Actu
Leurre de Bruxelles
Site "RUPTURES"
Chapeau, Jean-Claude !
Le président de la Commission européenne
vient de mener avec succès une brillante opération de communication. Ce
n’est pas si souvent que Jean-Claude Juncker passe aux journaux
télévisés et radiophoniques « grand public ». Non que les patrons de
presse, tant dans le service public que sur les chaînes privées,
veuillent censurer Bruxelles – au contraire.
Mais, aussi désagréable que soit pour
eux le constat, la réalité est rude : évoquer l’Union européenne, c’est à
coup sûr risquer une chute brutale de l’audimat, tant la cuisine
bruxelloise reste étrangère aux citoyens des différents pays membres.
C’est d’ailleurs regrettable. Le rôle
souvent déterminant des décisions, orientations ou consignes de l’UE est
largement sous-estimé par les peuples, car traité avec grande
discrétion par nombre d’organisations ou de syndicats. Pourtant, il y a
peu de politiques nationales qui ne soient impulsées par la machine
communautaire. Derniers exemples en France : la déstabilisation du code
du travail, tout comme la réforme du rail.
De leur côté, les Grecs en savent
quelque chose : l’incroyable austérité qui leur a été imposée, et la
tutelle économico-politique qui va perdurer, ont été et sont orchestrées
à Bruxelles.
tous ces thèmes, qui se heurtent, au mieux, à l’indifférence des « citoyens européens », devraient être évoqués dans le « discours sur l’état de l’union » que va prononcer M. Juncker dans quelques jours
Sur un autre plan, les tentatives –
toujours infructueuses à ce jour – d’établir une politique migratoire
unique ne sont pas pour rien dans la montée des tensions populaires.
Intégration monétaire et budgétaire plus poussée (espérée en particulier
par Emmanuel Macron, mais qui provoque de nouvelles divisions parmi les
Vingt-sept), perspectives d’« élargissement » de l’UE vers de nouveaux
pays des Balkans, désespoir face à la politique commerciale américaine,
phobie d’une agression russe (au moins digitale, et peut-être même
blindée, selon les dirigeants baltes ou polonais) : tous ces thèmes, qui
se heurtent, au mieux, à l’indifférence des « citoyens européens »,
devraient être évoqués dans le « discours sur l’état de l’union » que va
prononcer M. Juncker dans quelques jours (le 12 septembre).
Mais cette coutume annuelle directement
importée de Washington par ceux qui rêvaient encore il y a peu des
« Etats-Unis d’Europe » fait traditionnellement un flop : personne n’y
prête intérêt, à part bien sûr dans la bulle strasbourgeoise de
l’euro-parlement.
Astuce géniale
Dès lors, un communiquant a dû trouver
cette astuce géniale : parlons… du changement d’heure. La Commission
vient donc de révéler qu’une toute récente « consultation en ligne » sur
ce sujet a connu un grand succès. Et qu’une majorité d’internautes
aurait plébiscité le maintien de l’heure d’été tout au long de l’année.
Au regard des thèmes précédemment évoqués, voilà enfin un sujet
important.
Qui a donc valu une glorieuse exposition
médiatique à l’ex-Premier ministre luxembourgeois. Celui-ci ne s’est
pas privé de marteler que, cette fois, la voix des citoyens serait
entendue.
Quand un référendum est organisé sur un
traité européen, on prie le bon peuple de revoter – ou bien on inverse
le résultat. Mais quand il s’agit d’un sondage en ligne sur une question
aussi essentielle, Bruxelles, c’est juré, va se soumettre à la vox
populi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire