GUARDIOLA-FANTONI: UN PARFUM DE FERIA DE TOROS
Et pourtant, elle n'avait pas très bien commencé, la San Bertomeu, avec ce premier exemplaire manso et sans jus, à l'image de DIEGO FERNANDEZ sans autre recours que le pico et les coups de torchon de profil, et avec le second GUARDIOLA qui cherchait la sortie dès son entrée en piste, et passa son temps à prendre querencia aux planches, malgré les efforts de CURRO de la CASA pour le ramener au centre du ruedo.
Joli berceau de cornes, certes, mais grande mansedumbre et peu ou pas de jus. Ce premier novillo pose trop de problèmes à FERNANDEZ qui a oublié - si tant est qu'il ne les ait jamais appris - les fondamentaux de la lidia. Depuis les tendidos, une voix lui rappelle qu'il doit "cargar la suerte", mais c'est peine perdue pour le chaval, qui égrène des passes de profil conclues d'un tiers d'épée dans le cou, avant la même en pire, avec 2/3 d'acier au même endroit interdit. Ni toréer de verdad, ni tuer proprement, le novillero fut sans envie ni technique, il lui reste tout à apprendre.
Avec le quatrième novillo, changement de partition, mais hélas le musicien reste le même. L'animal provoque un batacazo contre les planches, cet épisode émouvant dont rêvent les aficionados, non pas pour le plaisir de voir s'effondrer la forteresse, mais pour cette image impressionnante de la charge violente d'un vrai toro de combat de plus en plus rarissime, le GUARDIOLA ira quatre fois au cheval pour quatre piques de salopard, sans être mis une seule fois correctement en suerte, le novillero restant aux abonnés absents, lorgnant le plus souvent vers la pointe de ses zapatillas. Quelques muletazos ensuite sur le passage du convoi, et la musique....
La musique!!! Assourdissante autant qu'injustifiée pour ce genre de démonstration de destoreo!! Abominable, messieurs du palco, même si l'on vous aime bien, parfois, de déclencher la fanfare avant même que le novillero dépassé ait tenté UNE SEULE NATURELLE, alors que ce garçon torée le public! Il n'y a pas que des festayres, dans l'arène de PARENTIS, au contraire, et vous devez le savoir et en tenir compte, il y a aussi des aficionados, certains qui viennent de très loin pour voir autre chose qu'une parodie de lidia, et qui donc savent reconnaître et apprécier ce qui est mérité et ce qui ne l'est pas. Et un palco d'aficionados à PARENTIS se doit d'être un peu plus sérieux que dans certaines plazas et placitas à touristes. FERNANDEZ fait passer son noble et encasté novillo avec le pico, sans jamais mandar, ni templar, ni parar, avant un tiers de lame et de très nombreux descabellos ratés, jusqu'aux trois avis du déshonneur, logique conclusion, qui était prévisible, de la pâle prestation de FERNANDEZ que l'on aurait au moins pu dispenser de cette musique inappropriée.
Le second novillo de la tarde cherche la sortie. Une seule pique correcte sur les trois rencontres avec la cavalerie, - lors de la première il y a un mètre entre le novillo et le cheval !!- peons postés près du cheval, le novillo reste indécis et distrait. Curro l'entraîne ensuite au centre, en musique - ENCORE !!!- il se fait désarmer, et le palco décidément à l'unisson laisse la banda musicale continuer son vacarme alors qu'il doit cesser dès le désarmé, la suite est du même tonneau, le novillero un peu trop vert s'envoie le novillo dessus, se fait poursuivre et dominer. Un golletazo pour conclure. Avec le cinquième, premier désarmé avec le capote. Le novillo prend trois piques correctes - à souligner, par ces temps de saigneurs !- , la dernière en partant de 15 mètres. Puis cite de face et loin, Curro met ainsi en valeur la charge de son novillo, qui répond sans se faire prier, avant de désarmer et de bousculer le piéton. Le GUARDIOLA reste solide, bouche fermée, il répond aux cites de la muleta avec noblesse et entrain, l'accroche aussi à maintes reprises. De la CASA garde le cap et nous offre de belles naturelles, alterne passes croisées, accrochages et désarmés, avant de céder aux vieux démons du profil: ce sera la faute de trop, prélude à deux cogidas spectaculaires qui le laissent un moment groggy, deux cogidas que nous sentions venir avec cet encasté qui n'avait rien d'un mouton, malgré la noblesse de ses embestidas. Entière, la conclusion qui tarde, et deux avis!
Le troisième de la tarde, le premier pour le jeune Vénézuélien César VALENCIA - 19 ans - part du centre de l'arène pour malmener la cavalerie. Avec du jus et de la caste à revendre, il repart du centre pour deux autres rencontres avec le picador. Olé! Ensuite, il accompagne jusqu'aux tablas le banderillero qui vient de clouer les bâtonnets sans qu'il l'y ait invité. Troisième paire de banderilles clouées au balcon. Olé! VALENCIA cite ensuite de face, en se croisant, pour une série de la droite, deuxième série un peu plus serrée, puis tentative à gauche et désarmé dès la seconde série. Son GUARDIOLA ne s'en laisse pas compter non plus, il prend le dessus sur le novillero qui a recours à quelques passes de châtiment, avant de recevoir l'entière un peu tombée qui le couche. Une oreille ne m'aurait pas choqué, pour les gestes, le courage, le pundonor du novillero, le public reste coi. Même pas appelé à saluer, les valeurs se perdent partout, même dans les temples du toro.
L'ultime de la tarde va lui aussi donner du fil à retordre au Vénézuélien. Quatre rencontres avec le varilarguero, les plus sérieuses la première et la quatrième, les deux autres en poussant peu ou pas. VALENCIA banderille lui-même, il le fait bien. Le novillo étale sa caste, à voir maintenant sa noblesse. Erreur de VALENCIA, qui veut débuter au centre avec un pendule "castellaniste", et se fait cueillir de plein fouet. Après la rouste, il choisit la méthode "au goût du jour": le profil. Il se fait promener et bousculer au cours d'une faenita sans attrait et sans rapport avec sa première prestation, beaucoup plus engagée. Une épée entière et deux oreilles tombent simultanément du palco, dont une de trop, celle du courage suffisait. Peut-être le président a-t-il voulu récompenser la première faena?
Il n'empêche, deux mouchoirs simultanés, encourage les quémandeurs d'oreillettes de pacotille. Quand à la vuelta du mayoral avec le novillero, c'est encore une ficelle dont abusent de nombreux tricheurs. J'eusse préféré la vuelta du mayoral seul, beaucoup plus méritée que celle du novillero.
4/5 èmes d'arène.
19 rencontres avec les piqueros !!
Excellente entrée en matière, avec ce bel et bon lot de GUARDIOLA-FANTONI
Ailleurs, il y aurait certainement eu une, deux, peut-être trois, mouchoirs bleus. Ici, pas une vuelta al toro. Le sixième, au moins, aurait du être honoré, pour l'ensemble du lot, qui méritait plus que la vuelta du mayoral dont profita le novillero.
RIEN! Pas un mouchoir bleu pour l'ensemble, du moins pour quatre novillos qui possédaient la caste ! Avare d'hommages mérités, Didier GODIN, hélas plus que de cette musique tonitruante, que ne réclament que les ....gogos!!
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