Les 60 "idiots utiles" du Président(°)
PAR HILLEL ROGER
Une
soixantaine de parlementaires, pour l'essentiel des députés LaREM, ont
lancé une consultation pour penser « Le jour d'après ». Ils se réclament
du « plan de sauvegarde mis en oeuvre par le gouvernement », dont ils
soutiennent « la réactivité et l’efficacité. »
Il
est fait grand cas, ces temps-ci, d'un collectif d'une soixantaine de
parlementaires qui a lancé, via une plate-forme, une consultation pour
penser « Le jour d'après ». Ce sont plus précisément, comme j'ai pu le
vérifier, 63 parlementaires dont 41 sont des députés En marche, 8 du PS,
3 de EELV, et pour compléter, quelques députés du Modem, de l'UDI et du
Mouvement radical social et libéral. Aussi est-il piquant de les voir
se vanter, dans leur texte de présentation, d'être des « Parlementaires de différentes sensibilités politiques ».
Qui peuvent-ils abuser, dès lors qu'ils se réclament « du plan de sauvegarde mis en oeuvre par le gouvernement, dont nous soutenons la réactivité et l’efficacité. » ?
Un tel parrainage devrait suffire à délégitimer leur initiative. Ils
auraient donc occulté les décisions et déclaration chaotiques et
irresponsables qui se sont succédé depuis près de trois mois de la part
d'Emmanuel Macron, d’Édouard Philippe et de ses ministres. Rappelons que
ces parlementaires ont voté sans sourciller la loi du 23 mars 2020
portant sur l'urgence sanitaire, mais dont on sait qu'elle donne au
gouvernement des pouvoirs exorbitants hors de tout contrôle citoyen et
parlementaire.
Et, aujourd'hui, ils ne manquent pas de toupet en prétendant « soumettre au débat public nos premières pistes de solutions et pour permettre à tous de contribuer et de les enrichir. »
Mais, que ne l'ont-ils fait, dès janvier, lorsque la crise sanitaire
pointait son nez, pour consulter les Françai.se.s sur les mesures à
prendre ? Que ne l'ont-ils fait, lorsque il était devenu évident que la
catastrophe sanitaire était en train de s'installer durablement ? Alors
que tant de bénévoles associatifs, conscients des risques, réagissaient
par des actes solidaires, ces parlementaires étaient anéantis, pendus
aux lèvres de Macron. Leur état de sidération était tel, qu'il leur a
fallu pas moins de trois semaines pour donner corps à son injonction
livrée dans son allocution du 16 mars, selon laquelle « Le jour d’après, quand nous aurons gagné, ne sera pas un retour au jour d’avant. ».
Maintenant,
ils jouent les idiots utiles, les faire-valoir de leur président. Ils
veulent faire croire, en quelque sorte, que leur patron vient d'avoir la
révélation que « Cette crise nous aura tous transformés. Elle a
violemment révélé les failles et les limites de notre modèle de
développement, entretenu depuis des dizaines d’années. »
La
ficelle est tellement énorme, qu'il n'échappera à personne que cette
soixantaine de parlementaires se sont lancés dans une opération
politicienne du plus mauvais goût.
Roger Hillel 10 avril 2020
Professeur
d'université à la retraite, journaliste au Travailleur catalan, auteur
du livre "la triade nostalgérique: stèle, mur, musée de Perpignan"
Edition Alter Ego
Perpignan - France
Perpignan - France
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