mercredi 25 juillet 2018

EN GUISE DE COMPLÉMENT

BENALLA : L’ARC D’EXTRÊME DROITE

Extrait d'un article de Frédéric London

Lire aussi Laurent Bonelli, « Pour une décroissance sécuritaire », Le Monde diplomatique, mai 2017. Un ami suggère de voir dans l’affaire Benalla une manifestation inattendue, mais finalement très cohérente, du managérialisme macronien : en quelque sorte l’organisation au sommet de l’État d’une start-up de la « répression agile » – hors institutions, hors règle, hors tout protocole formel, orientée par la seule « efficacité » –, et c’est une interprétation qui ne manque pas d’intérêt. Assez curieusement, on pourrait y voir aussi, et plus classiquement, une parfaite illustration de la souveraineté devenue folle, c’est-à-dire en fait se comprenant elle-même dans la pureté de son concept, comme puissance absolue et absolument déliée, n’ayant à répondre de rien à personne, faisant valoir l’arbitraire de sa volonté comme acte politique par construction licite, le pur « je veux » d’un pouvoir complètement désorbité.
Il se pourrait qu’il n’y ait pas à choisir entre les deux lectures, comme le suggère d’ailleurs le fait qu’il se soit trouvé des éditorialistes assez complaisants ou assez idiots pour donner, selon son souhait, du « Jupiter » au président de la start-up nation, conjonction en soi tératologique, mais qui dit assez la compatibilité de l’absolutisme politique et de la soi-disant « modernité managériale ». Et le paradoxe de cet accolement contre-intuitif se résout complètement si l’on voit dans la revendication de l’« agilité » l’expression d’un désir du capital de jouir de latitudes indéfiniment étendues, d’y manœuvrer entièrement à sa guise – d’être lui aussi, dans son ordre, souverain. L’agilité, la souveraineté, deux manières de dire, chacune dans leur domaine, le désir des puissances de s’exercer sans la moindre contrariété, sans la moindre force de rappel institutionnelle, la détestation de toute limitation.
Il a fallu trois décennies de transformation profonde des structures économiques pour que le capital acquière la possibilité objective de faire ce qu’il veut, et la certitude subjective de sa toute-puissance. D’une toute-puissance l’autre, en quelque sorte. Celle du capital en miroir de celle de l’État. Et en quel personnage mieux qu’en Macron, fondé de pouvoir du capital (6), devenu zinzin à se prendre pour un roi de France, ces deux formes de la souveraineté absolue pouvaient-elles mieux se rejoindre, fusionner même ? L’absolutisme politique donne alors la main à l’absolutisme économique, l’aide à mieux s’accomplir, lui ouvre la voie juridique à coups d’ordonnances, et dégage les oppositions en faisant donner les cogneurs « agiles » du cabinet privé.
Les « barragistes » ont vraiment bonne mine.
Frédéric London
Et sa déclaration de mardi soir, au milieu de ses proches, prenant sur lui toute la responsabilité de l'affaire, ajoutant, bravache, "Qu'ils viennent me chercher !" se sachant hors d'atteinte, constitue la provocation la plus évidente à l'égard des Commissions d'enquête parlementaires, mais surtout des Français. 
 
Note de Pedrito
"Macron, fondé de pouvoir du capital, devenu zinzin à se prendre pour un roi de France.... " J'ai beaucoup apprécié. Et la suite est limpide, savoureuse, seuls les esclaves, les gogos et bobos divers ne voient que du feu dans le numéro de cirque de leur président des riches....Et applaudissent comme des pauvres malades le petit chef aux abois. Comment peut-on rester macroniste, ou macronien, c'est comme l'on veut, lorsqu'on a tant soit peu la fibre républicaine? Cet absolutisme politique qui donne la main, et la nourrit, à l'absolutisme économique, lui-même fruit des banques, de l'ENA et des énarques énamourés de fric et des dictateurs: rien qui ne gêne ces néo politiciens? Les vieux milliardaires qui forment la cour du roitelet, je veux bien, Macron est là pour remplir et protéger leur mangeoire, mais ces jeunes, élus pour rénover la politique: elle ne sent pas le moisi, le rance, le pourri, cette politique du "je veux", "je le veux", je suis le seul responsable, et je fais ce que je veux, parce que je suis au-dessus de vous tous, et  je ne rends des comptes qu'à qui je veux et quand je veux? 
Macron n'a pas parlé aux Français, il s'est adressé mardi soir à son clan! "Qu'ils viennent me chercher!!!" Son numéro de com. était irréel, pitoyable. Il me semblait entendre "Casse toi, pov con!" "Descends, si t'es un homme"! 
Les petits chefs se suivent et se ressemblent. Celui-ci a perdu tout sens de ses responsabilités. Dans le silence assourdissant de la gauche anesthésiée par 40 ans de pouvoir socialiste et de droite .....En alternance....

Aucun commentaire: