Revue non exhaustive des éditocrates
et chiens de garde de la presse aux ordres du souverain
Les réactions des commentateurs vedettes sont
exemplaires de la manière dont « l’union sacrée »,
appelée des vœux du gouvernement, se traduit dans les grands médias
par une mise en veilleuse – voire une remise en cause – de toute
critique. Elles témoignent tout particulièrement de l’incurie des
éditocrates, et de leur rôle de chiens de garde de l’ordre
social, particulièrement évident en période de crise.
Frédéric Lemaire
Petite revue de quelques chiens de garde dont il serait intéressant qu'ils nous dévoilent le montant de leurs appointements. Juste comme çà, pour savoir, et peut-être mieux comprendre le pourquoi de leur acharnement à dénigrer celles et ceux qui osent exiger clarté et rigueur dans les décisions souvent hallucinatoires prises par le prince et son entourage.
Bruno Jeudy, autre
chien de garde, approuvait l’intervention d’Emmanuel
Macron « positionné en père de famille, [...] en première
ligne de cette guerre sanitaire ». Le 31
mars, il applaudissait une nouvelle fois l’intervention « d’un
président à l’offensive » ciblant « les
leaders populistes, qu’ils soient d’extrême-droite ou de la
gauche de l’échiquier, qui s’en prennent régulièrement à
Macron et sa gestion de la crise ». Oubliant au passage,
léger détail, que les principales critiques émanaient en réalité
des personnels hospitaliers.
Même son de cloche chez
l’inoxydable Alain Duhamel, le
31 mars toujours, qui reprend quant à lui presque mot pour mot
les éléments de langage du gouvernement.
Emmanuel Macron : Quand on mène une bataille, on doit être unis pour la gagner. Et je pense que toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre sont irresponsables.
Alain Duhamel : Ce n’est pas
quand on est dans la bataille, une bataille
qui est difficile pour tout le monde et pour laquelle tellement de
gens se donnent tellement de mal, ce n’est pas le moment de vouloir
commencer des procès […] On n’a pas besoin de
discorde en ce moment, on a besoin d’unité.
Une imitation – il faut le reconnaître – très réussie !
Bien sûr, BFM-TV n’est pas un cas à part ;
Philippe Val adressait sur LCI un satisfecit à l’action
gouvernementale :Moi, je pense que c’est plutôt bien
fait. Le gouvernement a hérité d’un système de santé
avec beaucoup de problèmes, ça vient de loin, mais ils font ce
qu’ils peuvent avec, on a un sens des responsabilités,
c’est pas mal !
Sur LCI . Thierry Amouroux, secrétaire général du
syndicat des infirmiers, répondait vertement à Marie-Eve
Malouines, ancienne présidente de LCP, en évoquant notamment la
pénurie de masques de protection et l’impréparation du
gouvernement :
- Marie-Eve Malouines : C’est la stratégie du gouvernement, qui préfère dire les choses par étapes, progressivement, y compris le confinement qui a été annoncé progressivement, plutôt que de le faire tout d’un coup. On pourra en reparler longtemps, et savoir s’il aurait fallu faire comme ça, c’est le choix qui a été fait, et on doit tous l’assumer en réalité.
- Thierry Amouroux : Non, non, non, ils ont fait leurs choix, ils l’assumeront devant la justice pénale parce qu’il y aura quantité de plaintes, de médecins et de soignants dès que l’épidémie sera passée […] ! Il faut bien comprendre que nous, on est tous dans la mouise, les gens qui ont les mains dans le cambouis, comme vous dites.
Voici maintenant Jean-Michel Aphatie l’incontournable
abonné permanent des plateaux où l’on cause pour justifier les
très – TROP - confortables émoluments . Dans ses
éditos quotidiens sur LCI, l’éditocrate joue également la
partition de la communication officielle. Le 26
mars, il revient sur l’intervention d’Emmanuel Macron à
Mulhouse. Et conclut : « Tout le monde doit être
derrière les pouvoirs publics aujourd’hui dans cette crise, et ce
qu’a annoncé Emmanuel Macron est peut-être de nature à
restaurer une confiance nécessaire pour gagner la bataille contre le
virus ». Deux jours plus tard, estimant sans
doute ne pas avoir obtenu satisfaction, il s’en plaint sur le
plateau de « C
l’hebdo » :
« [Je suis] étonné des critiques qu’on adresse au
gouvernement ». Et un coup de langue, un…..Mais combien perçoit-il, pour ce boulot de désinfo?
Et dans les autres médias ? Les condamnations des critiques
sont également nombreuses. L’éditorialiste macronolâtre
du Parisien Nicolas Charbonneau s’élève contre
toute « désunion nationale » : « l’heure
des procureurs n’est pas venue […] ne soyons pas le seul pays au
monde à s’entredéchirer avant même d’avoir emporté la
bataille contre la maladie » (29/03). Dans sa chronique
quotidienne sur France Inter du 30
mars, Thomas Legrand se félicite quant à lui du
« langage de vérité » du Premier ministre et
appelle à mettre la pédale douce sur les critiques dans la période
actuelle : « Il sera toujours temps de se retourner sur
le sujet après la crise, pour en tirer des leçons… Pour
l’instant, c’est la course contre la montre, la bataille. »
Même son de cloche dans la matinale de RTL. Lorsque Jérôme
Martin, président de l’Union française pour une médecine
libre, regrette le manque de matériel (respirateurs, masques),
Yves Calvi tempère des propos qu’il juge « accusatoires » :
« en ce moment j’ai envie de vous dire, on a besoin
d’union nationale, et on a besoin d’informer les Français aussi,
c’est un équilibre qui est délicat ». Il ne faudrait
pas y aller trop fort sur l’information…
En termes de propos « accusatoires », il faut
dire que lui non plus n’est pas en reste. Le 12 mars, dans
« L’info
du vrai » sur Canal +, il se livrait à une attaque en
règle… contre les revendications des personnels de santé :
« Je vais choquer tout le monde en disant ça mais la
pleurniche permanente hospitalière fait qu’on est en
permanence au chevet de notre hôpital ». « Pleurniche
permanente » : encore une fois, les
hospitaliers aujourd’hui en première ligne et subissant manque de
moyens et pénuries apprécieront… Surtout venant d’un
animateur dont les revenus annuels bruts cumulés approchaient, en
2016, le million d’euros.
Note de P. : Bravo à ce salopard pour ses leçons de morale à ceux qui nous soignent de manière héroïque avec des salaires 40 fois inférieurs à ce minable donneur de leçons
Jean Quatremer balaie quant à lui d’un revers de
main la responsabilité du gouvernement dans l’impréparation face
à la crise Sur France 5, dans « C
à vous »
(30 mars), on se paye carrément le porte-parole de l’association
des médecins urgentistes de France, Christophe Prudhomme (au plus
grand bonheur de Raphaël
Enthoven). Alors qu’Anne-Élisabeth Lemoine invite
Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé désormais
chroniqueuse, plusieurs
extraits sont diffusés : dans le premier, daté du 29 mars,
on voit l’urgentiste dénoncer « l’incurie du
gouvernement », et pointer le fait que les
personnels de santé sont contraints de choisir les patients à
mettre en réanimation. Dans le second, Édouard Philippe annonce
« qu’il ne laissera personne dire qu’il y a eu du retard
sur la prise de décision s’agissant du confinement ». Le
troisième extrait est introduit par l’ancienne ministre de la
santé elle-même, qui prend un ton matois. On y voit Christophe
Prudhomme, le 6 mars sur le plateau de LCI, dénoncer la surréaction
des politiques face à un virus jugé « peu mortel
Et Roselyne Bachelot de dérouler en brocardant « monsieur
Prudhomme, le représentant de la CGT »,
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