jeudi 9 avril 2020

INCURIE, SOUMISSION: NE VOYEZ-VOUS RIEN VENIR?




Revue non exhaustive des éditocrates et  chiens de garde de la presse aux ordres  du souverain

 
Les réactions des commentateurs vedettes sont exemplaires de la manière dont « l’union sacrée », appelée des vœux du gouvernement, se traduit dans les grands médias par une mise en veilleuse – voire une remise en cause – de toute critique. Elles témoignent tout particulièrement de l’incurie des éditocrates, et de leur rôle de chiens de garde de l’ordre social, particulièrement évident en période de crise.
  Frédéric Lemaire

Petite revue de quelques chiens de garde dont il serait intéressant qu'ils nous dévoilent le montant de leurs appointements. Juste comme çà, pour savoir, et peut-être mieux comprendre le pourquoi de leur acharnement à dénigrer celles et ceux qui osent exiger clarté et rigueur dans les décisions souvent hallucinatoires prises par le prince et son entourage.
 
Bruno Jeudy, autre chien de garde, approuvait l’intervention d’Emmanuel Macron « positionné en père de famille, [...] en première ligne de cette guerre sanitaire ». Le 31 mars, il applaudissait une nouvelle fois l’intervention « d’un président à l’offensive » ciblant « les leaders populistes, qu’ils soient d’extrême-droite ou de la gauche de l’échiquier, qui s’en prennent régulièrement à Macron et sa gestion de la crise ». Oubliant au passage, léger détail, que les principales critiques émanaient en réalité des personnels hospitaliers. 
Même son de cloche chez l’inoxydable Alain Duhamel, le 31 mars toujours, qui reprend quant à lui presque mot pour mot les éléments de langage du gouvernement.
Emmanuel Macron : Quand on mène une bataille, on doit être unis pour la gagner. Et je pense que toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre sont irresponsables.
Alain Duhamel : Ce n’est pas quand on est dans la bataille, une bataille qui est difficile pour tout le monde et pour laquelle tellement de gens se donnent tellement de mal, ce n’est pas le moment de vouloir commencer des procès […] On n’a pas besoin de discorde en ce moment, on a besoin d’unité.
Une imitation – il faut le reconnaître – très réussie !

Bien sûr, BFM-TV n’est pas un cas à part ;
Philippe Val adressait sur LCI un satisfecit à l’action gouvernementale :Moi, je pense que c’est plutôt bien fait. Le gouvernement a hérité d’un système de santé avec beaucoup de problèmes, ça vient de loin, mais ils font ce qu’ils peuvent avec, on a un sens des responsabilités, c’est pas mal !
Sur LCI . Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat des infirmiers, répondait vertement à Marie-Eve Malouines, ancienne présidente de LCP, en évoquant notamment la pénurie de masques de protection et l’impréparation du gouvernement :
- Marie-Eve Malouines : C’est la stratégie du gouvernement, qui préfère dire les choses par étapes, progressivement, y compris le confinement qui a été annoncé progressivement, plutôt que de le faire tout d’un coup. On pourra en reparler longtemps, et savoir s’il aurait fallu faire comme ça, c’est le choix qui a été fait, et on doit tous l’assumer en réalité.
- Thierry Amouroux : Non, non, non, ils ont fait leurs choix, ils l’assumeront devant la justice pénale parce qu’il y aura quantité de plaintes, de médecins et de soignants dès que l’épidémie sera passée […] ! Il faut bien comprendre que nous, on est tous dans la mouise, les gens qui ont les mains dans le cambouis, comme vous dites.
Voici maintenant Jean-Michel Aphatie l’incontournable abonné permanent des plateaux où l’on cause pour justifier les très – TROP - confortables émoluments . Dans ses éditos quotidiens sur LCI, l’éditocrate joue également la partition de la communication officielle. Le 26 mars, il revient sur l’intervention d’Emmanuel Macron à Mulhouse. Et conclut : « Tout le monde doit être derrière les pouvoirs publics aujourd’hui dans cette crise, et ce qu’a annoncé Emmanuel Macron est peut-être de nature à restaurer une confiance nécessaire pour gagner la bataille contre le virus ». Deux jours plus tard, estimant sans doute ne pas avoir obtenu satisfaction, il s’en plaint sur le plateau de « C l’hebdo » : « [Je suis] étonné des critiques qu’on adresse au gouvernement ». Et un coup de langue, un…..Mais combien perçoit-il, pour ce boulot de désinfo?

Et dans les autres médias ? Les condamnations des critiques sont également nombreuses. L’éditorialiste macronolâtre du Parisien Nicolas Charbonneau s’élève contre toute « désunion nationale » : « l’heure des procureurs n’est pas venue […] ne soyons pas le seul pays au monde à s’entredéchirer avant même d’avoir emporté la bataille contre la maladie » (29/03). Dans sa chronique quotidienne sur France Inter du 30 mars, Thomas Legrand se félicite quant à lui du « langage de vérité » du Premier ministre et appelle à mettre la pédale douce sur les critiques dans la période actuelle : « Il sera toujours temps de se retourner sur le sujet après la crise, pour en tirer des leçons… Pour l’instant, c’est la course contre la montre, la bataille. »
Même son de cloche dans la matinale de RTL. Lorsque Jérôme Martin, président de l’Union française pour une médecine libre, regrette le manque de matériel (respirateurs, masques), Yves Calvi tempère des propos qu’il juge « accusatoires » : « en ce moment j’ai envie de vous dire, on a besoin d’union nationale, et on a besoin d’informer les Français aussi, c’est un équilibre qui est délicat ». Il ne faudrait pas y aller trop fort sur l’information…
En termes de propos « accusatoires », il faut dire que lui non plus n’est pas en reste. Le 12 mars, dans « L’info du vrai » sur Canal +, il se livrait à une attaque en règle… contre les revendications des personnels de santé : « Je vais choquer tout le monde en disant ça mais la pleurniche permanente hospitalière fait qu’on est en permanence au chevet de notre hôpital ». « Pleurniche permanente » : encore une fois, les hospitaliers aujourd’hui en première ligne et subissant manque de moyens et pénuries apprécieront… Surtout venant d’un animateur dont les revenus annuels bruts cumulés approchaient, en 2016, le million d’euros.
Note de P. : Bravo à ce salopard pour ses leçons de morale à ceux qui nous soignent de manière héroïque avec des salaires 40 fois inférieurs à ce minable donneur de leçons

Jean Quatremer balaie quant à lui d’un revers de main la responsabilité du gouvernement dans l’impréparation face à la crise Sur France 5, dans « C à vous » (30 mars), on se paye carrément le porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France, Christophe Prudhomme (au plus grand bonheur de Raphaël Enthoven). Alors qu’Anne-Élisabeth Lemoine invite Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé désormais chroniqueuse, plusieurs extraits sont diffusés : dans le premier, daté du 29 mars, on voit l’urgentiste dénoncer « l’incurie du gouvernement », et pointer le fait que les personnels de santé sont contraints de choisir les patients à mettre en réanimation. Dans le second, Édouard Philippe annonce « qu’il ne laissera personne dire qu’il y a eu du retard sur la prise de décision s’agissant du confinement ». Le troisième extrait est introduit par l’ancienne ministre de la santé elle-même, qui prend un ton matois. On y voit Christophe Prudhomme, le 6 mars sur le plateau de LCI, dénoncer la surréaction des politiques face à un virus jugé « peu mortel 
Et Roselyne Bachelot de dérouler en brocardant « monsieur Prudhomme, le représentant de la CGT »,
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