Deux ans après leur échange tendu, l'aide-soignante de Rouen ne croit pas aux promesses d'Emmanuel Macron
Le 5 avril 2018, Emmanuel Macron est au CHU de
Rouen. Le président de la République vient visiter une unité consacrée
au dépistage précoce de l'autisme. Dans les couloirs, il est pris à
partie par une aide-soignante sur le manque de moyens dans l'hôpital public.
Les images à l'époque font le tour des télés et des réseaux sociaux.
Valérie Foissey, syndiquée à la CGT (et ancienne candidate Lutte
Ouvrière à l'occasion d'élections dans l'Eure et la Seine-Maritime),
interpelle le chef de l'Etat : "On a besoin d'argent. Au quotidien, il y a des fermetures de lits et de services, faute de personnels", assène-t-elle. Emmanuel Macron lui répond qu'il y a "besoin de réorganisation aussi et de changer de logique".
L'aide-soignante lui rétorque : "Il y a des gens formidables qui se donnent un mal de chien pour bien travailler". Le chef de l'Etat promet de mettre fin à la tarification à l'activité, même si "à la fin, les moyens, c'est vous qui les payez aussi." Et il finit par lâcher cette phrase : "Il n'y a pas d'argent magique", avant de donner aux personnels de l'hôpital massés autour de lui un petit cours sur la dette publique.
Depuis, la crise du Covid-19 est passée par là. Et Emmanuel Macron, dans son allocution télévisée du 25 mars, a promis un"plan massif"
pour l'hôpital et une revalorisation de l'ensemble des carrières. Une
annonce qui survient également après des mois de grève et une succession
de plans gouvernementaux jugés insuffisants par les soignants. Valérie
Foissey est de ceux qui ne croient pas à ces promesses : "Ce n'est
pas le premier plan qu'il annonce et le résultat est là aujourd'hui : on
manque de lits, de respirateurs et de personnels. Ces gens là, je ne les crois pas".
Et si cette crise du coronavirus était l'occasion d'une prise de conscience ? L'aide-soignante rouennaise n'y croit pas davantage : "Ils ne sont pas idiots. Quand je lui ai dit (à Emmanuel Macron) qu'on manquait de moyens... Ils savent très bien ce qu'ils font !"
La déléguée CGT n'attend rien des politiques, citant
l'exemple de l'Agence régionale de santé Grand Est. Dans cette région
fortement touchée par le coronavirus, le directeur a confirmé il y a
quelques jours la suppression de 174 lits sur cinq ans à l'hôpital de
Nancy. Il a été recadré depuis par le ministre de la Santé.
Mais qu'importe pour Valérie Foissey, le changement viendra de la base, c'est à dire "des citoyens et des travailleurs". "Il va falloir qu'on se batte pour exiger des vrais moyens", martèle-t-elle. Le combat de l'aide-soignante rouennaise n'est pas terminé.
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