Le manque de masques et la casse de l’outil industriel – Par Christine Prunaud Sénatrice PCF des Côtes d’Armor (L’Humanité, 21 avril 2020)
Mardi, 21 Avril, 2020 – L’Humanité
Le manque de masques et la casse de l’outil industriel
Par Christine Prunaud Sénatrice PCF des Côtes d’Armor
Cette crise sanitaire illustre malheureusement les conséquences du
déclin industriel de notre pays. Exemple le plus saisissant avec l’usine
Honeywell de fabrique de masques à Plaintel (Côtes-d’Armor) pourtant
rentable mais fermée en 2018.
200 millions de masques étaient produits dans cette entreprise qui a
changé plusieurs fois de propriétaires mais qui ont toujours bénéficié
des différentes aides publiques de l’état via le CIR ou le CICE pour
laisser au final 300 salariés sur la touche.
La production a été délocalisée en Tunisie et en Chine et les outils
de production ont été démantelés par un ferrailleur en février dernier
alors que les signes d’une pandémie mondiale étaient plus que pressants.
Le syndicat Solidaires par son secrétaire général des Côtes d’Armor
Serge Lequeau pointe très justement avec cette usine, « un condensé
édifiant de tout ce que le capitalisme financier international, soutenu
par des politiques néolibérales peut produire comme horreur, comme
absurdité, comme aveuglement ».
En effet, des deniers publics ont servi à casser un outil industriel
dont on ressent aujourd’hui l’impériosité. Ils ont aussi broyé des
hommes et des femmes avec un savoir faire technique de haut niveau dans
un domaine touchant à la sécurité sanitaire de tous.
Le gouvernement actuel disait encore au sujet des délocalisations il y
a quelques mois : « Garder ces usines n’est pas un enjeu d’intérêt
public. Laissons faire les lois du marché ! Si, un jour, nous avons des
besoins, nous les importerons de Chine ! ». Mais aujourd’hui nous payons
toutes et tous les prix de cette confiance aveugle dans le seul marché
mondial. La France manque toujours de masques, plus de deux mois après
le début de la crise. Les soignants manquent de tout et nos ministres
nous demandent de faire preuve de solidarité en fabriquant des masques
maison ou en faisant appel à des dons pour aider nos hôpitaux.
Comme toujours face à ce scandale, la solidarité prime avec le projet
de créationd’une société coopérative industrielle qui reprendrait les
activités. Cette structure reste la plus adaptée à la situation
puisqu’elle permet d’associer tous les acteurs du territoire régional, à
commencer par les salarié.es, mais aussi d’autres acteurs comme les
structures sanitaires et médico-sociaux, ou tout collectif citoyen
régionaux…. Le Conseil Départemental des Côtes d’Armor et le Conseil
Régional de Bretagne ont fait part de tout leur soutien à ce projet de
relance.
Mais le gouvernement par la voie de sa secrétaire d’état à
l’industrie vient de doucher les espoirs en indiquant cyniquement « je
sais que l’équipe est motivée. Le projet est peut-être une bonne idée
mais il ya des alternatives ». Or nous constatons tous au quotidien les
effets désastreux de ces alternatives.
Ainsi face au dogme néolibéral du gouvernement, c’est mon rôle de
parlementaire d’accompagner cette appropriation collective des moyens de
production. L’avenir est là, notre présent confiné nous le prouve bien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire