mardi 23 mars 2021

Impossibilité de se confronter à son propre vide ? lisez Lovecraft…

Une bande d’imbéciles se lance dans un carnaval à Marseille pour mieux dire qu’ils s’en foutent de ceux qui crèvent, des gens qui étouffent en réanimation, ils ne peuvent pas rester seuls avec eux-mêmes. Et loin de découvrir que si cette solitude est abominable c’est parce qu’ils ont besoin des autres, parce que l’autre est la trame de soi-même, ils ne rêvent que de masques, de travestissement et de mort programmée… Le carnaval c’est bien ce temps où l’esclave se met à la place du maître pour se conduire aussi mal que lui… Cette bande se la joue comme ceux qui ont fait faillite à la direction du pays, moi, moi, moi… Cela ne m’étonne pas dans la ville de Raoult, celui qui a fait de sa science une pitrerie… alors m’étreint l’interrogation : qu’est-ce je fiche là? Demain dans les rues de la ville je vais sans doute croiser un de ces débiles. Dans le soleil marseillais flotte la brume de l’obscurantisme, celle où l’être humain se rassure de son impuissance ontologique, se réfugie dans la paix et la sécurité de sa propre connerie.

« Ce qu’il y a de plus pitoyable au monde, c’est, je crois, l’incapacité de l’esprit humain à relier tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île placide d’ignorance, environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s’évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu’à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il ne nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel obscurantisme. »

— H.P. Lovecraft, L’Appel de Cthulhu — I. L’horreur d’argile ; édition présentée et établie par Francis Lacassin, Paris, Robert Laffont, 1991, p. 60

On rêve en lisant Lovecraft de remonter à ce qu’il nous laisse croire être sa source : le Necronomicon, le grimoire secret de l’Arabe fou Abdul al-Hazred. C’est la rencontre avec l'”indicible” un mot qu’il affectionne et qui ouvre sur les abimes de notre imaginaire, la description doit s’arrêter pour laisser avancer en nous la peur de ce qui ne peut être prononcé. C’est dans cet indicible qu’est le secret de l’écriture, point n’est besoin d’inventer des monstres, des vampires, des loups garous et autres créatures, dignes des jeux vidéo et de leurs automatismes, elles ne sont rien comparées à ce qui ne peut se dire parce que l’esprit humain porte en lui un grouillement de présences beaucoup plus inquiétantes. Le paradoxe est quand cela rencontre la modernité américaine et son puritanisme.

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Les mythes, les dieux disparus fascinaient Lovecraft et pourtant paradoxalement sa source d’inspiration principale c’était la science forte pure et dure (la biologie, l’astronomie, la géologie, la physique). Le désespoir de l’athée devant son insignifiance tant par rapport à l’immensité de l’univers que par rapport à ce que l’être humain crée comme environnement. Il n’y a plus d’espoir, il ne reste plus qu’à écrire face au mal qui est destiné à envahir l’être humain de l’extérieur comme de l’intérieur, du cosmos comme dans ses œuvres.

Il a suffi d’un virus pour que se fissurent des tas de choses, l’autorité celle de nos gouvernants, le narcissisme autodestructeur, mais aussi la science qui cherche à se vendre, la limite entre le charlatan ou la sommité scientifique ou le professeur Raoult devenu gourou pour la paix et la sécurité de l’obscurantisme contestataire et conservateur. Alors même que la voracité des laboratoires nous masque l’exploit de la création d’un vaccin en si peu de temps.

François Bon a dit des choses très justes sur la difficulté à s’approprier l’écrivain, sa manière de rester à distance, la filiation avec Edgard Poe. Lovecraft, à 16 ans comme Buchner, mais sans engagement politique se lance dans un traité d’astronomie et il meurt à 47 ans d’un cancer dû à la malnutrition, littéralement il meurt de faim. L’essentiel de son œuvre il l’accomplit dans la grande dépression des années trente avec une Amérique tentée par le fascisme, il n’a pas un sou et ne sait pas où et comment en trouver. Encore aujourd’hui il reste confidentiel et François Bon faisant un pèlerinage dans sa ville Providence, Nouvelle Angleterre découvre qu’il n’y a pas de livres de lui dans les librairies. L’Amérique des pavillonnaires coquets n’en a rien à foutre, hier comme aujourd’hui, de son écrivain maudit. Pourtant si l’on en croit Angus Deaton, écrivain, prix Nobel d’économie, qui a mis à jour les données concernant l’Amérique dans un livre intitulé “Morts de désespoir“: pour la première fois depuis la grippe dite espagnole, l’espérance de vie a baissé aux Etats-Unis, le covid n’en est pas la cause mais un cocktail, suicide, overdose d’opiacés et maladies de foie dues à l’alcool et ce dès 2014. En 2017, 158.000 décès de ce type ont été recensés. “Nous racontons une histoire de mort mais aussi de souffrances et d’addiction, de vies qui s’effondrent et perdent toute structure, toute signification” et il y a le système de santé: “l’un des pires des sociétés développées… une calamité propre aux Etats-Unis qui nuit aux vies des Américains” (1)

