vivre en paix que nous faisons la guerre. » Toutefois j’aime bien cet échange dans le film « Des Hommes d’influence », réalisé par B.Levinon, sur un scénario d’H.Henkin (1997)
– Il a rétabli la paix.
– Mais il n’y avait pas de guerre !
– C’est d’autant plus fort !
Cette réplique souligne l’ironie et la puissance de la diplomatie lorsqu’elle prévient un conflit avant même qu’il n’éclate. Parfois, la prévention est plus impressionnante que la résolution elle-même. Macron n’a pas été à la hauteur pour la prévention. Il ne sera pas celui qui résoudra la crise ukrainienne à l’horizon 2027. Il a joué le Colonel Jessep ( interprété par Jack Nicholson dans le film « Des hommes d’honneur ») et une autre réplique : « Notre devise, c’est honneur, code, loyauté. Pour nous, ces mots sont la poutre maîtresse d’une vie passée à défendre le bastion. Chez vous, ces mots finissent en gage » ( Les hommes d’Honneur, film réalisé par Rob Reiner 1992).
Pour reprendre les deux titres de film, nous savons que les hommes d’influences ne sont en général pas des hommes d’honneur qu’ils demandent à d’autres d’être en acceptant la guerre.
(°) Comment de Pedrito
Qu'on aurait pu titrer aussi:
" LES TROIS CHARLATANS"
ou
"LES TROIS MERCENAIRES"
ou
"LES TROIS SALTIMBANQUES"
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