Et pendant ce temps, Macron s’attaque à la sacro-sainte semaine de 35 heures
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Dans
le cadre de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement a adopté des
ordonnances qui modifient le droit du travail et notamment sa durée. Un
geste symbolique au “pays des 35 heures”, souligne la presse étrangère.
“Les travailleurs français doivent faire des sacrifices”, résume la Süddeutsche Zeitung. C’est en tout cas ce que leur a demandé le gouvernement en adoptant, ce 25 mars dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, des ordonnances, dont certaines liées au droit du travail. “Un effort long auquel nous allons tous ensemble faire face”, a précisé Édouard Philippe.
Ces mesures, qui pourront s’appliquer jusqu’au 31 décembre, prévoient notamment que l’employeur puisse “imposer la prise de congés payés” et de “jours de repos” (RTT) ou en modifier les dates. Et ramener la durée de repos entre deux journées de travail de 11 à 9 heures.
De plus, le texte prévoit l’allongement du temps de travail “dans
les entreprises relevant de secteurs d’activité particulièrement
nécessaires à la sécurité de la nation et à la continuité de la vie
économique et sociale”. À savoir, jusqu’à “48 heures sur une même semaine et 44 heures par semaine en moyenne sur une période de douze semaines consécutives”. Plus encore sur dérogation, puisque l’hypothèse d’aller jusqu’à 60 heures hebdomadaires a été évoquée.
Un prétexte pour Macron
Pour le journal britannique The Times, la démarche, bien qu’elle soit justifiée par le président français comme un moyen de “gagner la guerre” contre le coronavirus, est symbolique : “Emmanuel Macron s’attaque à la sacro-sainte semaine réduite de travail des Français”, relève le titre.
Pour le média américain très à gauche Jacobin Magazin, il se pourrait même que l’exécutif profite de la situation :
Cela fait des années qu’Emmanuel Macron tente de se débarrasser des 35 heures […]. Aujourd’hui, son gouvernement profite de l’épidémie de Covid-19 et du confinement pour pousser ses réformes – et permettre aux entreprises de piétiner unilatéralement les conditions de travail.”
Pour
le magazine, s’il faut reconnaître que certaines mesures sont
nécessaires pour protéger la population, certaines ordonnances
s’attaqueraient à des acquis sociaux historiques français et feraient
également écho à des précédents épisodes tels que la loi Macron (qui
élargit notamment le travail le dimanche) et la loi El Khomri.
La CGT-Services publics appelle à la grève
Ces ordonnances, dans leur totalité, se sont déjà attiré les foudres des syndicats, rapporte la Frankfürter Allgemeine Zeitung, et particulièrement de la CGT des services publics, qui “ne compte pas laisser sa position dévier à cause de l’épidémie”. Ainsi, pour protester “contre ces mesures antisociales”,
le syndicat a appelé les travailleurs du service public à la grève et a
déposé 30 préavis consécutifs de vingt-quatre heures entre le 1er et le 30 avril prochain.
Il estime en effet que “les employés présents sur leur lieu de travail ne sont pas suffisamment protégés” car “il leur manque des masques, des produits désinfectants et des tests de dépistage du virus” et qu’“en réalité il ne faudrait plus autoriser les gens à travailler dans ces conditions”.
Reste à savoir si l’appel à débrayer sera entendu et suivi par beaucoup de monde. Car en cette période, conclut la FAZ, “le
public exprime [plutôt] un profond sentiment de reconnaissance envers
les gens qui continuent à faire leur travail et qui garantissent les
approvisionnements pour tout le pays”.
Audrey Fisné
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