On comprend que ces êtres-là ne veuillent pas se contempler dans le miroir que leur tend Lovecraft … Qui lit encore autre chose que des posts dans les réseaux sociaux parmi la bande de débiles du carnaval marseillais? Mais est-ce que je ne suis pas en train de vous décourager d’un plaisir pourtant bien réel à la lecture de Lovecraft ?

D’abord ne vous laissez pas rebuter par ce que je viens de vous raconter, ne croyez pas que vous allez être confrontés à une thèse ou à un essai philosophique, Lovecraft écrit des romans, il a conçu une littérature populaire ou la poésie rejoint le mystère, le genre de bouquin qu’on ne lâche pas. Ce que la science, celle des confins de l’espace et des trous noirs recèle d’impossibilité pour l’être humain à être pensé y rejoint les mythes les plus anciens ceux de l’Atlantide, des lieux disparus mais que la terre quand elle s’ouvre sur des gouffres menace de vomir… L’être humain en proie au vice de la lecture est seul, englouti peu à peu dans l’indicible des espaces infinis, de la psychologie des profondeurs…

Il n’empêche …

Mes deux livres préférés de Lovecraft sont “par delà le mur du sommeil” et “la couleur tombée du ciel”… ce dernier correspondant bien à mes effrois adolescents. Seuls le traité théologico-politique de Spinoza et le de rerum natura de Lucrèce m’ont rassurée face à cette contemplation d’une nature qui m’ignore, le vertige devant toute nature dépouillée de la présence humaine, du désert à l’usine abandonnée, les quais vidés de leurs travailleurs. Le vertige est la découverte de l’indifférence de la nature, des objets, à votre engloutissement, elle renvoie à cette inaptitude de l’homme à expliquer l’univers pour donner corps à l’horreur. Dans la couleur tombée du ciel cela surgit de l’incapacité de la science à comprendre comment une météorite mène au chaos.

Lovecraft était pauvre, il n’avait pas le moindre succès, il est quasiment mort de faim, il n’a pas pu voyager alors il nous a écrit ces invitations au voyage dans les confins et les recoins.

Idéal pour un temps du confinement qui nous laisse démunis derrière nos masque et ces vaccins dont la distribution planétaire témoigne de l’incapacité humaine à se sauver… De ce carnaval macabre comme si le temps des épidémies était celui des danses de fous… Parce qu’il est solitude et une sorte d’apocalypse dans lequel le vide nous oblige à affronter tout ce que le bruit vain cachait jusqu’ici.

Puisque vous les confinés que nous rejoindrons sans doute sous peu… avez droit à dix kilomètres, vous pouvez même marcher jusqu’à ce que vous tombiez sur un de ces paysages dans lesquels on est suspendu au bord du vertige, un ailleurs dont on ne reviendra pas. J’aime à m’y arrêter depuis l’adolescence quand je suis arrivée dans un de ces lieux-là, l’océan, le désert, les sombres forêts, les ruines dévorées par la jungle, les fantômes d’une salle de cinéma? SEUL avec votre imaginaire.

Vous pouvez même y goûter la nuit, le couvre-feu, il s’est passé là quelque chose jadis, vous le sentez … Un vieil homme est derrière vous et il vous dit quelques mots sur cette histoire, il disparait sans avoir rien élucidé, et il ne vous reste plus qu’à tenter d’écrire. Comme ce jour en 2006 où j’ai atterri à Ghardaïa, dans le Mzab, le lieu dont s’est inspiré le Corbusier, et dans lequel écrivain et cinéaste ont imaginé l’Atlantide avec une reine dévoreuse d’hommes, comme la fascination des oasis et du sable d’or… Je sais que je veux retourner là-bas pour contempler le désert jusqu’à la nuit si froide que les pierres qui ont cuit tout le jour en éclatent , le tête à tête avec les étoiles, une expérience pas mystique mais spirituelle, peut-être le contraire du confinement.

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Voilà de quel matériau est fait le récit, un lieu chargé de l’humaine l’impuissance, de l’insignifiance, confronté à ce qui le domine et qu’il porte en lui sans le moindre espoir de rédemption. Pour Lovecraft il s’agit de Providence aux Etats-Unis, là où les puritains ont brulé les sorcières, la Nouvelle Angleterre. Il est tombé une météorite qui contamine un puits, les habitants du lieu ne vieillissent pas mais subissent d’étranges métamorphoses depuis que l’ancêtre fondateur a ramené de ses lointains voyages une créature marine. Celui qui pénètre dans les secrets est amateur d’architecture, de biologie, de géologie, un scientifique qui perd pied et tente de se confier par lettre à un collègue tout en errant sur les quais de Kingsport attiré par les eaux visqueuses et les constructions industrielles vides de présence humaine… comme après une crise qui renvoie au chômage et ne laisse plus que des présentes errantes.

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A propos j’aime bien les nouvelle traductions de François Bon parues en 2015 aux éditions Points Seuils. François Bon lui a consacré un site internet en Français : The Lovecraft Monument, je vous conseille d’aller écouter les raisons pour lesquelles il s’est plongé dans Lovecraft.

 

Entre cet "'islamo-gauchisme" infondé et putride de Vidal et l'antisémitisme prouvé et putride de Darmanin, le slalom de Macron

Après les écrits

plus que délictueux de Darmanin

Qui va interpeler le procureur

au titre de l'article 40 ? 

Entre cet "'islamo-gauchisme" infondé et putride de Vidal et l'antisémitisme prouvé et putride de Darmanin, le slalom de Macron

La méthode est habile. Elle montre que son auteur sait qu'il est sur un terrain glissant et donc tente de se couvrir, il en appelle avec sa lecture ultra-réactionnaire de l'histoire aux pratiques antisémites du 1er Empire.

C'est en expliquant la façon dont Napoléon s'y est pris à grand coup de clichés antisémites pour "normaliser" la place des juifs en France que Darmanin argumente ses phobies contre le monde musulman qu'il rassemble dans un islamisme générique. "Regardez, je fais comme Napo, ce héros."

Il se drape dans les plis de cette Restauration qu'est le 1er Empire pour justifier les orientations du macronisme.

On comprend mieux pourquoi les tentatives réïtérées de réhabilitation de Maurras et de Céline, la banalisation de Pétain.

L'ex partenaire actif de la royaliste et antisémite Action Française et ministre de l'intérieur de la République, outre ses démêlés sur ses pratiques clientélo-sexuelles ressort pour argumenter les clichée les plus éculés véhiculés par ses pairs depuis au moins Philippe le Bel et support de tout l'intégrisme catholique jusqu'à nos jours :

Usuriers et semeurs de troubles, la présences des juifs en France selon Darmanin est porteur de "difficultés" que Napoléon va s'attaquer à régler (sachant que la Révolution française, acte fondateur du droit du sol avait non pas octroyé mais établis que les juifs étaient à égalité de droit et de devoir de tous les autres citoyens marquant ainsi, en les installant dans la communauté nationale, une avancée historique majeure en matière de la laïcité des institutions, un moment de l'accomplissement des Lumières.

Et voila Maurras, le maitre à penser de Darmanin , qui sort de la lampe à huile frottée par le satyre puant de Beauvau. Les juifs sont un problème pour Napoléon et pour justifier sa politique Darmanin le prend en justification et l'extrapole au besoin de faire de même avec les musulmans.  La citation relevée  dans un article de Médiapart donne la nausée. 

Seul ce qui est entre guillemets est du caudillo du 1er empire, le reste est la prose du ministre de l'intérieur. : 

 

 

En 2021, le délit d'antisémitisme est établi. Il conduit à deux exigences :

1) Que son auteur soit au plus vite débarqué du gouvernement,

2) Qu'il soit traduit en justice.

Et cela pose aussi une autre question : le CRIF, si réactif d'habitude, va-t-il dénoncer publiquement l'antisémite de la place de Beauveau lequel de plus est chargé des liens avec les autorités confessionnelles ? 

 

On attend les prises de positions officielles tant de toutes les forces politiques, associatives que des autorités morales telles que R.Badinter et d'autres.

Vite, il y a urgence. L'homme a les dents longue et des ambitions , les dents sont à casser, les ailes à rogner et ses pairs à isoler.

 

samedi 20 mars 2021

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Marina Foïs aux César 2021

Marina Foïs aux César 2021

Ce n'est pas un titre de film nominé, mais un résumé du discours d'ouverture des César 2021 par Marina Foïs à l'encontre du palais de l'Elysée et de sa ministre de la Culture. D'ailleurs, par avance, dans la série courage fuyons, madame Roselyne Bachelot n'était pas présente dans la salle. Mais confinée dans une loge. Des fois que ceux qui occupent les théâtres en France, viendraient lui faire un petit coucou.

Et ce que dit le Huffpost sur cette cérémonie 2021: La maîtresse de cérémonie de la 46e nuit des César s'en est pris notamment à Roselyne Bachelot et à sa recette aux pâtes au gorgonzola.

“La ministre n’a pas rien fait. (...) Madame Bachelot vous sortez un livre (...) dans lequel vous donnez votre recette de pâtes au gorgonzola”. À la 46e cérémonie des César, Marina Foïs s’est payé le gouvernement et son choix des priorités pendant la pandémie de coronavirus avec un humour très piquant.

En ouverture de la soirée, ce vendredi 12 mars, la maîtresse de cérémonie a livré un monologue plein de sarcasme. L’actrice a débuté par une analyse globale de la gestion de la pandémie de coronavirus depuis un an, pointant évidemment la fermeture des salles de spectacle, des cinémas ainsi que l’interdiction des concerts.

“Comme (le Covid, ndlr) ça tue surtout les vieux, on a enfermé les jeunes, fermé les cinémas, les théâtres, les musées et interdit les concerts pour ouvrir les églises parce qu’on est un pays laïc. Pour que les vieux qui ont eu le droit de sortir de l’Ephad à Noël aillent à la messe puisqu’on est un pays laïc”, a-t-elle lâché, faisant référence aux images de messes géantes organisées à Noël dans plusieurs communes en France à Noël et qui avaient fait polémique, comme à Gap dans les Hautes-Alpes.

Marina Foïs a poursuivi en s’attaquant ensuite aux décisions de maintenir les grands magasins ouverts tout en laissant les lieux culturels fermés. Une décision que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal peinait d’ailleurs à expliquer dans les colonnes du Parisien le 7 mars. 

“Comme Dieu merci les salles de spectacle étaient fermées, il y avait moins de flux de gens, donc on a pu organiser de gros flux dans les grands magasins et les centres commerciaux pour qu’on puisse s’offrir à Noël des trucs qu’on a déjà pour pouvoir les revendre le lendemain sur Ebay (...) tout ça pour soutenir le personnel soignant pour qu’il y ait du monde en réa. Parce que quoi de plus triste qu’un lit vide. C’est comme une salle vide pour un artiste, mais Dieu merci les salles de spectacle étaient fermées, donc elles ne risquaient pas d’être vides ou pas assez remplies parce que c’est vrai l’art quand c’est pas rentable, ça fait chier (sic).”

“C’est maso, comme avoir une pharmacienne à la culture en pleine pandémie”

La suite a dû faire bondir de sa chaise la ministre Roselyne Bachelot, présente dans les coulisses de la salle. “Soyons justes. Le gouvernement n’a pas rien fait. Il y a des aides. Et la ministre non plus elle n’a pas rien fait. Madame Bachelot vous sortez un livre, en prévente sur Amazon, Ma vie en Rose dans lequel vous donnez votre recette de pâtes au gorgonzola. Vous avez vraiment des petits trucs pour donner du réconfort pour traverser les crises,” a-t-elle ironisé avant de poursuivre sa tirade préparée avec ses co-auteurs pour la soirée, Blanche Gardin et Laurent Laffite.

“Mais en interview chez Delahousse vous dites: ‘le gorgonzola, ça se râpe très bien’. Et la je vous perds Madame la Ministre et je perds confiance en vous. Le parmesan oui, le gorgonzola non ça ne se râpe pas. Et que faire lorsqu’on a plus confiance en son ministre de tutelle à l’heure où se joue l’avenir du cinéma et de l’exception culturelle française?”

Marina Foïs a conclu son discours de près de huit minutes en tentant d’expliquer pourquoi elle avait accepté d’être la maîtresse de cérémonie de la soirée alors qu’elle n’a jamais remporté le moindre César, malgré cinq nominations. “C’est quand même un peu sadique de proposer, c’est carrément maso d’accepter. C’est comme avoir une pharmacienne à la culture en pleine pandémie.” Ambiance. 

Note de ma pomme: Le film Adieu les cons d'Albert Dupontel a récolté pas moins de 7 César 2021. Je n'ai certes pas vu ce film. Mais en ce moment, plus qu'en un autre, le titre me laisse songeur et plein d'espoir. Pas Vous?

 

Pourquoi l’OTAN a détruit la Libye il y a dix ans

Il y a dix ans, le 19 mars 2011, les forces EU/OTAN commençaient le bombardement aéronaval de la Libye. La guerre fut dirigée par les États-Unis, d’abord via le Commandement Africa, puis par l’OTAN sous commandement des EU. En sept mois, l’aviation EU/OTAN effectue 30 mille missions, dont 10 mille d’attaque, avec plus de 40 000 bombes et missiles. L’Italie – avec le consensus multi-partisan du Parlement (Partito democratico au premier rang) – participe à la guerre avec 7 bases aériennes (Trapani, Gioia deL Colle, Sigonella, Decimomannu, Aviano, Amendola et Pantelleria) ; avec des chasseurs bombardiers Tornado, Eurofighter et d’autres, avec le porte-avions Garibaldi et d’autres navires de guerre. Avant même l’offensive aéro-navale, avaient été financés et armés en Libye des secteurs tribaux et groupes islamistes hostiles au gouvernement, et infiltrées des forces spéciales notamment qataris, pour propager les affrontements armés à l’intérieur du pays.

Ainsi est démoli cet État africain qui, comme l’expliquait la Banque mondiale en 2010, maintenait « de hauts niveaux de croissance économique », avec une augmentation annuelle du PIB de 7,5%, et enregistrait « de hauts indicateurs de développement humain » parmi lesquels l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et, pour plus de 40% aux universités. Malgré les disparités, le niveau de vie moyen était en Libye plus haut que dans les autres pays africains. Environ deux millions d’immigrés, en majorité africains, y trouvaient du travail. L’État libyen, qui possédait les plus grandes réserves pétrolifères de l’Afrique plus d’autres en gaz naturel, laissait des marges de profit limitées aux compagnies étrangères. Grâce à l’exportation énergétique, le balance commerciale libyenne avait un excédent annuel de 27 milliards de dollars. Avec de telles ressources, l’État libyen avait investi à l’étranger environ 150 milliards de dollars. Les investissements libyens en Afrique étaient déterminants pour le projet de l’Union africaine de créer trois organismes financiers : le Fonds monétaire africain, avec siège à Yaoundé (Cameroun) ; la Banque centrale africaine, avec siège à Abuja (Nigeria) ; la Banque africaine d’investissement, avec siège à Tripoli. Ces organismes auraient servi à créer un marché commun et une monnaie unique de l’Afrique.

Ce n’est pas un hasard si la guerre OTAN pour démolir l’État libyen commence moins de deux mois après le sommet de l’Union africaine qui, le 31 janvier 2011, avait donné son feu vert pour la création dans l’année du Fonds monétaire africain. Le prouvent les e-mails de la secrétaire d’État de l’administration Obama, Hillary Clinton, mis en lumière ensuite par WikiLeaks : États-Unis et France voulaient éliminer Kadhafi avant qu’il n’utilise les réserves en or de la Libye pour créer une monnaie pan-africaine alternative au dollar et au franc CFA (la monnaie imposée par la France à 14 de ses ex-colonies). Ceci est prouvé par le fait que, avant qu’en 2011 n’entrent en action les bombardiers, ce sont les banques qui entrent en action : elles séquestrent les 150 milliards de dollars investis à l’étranger par l’État libyen, dont la plus grande partie disparaît. Dans la grande rapine se distingue Goldman Sachs, la plus puissante banque d’affaires étasunienne, dont Mario Draghi a été vice-président.

Aujourd’hui en Libye les entrées de l’export énergétique se trouvent accaparées par des groupes de pouvoir et des multinationales, dans une situation chaotique d’affrontements armés. Le niveau de vie moyen de la majorité de la population s’est effondré. Les immigrés africains, accusés d’être « des mercenaires de Kadhafi », ont été emprisonnés jusque dans des cages de zoo, torturés et assassinés. La Libye est devenue la principale voie de transit, aux mains de trafiquants d’êtres humains, d’un chaotique flux migratoire vers l’Europe qui a provoqué beaucoup plus de victimes que la guerre de 2011. À Tawerga, les milices islamistes de Misrata soutenues par l’OTAN (celles qui ont assassiné Kadhafi en octobre 2011) ont accompli un véritable nettoyage ethnique, contraignant presque 50 000 citoyens libyens à fuir sans pouvoir y revenir. De tout cela est responsable aussi le Parlement italien qui, le 18 mars 2011, engageait le Gouvernement à « adopter toute initiative (c’est-à-dire l’entrée en guerre de l’Italie contre la Libye) pour assurer la protection des populations de la région ».

Manlio Dinucci

source : https://ilmanifesto.it

traduit par M-A P. Le Grand Soir

 

mercredi 24 février 2021

Un chanteur espagnol jeté en prison pour avoir loué Staline et l’URSS

Ce qui est évident à la lecture de ce texte sur le deux poids, deux mesures de l’occident en matière de liberté d’opinion, c’est que les “démocraties” occidentales sous couvert de “terrorisme” sanctionnent de plus en plus des “crimes” d’opinion qui les contestent et encouragent les fascismes. C’est pour cela qu’une législation anti-terroriste dans une situation où on construit une unique alternative Le Pen-Macron n’est en fait qu’une manière de transformer la démocratie en acceptation du néo-libéralisme, d’une commune oppression des peuples en tant que travailleurs alors qu’elle est présentée sous une forme raciste ou ici anti-communiste (stalinienne) pour diviser les travailleurs. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

                            18 février 2021

Photo: REUTERS / Lorena Sopena

Texte: Vladimir Dobrynin

https://vz.ru/world/2021/2/18/1085750.html

Des émeutes et des affrontements avec la police ont secoué plusieurs villes d’Espagne – et tout cela à cause de l’arrestation d’un homme qui assure que «l’URSS reviendra». Pourquoi le chanteur Pablo Hasel a-t-il été placé en détention, pourquoi déteste-t-il la démocratie espagnole et la monarchie, et d’où lui vient son admiration pour l’Union soviétique?

Le rappeur espagnol Pablo Rivadulla Duro, mieux connu sous son nom de scène Pablo Hasel, d’après le personnages d’un recueil d’histoires de la littérature arabe, ira finalement en prison. Plusieurs dizaines de policiers, pour appréhender le chanteur, ont dû menacer de prendre d’assaut les locaux de l’université de Lleida. Le chanteur s’y était barricadé et y avait passé la nuit entouré d’une cinquantaine de ses partisans. Mais à la fin, tout s’est passé sans faire de victimes et sans bris de verre, même s’il y avait de la fumée dans les locaux, comme on peut le voir dans les images publiées par la presse espagnole. Montant dans une voiture de police après avoir été détenu, Hasel a crié: “Mort à l’Etat fasciste!”, “Ils ne nous feront jamais taire!”

Pablo Rivaduglia est né à Lerida (Lleida est la version catalane du nom de la ville) en 1988. Comme la plupart des Catalans, il n’est pas enthousiaste à l’idée d’avoir leur autonomie au sein du royaume espagnol, et cela se reflète dans son travail, qui est principalement consacré à la critique de la famille royale et de ses activités. La démocratie moderne, qu’il décrit comme la tyrannie, est un autre sujet auquel Hasel réagit vivement.

D’où vient que Pablo, pour le moins, n’aime pas le monarque espagnol? Le fait est peut-être que, de son point de vue, le gouvernement dissimule les machinations du roi détrôné, contraint de quitter son pays en raison de soupçons d’avoir reçu illégalement 65 millions d’euros de ses collègues saoudiens et de ne pas avoir payé d’impôts dessus.

