CHAPEAU ET MERCI, MONSIEUR HUBERT YONNET
Vibrant et long hommage à l'institution YONNET, à Hubert YONNET ensuite, qui vient de quitter ce monde où il a tant consacré au TORO. Longs applaudissements du public, debout, souvenir remis au mayoral, séquence émotion, on a beau dire, des ganaderos de cette trempe, il n'en nait pas un tous les matins. Pour les aficionados, YONNET évoquera toujours l'aficion vraie, le profond respect du à celui qui ne s'est pas laisser entraîner sur les pentes de la facilité. Tout, sauf le mercantilisme. Les alguaciles défilèrent d'abord à pied jusqu'à la présidence, et retournèrent à la porte d'entrée pour le paseillo traditionnel, après la séquence hommage. Les novillos sont sortis avec la devise noire.
Luis GERPE accueille son novillo de 7 véroniques, conclues de la media larga et d'une rebolera. Qui seront certainement ses gestes les plus taurins de la tarde. Il laisse massacrer tranquillement le YONNET, première pique trasera et pompée, seconde trasera sortie et replacée sans gêne aucune, troisième ratée. Après les banderilles, le novillo déjà laisse pendre la langue. Dès les premiers derechazos, GERPE recule, se fait accrocher le drap, ses gestes sont saccadés, sans temple. Avec la main gauche, le garçon se découvre et se fait soulever, heureusement sans grand mal. Mais c'est le signal du commencement de la fin. Rapide. Le YONNET s'est avisé, GERPE conclut sans attendre d'une entière plate, en perdant la muleta.
Très mauvaise mise en suerte du second novillo, qui prend quatre piques, la première et la dernière traseras et carioquées: pas de honte, pas de problème! Puis le garçon se découvre dès le début des hostilités, il se fait avertir par trois fois, arrache quand même quelques naturelles sans se croiser, se permet enfin un desplante de mauvaise facture en caressant le front du novillo, après quelques fioritures pour la galerie. Aucun poids sur le novillo, aucun dominio. Ce qui lui vaut une oreille, après une entière précédée de deux pinchazos. Est-il nécessaire d'aller chercher un palco à BILBAO pour laisser brader des trophées sans valeur?
Le novillo de Juan MILLAN est un negro bien armé, de peu de tamaño. Première pique dans l'épaule, les trois autres carioquées, piquero hué, chadrilla aux abois. Dès les premiers muletazos, MILLAN se fait promener, ce qui ne l'empêche pas de componer la figura pour toréer le public. Ici, on lui crie "Pico", plus loin c'est "Cruzate", il continue de faire des passes sur le voyage de l'animal qui, LUI, commande, alors que MILLAN subit. Se fait conduire. Le novillero se découvre, comme tant d'autres qui ne savent du toreo que celui de salon. Une entière sur le côté pour conclure, 131 mouchoirs, dont 25 à la musique, pas d'oreille!! Mais MILLAN sort pour saluer, fait mine de faire la vuelta, - il se croit à MARBELLA ou à CASTELLON- beaucoup de voix et d'aficionados se lèvent aussitôt pour le renvoyer au callejon, ce qu'il comprend heureusement assez vite.
Son second, le quinto de la tarde, est joli, bien que juste de trapio, noir, long, et bien armé. Il rue comme un asinien, ou comme un manso qu'il est. Première lance trasera, il s'échappe du cheval à la seconde, sans pousser, idem pour la légère troisième. MILLAN cite du centre, pour une courte série, son novillo fuit vers les planches. Les séries sont décousues, le garçon se fait désarmer, réussit 3 ou 4 naturelles sans jamais peser ni s'imposer, pasito atràs. Entière trasera, en se mettant devant, un avis, quinze descabellos environ.
Second VALENCIA de la feria, Guillermo le Colombien saura-t-il nous distiller un peu de cette tauromachie du nouveau monde, comme la veille le Vénézuélien César? Son novillo est veleto, astifino, la première pique est immédiatement levée. La seconde est une piquette pour la forme, la troisième est trasera, N.d.D. comme si çà nous avait manqué! Il manquera une rencontre à ce novillo, qui brâme comme un manso dès les premiers muletazos, mais qui prend rapidement le dessus sur le Colombien, dépassé et sans grand recours. C'est loin d'être un bonbon, comme me le susurre un voisin, ce torito qui promène VALENCIA, le désarme, jusqu'à ce qu'il le prenne et le soulève pour une impressionnante cogida, le novillero est évacué à l'infirmerie. C'est GERPE qui prend l'épée pour occire le YONNET, ce qui ne sera pas tâche facile. Une entière au cinquième essai, le novillo à genou refusant de mourir, longuement, image poignante d'un manso con casta dont Hubert aurait été très fier.
Pour l'ultime de la tarde, retour de VALENCIA, contre toute attente, tellement sa voltereta avait été impressionnante. Il y a parfois des miracles dans les ruedos, pas toujours, hélas. Le novillo prend une bonne pique, pousse et soulève la cavalerie. Remis en suerte, il accourt du centre et le piquero ajuste parfaitement pour une deuxième rencontre propre. Troisième rencontre propre à nouveau depuis le centre, peu poussée. Piquero ovationné. Premiers muletazos avec la main droite. Le novillo gratte le sol, hésite. Série de naturelles sans se croiser, puis à nouveau avec la main droite, sans se croiser. VALENCIA se fait désarmer, la musique s'arrête net. Enfin!! Le novillo ouvre la gueule, nouvelles série avec le pico, avant une entière tombée.
Oreille de plage, le torero n'ayant incontestablement pas été à la hauteur: une vuelta aurait suffi pour récompenser son retour. De plus, truquages et trampas diverses ont eu libre cours, le novillero ayant décidé d'associer le mayoral et le piquero à sa vuelta. On continue de tout mélanger, de laisser faire ce qu'il ne faut pas, de fermer les yeux, sur tous les abus, comme si la corrida ne souffrait pas d'assez d'expédients et de coquineries de toutes sortes
9/10 ème d'arène.
J'ai compté 20 rencontres avec la cavalerie, certaine avortée, beaucoup de crapuleuses.
Il a suffi qu'un braillard près de nous, gueule "musica", quand nous critiquions les passes dans le vent, pour que le palco "de Bilbao" déclenche la cacophonie. Ainsi, les gogos de PARENTIS sont maitres "chez eux", comme ils le aiment le clamer. Ils n'ont pas besoin des "estrangès"...
Lot de YONNET régulier, bien présenté, un peu faible, malgré un fonds de caste évident, et beaucoup d'intérêt et de plaisir pour l'aficionado. Spectaculaires à la pique. Peu maniables pour les toreros un peu verts qui les affrontaient, l'attrait de la course ne faiblit jamais. Très loin des coursiquettes à une piquette du mono- encaste en vogue chez les enterreurs de la FIESTA BRAVA
Mesdames et messieurs les organisateurs, surtout persister dans le choix de ne plus primer les piqueros: il y en a peu d'honnêtes, et la majorité d'entre eux se satisfait probablement des primes que leur versent les toreros pour assassiner ou invalider les toreros. La solution viendra peut-être un jour de séparer les picadors du gros des cuadrillas, et de les engager individuellement. Pourquoi pas?
Enfin, ici comme ailleurs, beaucoup trop de monde dans les callejons, plein de gens qui sont vos amis, certes, ou les amis de vos amis, mais qui n'ont rien à y faire: çà se montre, çà bouge sans arrêt, çà distrait les toros, et çà tente d'influencer le palco, ce qui est anormal, pour des gens qui ne passent pas à la taquilla
Fin de la feria 2014 de PARENTIS
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