samedi 11 avril 2020

LE VIRUS ET LE CONTRAT SOCIAL.

Source: insolentiae – Voir les précédentes interventions de Charles Sannat

 .Extrait du dernier article du Blog Histoire et société de Danielle Bleitrach
 
The Financial Times par Catherine Winch « Le virus met à nu la fragilité du contrat social »

Un grand quotidien financier international appelle à la redistribution des biens pour faire face à la crise.
Le Financial Times de Londres est un quotidien économique et financier britannique, généralement considéré comme le quotidien économique de référence en Europe.
Particulièrement lu par les élites économiques et financières en Europe et aux États-Unis, il est naturellement favorable à l’économie de marché, au libre-échange et à la démocratie libérale.
Néanmoins aujourd’hui le Financial Times appelle à des transformations radicales.
Le 3 avril le Comité de Rédaction publie un texte intitulé:  « Le virus met à nu la fragilité du contrat social. Des réformes radicales sont nécessaires pour forger une société qui réponde aux besoins de tous. »
Le comité pointe les injustices et les inégalités accentuées par la crise: ce sont les plus mal payés qui perdent leur emploi du jour au lendemain dans l’hôtellerie, la restauration, les loisirs et secteurs liés.  Ceux parmi les bas salaires qui peuvent encore travailler le font au risque de leur vie: les soignants et aides-soignants, manutentionnaires, livreurs et agents de nettoyage.
Ce sont les jeunes actifs qui paient le prix le plus fort de la crise.  Il leur faut des compensations de façon urgente.  Les politiques des quarante dernières années doivent être abandonnées.  Les gouvernements doivent jouer un plus grand rôle dans l’économie.  Ils doivent considérer les services publics comme des investissements et non des coûts, et chercher à rendre les marchés du travail moins précaires.  « La redistribution sera de nouveau à l’ordre du jour. »
Tout ça doit être fait sans attendre.
Naturellement le Financial Times ne prend pas le socialisme comme référence ; il prend comme référence Roosevelt et Churchill, dont les gouvernements pendant la deuxième guerre mondiale ont préparé un système d’économie dirigée et de sécurité sociale pour après la guerre.
Le Financial Times ne mentionne pas qu’en Angleterre, le gouvernement de Churchill comprenait des travaillistes comme Aneurin Bevan et Ernest Bevin, qui participaient pleinement à ce travail de renouveau social.
Le vendredi de Pâques, le 10 avril, le Comité de Rédaction réitère ces sentiments, cette fois dans le contexte de Pâques et du Pessah.  Il constate une fois de plus que nous sommes tous potentiellement frappés par le virus, mais que nous ne sommes pas tous frappés de la même façon, loin de là, par les sacrifices demandés pour le combattre.  Nous sommes désunis et inégaux ; les pays riches et privilégiés peuvent instaurer le confinement et supporter la catastrophe économique, et dans les pays riches mêmes, les inégalités sont criantes. 
Nous (les riches et privilégiés) avons un devoir d’aider le reste du monde.
« Si nous échouons, comme c’est probable, la maladie aura fait bien pire que tuer ce qui pourrait se révéler être des millions de personnes et dévaster nos économies.  Elle laissera un monde irrémédiablement divisé,où couve un ressentiment amer.  Nous ne serons pas en mesure de mettre en place les efforts de coopération nécessaires pour gérer notre fragile terre commune dans les années à venir.

La façon dont nous agissons aujourd’hui déterminera l’avenir de l’humanité.  La mort est tout autour de nous.  Cherchons une résurrection dans une vie meilleure pour tous. »

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