Les médias espagnols estiment qu’à un âge trop jeune il “a commencé à lire des livres” et qu’il y a “puisé fermement de nouvelles règles”. Les livres n’étaient pas les bons, en conséquence “sa vision du monde s’est formée sous l’influence de personnalités telles que Vladimir Maïakovski, Joseph Staline et Che Guevara”. C’était le chemin de Pablo vers le Parti communiste espagnol (rétabli) –selon l’abréviation espagnole CPE (r). Le parti a été fondé en 1975 quelques jours avant la mort du dictateur Franco, c’est-à-dire juste à la veille du triomphe de la démocratie. Que Pablo a prise à la lettre et une fois atteint un âge raisonnable, il a décidé d’utiliser les valeurs qu’elle proclamait (en particulier la liberté d’expression).

Les autorités ont enduré ces déclarations jusqu’à ce que Hasel décide de défendre le secrétaire général du CPE (r), Manuel Perez Martinez, emprisonné pour 17 ans.

Le camarade Arenas (pseudonyme du secrétaire général) a été mis derrière les barreaux en raison de son “appartenance au Groupe de résistance antifasciste (GRAPO)”. Le groupe a été créé en 1975 (quelques mois avant le départ de Franco pour un autre monde), a proclamé le marxisme-léninisme et l’antifascisme comme son idéologie, et son objectif était de construire une “république populaire, fédérale et socialiste” en Espagne. Le GRAPO est considéré comme une organisation terroriste dans l’Union européenne et aux États-Unis.

Le GRAPO était considéré comme la “branche armée” du Parti communiste. Il a fonctionné à la fin des années 70 – début des années 80 du siècle dernier. Il a à son compte environ 80 policiers tués. Le groupe obtenait lui-même de l’argent pour ses actions, en l’extorquant à des hommes d’affaires et même en dévalisant une fois une succursale de la banque Banco del Noroeste. Il ne jouissait pas d’un grand soutien. Des solitaires se faisant appeler membres du groupe de temps en temps menaient de petites actions jusqu’en 2011.

«Le GRAPO était la légitime défense contre l’impérialisme et ses crimes», «Je pense aux balles que les juges nazis ne trouveront jamais» – les tribunaux espagnols interprètent ces déclarations de Pablo Hasel comme de la propagande du terrorisme. En effet, qui est Hasel? Selon les lignes des verdicts de la cour, c’est une personne qui soutient et glorifie le terrorisme. Mais lui-même n’a pas commis d’actes de terrorisme. Admirer la brutalité de quelqu’un d’autre est à peu près la même chose que les jeunes de 14 ans échangeant volontiers leurs opinions sur les exploits du pirate Peter Blood et des corsaires.

Hasel a été arrêté pour la première fois à Lleida en octobre 2011, presque immédiatement après la sortie de sa vidéo Democracia su puta madre (la version la plus proche de la censure peut se traduire par «Démocratie, ta pute de mère»), consacrée au sort du camarade Arenas. Le rappeur a été condamné à deux ans de probation “pour avoir loué le terrorisme dans les paroles”.

En 2017, le parquet a exigé qu’on lui en ajoute encore «cinq» pour «insulte à la couronne et diffamation de l’État», publiée sur les réseaux sociaux. En 2018, il a été condamné à deux ans et un jour de prison, peine réduite à neuf mois, et le processus de dépôt et d’examen d’un appel a été retardé jusqu’en janvier 2021. A cette époque, les médias espagnols ont commencé à analyser « 64 tweets et aphorismes pour lesquels il est allé en prison».

Les plus impressionnants sont les suivants:

” GRAPO était la légitime défense contre l’impérialisme et ses crimes.”

Le bandit Bourbon [le roi Juan Carlos I] a fréquenté la monarchie saoudienne, parmi ceux qui financent Daech. Rien ne change. “

“Si les gens aiment tellement la monarchie, comme nous le disent les autorités, laissez aller la famille royale sans accompagnement dans nos rues.”

“Ada Colau [le maire de Barcelone] ne traitera pas le roi de criminel pour avoir vendu des armes à l’Arabie saoudite ou pour vivre de manière luxueuse au prix de la pauvreté de la majorité de la population.”

“Encore une famille a été expulsée de sa maison, après qu’on lui ait coupé l’eau et l’électricité : le capitalisme c’est la  barbarie, naturellement, je suis nostalgique de l’URSS.”

“Staline est un leader exceptionnel qui a envoyé des fonctionnaires corrompus au GOULAG. Nous devons retrouver la société qu’il dirigeait! Quelles que soient les manipulations qu’ils entreprennent pour interpréter les événements historiques, il reste toujours un héros pour des millions de Russes qui aspirent à se libérer du joug capitaliste et de ceux qui les ont trahis. “

    «Je suis coupable de réaliser que le capitalisme est la racine du problème. Qu’il sert les intérêts d’une poignée de sacs d’argent qui nous exploitent. »

“L’URSS reviendra, elle reviendra certainement, car il n’y a pas d’avenir sans socialisme. De plus en plus de peuples emprunteront la voie du communisme et les exploiteurs iront travailler dans les mines en Sibérie.”

“Le féminisme des exploiteurs en jupe ne représente pas les intérêts d’une femme de la classe ouvrière.”

La presse espagnole moderne a une attitude particulière à l’égard de l’URSS. Les principaux journaux du pays décrivent régulièrement les efforts héroïques de la Division Bleue espagnole qui se gelait dans les tranchées et mangeait de la vache enragée, participant au blocus nazi de Leningrad. Et voilà qu’un jeune homme loue cette même l’URSS qui a survécu à la guerre et qui l’a gagnée.

Le 13 février, à Madrid, où la quarantaine des coronavirus est endémique, une manifestation a eu lieu à la mémoire des combattants «bleus», programmée pour coïncider avec la date de leur défaite finale à Krasny Bor en 1943. Pour cette marche de trois cents nazis de la Juventud Patriota de Madrid (Jeunes patriotes de Madrid), l’autorisation officielle des autorités a été obtenue. En même temps, il est interdit à trois personnes de s’arrêter pour bavarder dans la rue. Et il est impossible d’obtenir l’autorisation pour une manifestation en général (et à plus forte raison anti-quarantaine).

La BBC britannique souligne en clair que “le rappeur espagnol Pablo Hasel a été condamné à la prison pour avoir insulté le roi”. Seule l’Espagne ne le remarque pas.

À propos, les principaux journaux du royaume pyrénéen ont préféré garder le silence sur Navalny ce jour-là: ils contredisent en quelque sorte les demandes de “libérer immédiatement le prisonnier politique russe” en incarcérant un musicien qui n’a troublé la paix du pays qu’avec ses chansons et tweets. Par ailleurs, le vice-premier ministre du gouvernement espagnol Pablo Iglesias a récemment déclaré: “Comment pouvons-nous considérer notre pays comme une démocratie si les conflits politiques ont cessé d’être réglementés par les canaux politiques, et sont finalement résolus par les tribunaux et la police?”

La formulation standard, que les libéraux russes aiment utiliser est: “Vous ne pouvez pas emprisonner pour des mots, la vraie démocratie ne fait pas cela.” Comme vous pouvez le voir, elle le fait très bien, et cela est reconnu dans les hautes instances espagnoles.

Le lendemain, des manifestations spontanées ont commencé dans plusieurs villes d’Espagne demandant la libération du rappeur et appelant la police à «ne pas recourir à la violence». Environ 200 artistes du pays, dont le réalisateur Pedro Almodovar et le célèbre acteur Javier Bardem, ont signé une pétition demandant “de revoir la législation sur la diffamation et de ne pas assimiler la critique de la monarchie au terrorisme”.

Les manifestations ne sont pas restées pacifiques longtemps – déjà mercredi, elles ont dégénéré en affrontements avec la police, utilisant des bouteilles et des pierres comme “arme du prolétariat” d’une part, et une réponse civilisée avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc d’autre part. Au matin du jeudi 18 février, le nombre de détenus à Madrid, Barcelone, Gérone, Lleida se comptait par dizaines.

Note de Pedrito

Qui peut nier à la lecture des multiples crimes et dérives tels celui -ci,  qui illustrent notre info quotidienne, qui pourra encore nier  que nos démocraties "libérales" occidentales sont malades du fric, du capitalisme, de l'égoïsme  et de la folie criminelle que ce mal engendre jusque chez les gosses de 13 ans dont les "bandes" criminelles sont la seule famille, sans autre repères que ceux des parents déboussolés par des décennies de promesse trahies par la gauche caviardée? 

Qu'est devenu le Parti qui redonnait espoir aux plus pauvres et aux plus humbles?

Le Parti Communiste au service du peuple et de la lutte des classes sociales laborieuses, et non des pros de la lutte des places!!