samedi 11 novembre 2017

MON 11 NOVEMBRE A MOI.

Je ne suis plus membre de la F.N.A.C.A. depuis quelques années, c'est-à-dire depuis que j'ai réalisé que des appelés comme moi, au sein de mon ancien comité local, profitaient des repas de commémoration du 19 Mars, pour faire un étalage malsain de leurs "faits de guerre" - des crimes- qu'évidemment je réprouvais,  d'actes barbares, odieux, indignes d'êtres humains, fussent-ils des soldats. J'ai ainsi entendu parler l'un d'eux, à MADIRAN, en parlant d' Algériens: "j'en ai buté (sic!) trois....cinq....", je ne me souviens pas du nombre, çà n'était pas évidemment là le plus important, - quoique !- mais cette immense connerie à se vanter d'avoir tué des gens dont le tort était de défendre leur pays les armes à la main, -comme des Français le firent contre l'occupant nazi,- pour le libérer du colonialisme, peut-être même des innocents qui avaient le malheur de croiser le chemin de ces infâmes abrutis en uniforme....Peu nombreux, certes, ils étaient, parmi mes camarades anciens d'Algérie, mais avec un verre ou deux dans le nez, ils se prenaient pour des héros. 
De plus, avec le drapeau du comité FNACA, ils se rendaient dans les églises, l'âme aussi "propre" que leurs mains. Le comble, pour un agnostique tel que moi, de voir les drapeaux de combattants s'incliner devant les commandements des curés. C'était devenu insupportable. Je décidais alors d'abandonner cette association. 
Aujourd'hui, dans ma petite commune d'ANDREST, mon ami d'enfance Jean Louis, comme moi originaire de MARCIAC, s'occupe des anciens d'Algérie, rattachés au comité cantonal voisin. Par amitié pour lui, j'accepte de porter le drapeau  pour les diverses commémorations annuelles, pour aussi conserver quelques liens avec ceux qui, comme moi, ont sacrifié une partie de leur jeunesse, contre leur volonté, à servir un empire colonial dont à l'époque nous ne mesurions pas, du moins pour ce qui me concerne,  les tenants et aboutissants. Ensuite, nous terminons les cérémonies autour du verre de l'amitié, offert par la Municipalité. J'ai appris depuis peu que d'autres anciens d'Algérie, plus au fait que moi, plus politisés que je l'étais à 19  ans, quand je dus quitter mon Gers natal pour aller travailler à ROUBAIX, ont refusé de partir, mieux encore, d'autres aujourd'hui, reconnus anciens combattants, reversent le montant intégral de cette pension à une association Algérienne. Cela, j'insiste, je viens seulement de l'apprendre, je veux en profiter pour leur rendre ici l'hommage qu'ils méritent. Camarades:  chapeau! Je n'avais jamais imaginé qu'il puisse exister des citoyens avec une telle grandeur d'âme. Comme je me sens humble, petit, devant votre générosité.
J'en viens enfin à aujourd'hui,  ce jour d'Armistice,  où j'ai mieux mesuré quelque chose d'inouï. Émouvant! Immobile, avec mon drapeau, face au monument aux morts où sont gravés les noms de ceux qui périrent sous le déluge de feu durant la grande boucherie, ce qui fit surtout s'enrichir les marchands de canons, j'ai dénombré  19 noms, dix neuf enfants de 20 ans, qui partirent d'ANDREST, leur village, leur BIGORRE natale, abandonnant familles, fiancées, copains, laissant derrière eux à jamais perdues leur jeunesse et leur joie de vivre comme ils pouvaient l'éprouver à 20 ans.
Pour se faire tuer sur le front Allemand!!
La commune comptait en 1914 , 702 habitants ! Sept cent deux !! Source: une nomenclature des communes Françaises parue en 1914 qui trône dans ma bibliothèque! 19 jeunes Andrestois d'à peine 20 ans furent assassinés sous les obus, le feu, et la mitraille, sur le front de la guerre franco-allemande....19 jeunes garçons offerts aux appétits sanguinaires des marchands d'armements de l'époque. 
Je pense aujourd'hui que ces anniversaires, ces commémorations, devraient surtout se transformer, en plus de cérémonies du souvenir, en journées de la PAIX. Et enseignées comme telles aux enfants, ces futurs citoyens.  Parce que, ils le comprendront sans doute un jour, comme nous: quelle connerie, la guerre!! 
Mais pour cela, il faudra certainement que se lèvent d'autres générations que celle des politiciens véreux, des Ponce Pilate, qui conduisent aujourd'hui avec leur insupportable morgue de puissants intouchables le monde au désastre.
Sans se soucier le moins du monde des indicibles  souffrances dont ils sont les uniques responsables.

Aucun commentaire: