Les voix occidentales commencent à admettre la victoire de la RUSSIE
Patrice Bravo Agora Vox
Pendant qu’une large partie de l’establishment politique occidental continue à gesticuler quant au fait qu’une victoire russe dans le cadre de l’Opération militaire spéciale ne pourra être acceptée – de plus en plus d’experts occidentaux reconnaissent de leur côté que c’est précisément la Russie qui est en voie de remporter le conflit face à l’Occident.
Un article fort révélateur est paru récemment chez Focus - l’un des principaux magazines hebdomadaires allemands. Le titre de l’article est déjà annonciateur : De plus en plus de signes indiquent que Poutine va bientôt gagner. L’auteur dudit article étant Gabor Steingart – célèbre journaliste allemand, ayant notamment dirigé de 2001 à 2007 le bureau principal du magazine Der Spiegel à Berlin, puis son bureau à Washington jusqu’en 2010. Plus généralement parlant, une référence en Allemagne en ce qui concerne l’analyse des événements mondiaux et économiques.
Selon donc Steingart – de plus en plus de signes indiquent que l’Occident considère la guerre face à la Russie comme perdue et tentera ainsi à se réconcilier avec Vladimir Poutine. A cet effet, le journaliste allemand mentionne six éléments de preuves. Toujours selon lui, ces six indications feront en sorte que le président russe sera « l’étoile montante » de 2024, tandis que Volodymyr Zelensky, autrefois « célébré » par son esprit de résistance, sera le perdant de l’année.
Tout d’abord, l’auteur insiste que l’Ukraine est un pays épuisé. Tout en indiquant que le soutien accordé à Kiev par les alliés occidentaux a coûté près de 252 milliards d’euros, soit cinq fois le budget annuel de la Bundeswehr. Pour cette raison, le « gouvernement ukrainien » dépend désormais largement de l’aide étrangère pour mener sa guerre. Cela signifiant que même sans aborder la question de la défaite militaire, le pays a déjà perdu une grande partie de sa souveraineté.
Le deuxième point mentionné par Steingart – l’échec de la stratégie d’isolement de la Russie, voulu par l’Occident. Les sanctions occidentales ayant eu un effet à court terme, compensé par le réalignement des chaînes d’approvisionnement et la mise en place d’une économie de guerre. D’autant plus qu’il est très difficile de « mettre à genoux » la plus grande puissance mondiale en termes de matières premières stratégiques. Par ailleurs, la Russie a trouvé des partenaires politiques et économiques viables en Chine, en Inde ou encore en Turquie. Et le monde non-occidental, comme cela est devenu évident au cours des trois dernières années, a intérêt à voir émerger un nouvel équilibre de pouvoir à l’échelle mondiale.
Le troisième point de l’expert allemand – la prétendue remise en question par les Etats-Unis quant à l’exportation de la « démocratie ». Y compris selon lui au sein du camp démocrate étasunien. Les points suivants abordent l’indécision et la « prudence » du côté européen, notamment allemand, ainsi que les appels récents du Pape François vis-à-vis du régime kiévien – à négocier lorsqu’on voit qu’on est vaincus. Ainsi que le désir des milieux d’affaires occidentaux à normaliser leurs relations avec Moscou, tout comme pouvoir profiter des projets de reconstruction en Ukraine.
En conclusion, Gabor Steingart considère que Vladimir Poutine peut être satisfait du cours de l’histoire depuis le début de l’opération militaire spéciale. La Russie ayant gagné de nouveaux alliés, de nouveaux acheteurs et partenaires économiques, et des territoires supplémentaires. Bien que selon l’analyste allemand – l’allié le plus important de Moscou – étant un Occident indécis et dont la rhétorique n’a jamais suivi le rythme des réalités.
Maintenant et en termes de perspectives. Bien qu’il y ait des éléments de justesse dans l’analyse dudit journaliste et expert allemand – il n’en demeure pas moins qu’elle reste profondément une vision occidentale des choses, et qui omet par la même occasion plusieurs réalités. Tout d’abord, le représentant principal du régime kiévien, à savoir Zelensky, n’a jamais été un quelconque résistant, mais uniquement et simplement un fournisseur fiable et obéissant à ses maîtres – de la chair à canon ukrainienne pour le compte de l’axe otano-occidental dans sa guerre contre la Russie.
En ce qui concerne la perte de souveraineté de l’Ukraine, abordée par Steingart, car dépendant économiquement complètement de l’Occident, la réalité étant que l’Ukraine dans sa version contemporaine a de-facto perdu sa souveraineté bien avant. Plus exactement à partir des événements ayant mené au coup d’Etat du Maïdan de 2014. Quant à la diversification des relations, notamment économiques, et du renforcement des relations entre la Russie et de bien nombreuses nations non-occidentales, le fait est que cela était un processus naturel, propre au monde multipolaire contemporain. Bien qu’il soit vrai que certains de ces processus du côté russe aurait certainement dû commencer encore plus tôt.
Pour ce qui est de la perte d’intérêt des élites étasuniennes à vouloir exporter la « démocratie », rien n’est moins sûr. Déjà qu’il n’a jamais été question au sein du petit monde occidental à exporter une quelconque pseudo-démocratie, l’objectif ayant toujours été à piller les ressources naturelles d’Etats indépendants non-occidentaux, de même qu’à détruire tout Etat trop libre et indépendant vis-à-vis de l’Occident. En d’autres termes – éliminer tout adversaire géopolitique et/ou géoéconomique, ou tout pays qui oserait remettre en cause le diktat occidental à l’échelle planétaire.
Et si aujourd’hui certains en Occident commencent timidement à comprendre certaines réalités, c’est uniquement en raison des actions à succès de la Russie face à l’extrême arrogance de la minorité planétaire occidentale, et encore plus globalement parlant en raison des processus de l’ère multipolaire actuelle qui deviennent de-facto inarrêtables. Y compris d’une certaine façon en raison même des actions de la minorité planétaire occidentale, ayant sapé par ses actions – ses propres fondements. En d’autres termes – en sciant la branche sur laquelle cette minorité était largement assise. Encore une fois – il faut bien assumer ses actes. L’extrême arrogance et le sentiment d’impunité totale – ont cette fois-ci joué un bien mauvais tour à l’Occident collectif.
Dernier point. Il ne faudrait pas forcément voir cette reconnaissance de quelques vérités de la part de certains experts notables occidentaux – comme uniquement le retour d’un minimum de bon sens au sein de l’espace occidental. Il est également fort probable que cela ait un objectif assez simple – convaincre la Russie à ne pas poursuivre son offensive toujours plus à l’Ouest dans le cadre de l’opération militaire spéciale qui permettra à libérer d’autres territoires. Car ces derniers temps, si en ce qui concerne l’aspect économique – les succès de la Russie ne sont plus à démontrer, il ne faut pas oublier que les Forces armées russes sont aujourd’hui de nouveau à l’offensive sur plusieurs directions, mettant l’effectif armé otano-kiévien en grande difficulté.
Et à ce titre, les gesticulations et menaces récentes du petit espace otano-occidental doivent clairement être vues dans la perspective que face aux échecs des nostalgiques de l’unipolarité subis sur les plans géoéconomique, géopolitique et plus généralement parlant sur le plan stratégique – le fait est que l’axe otanesque se rapproche également d’une défaite militaire évidente. La seule question qui reste aujourd’hui à traiter étant où se situera la ligne de démarcation.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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