mercredi 1 avril 2020

MALGRÉ LE BOURRAGE DE CRÂNE SUR LES "RÉFORMES RÉVOLUTIONNAIRES"....



Les Français dessinent les contours du nouveau monde et prennent les élites à contre-pied

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Les Français dessinent les contours du nouveau monde et prennent les élites à contre-pied
Selon un sondage Viavoice pour Libération, les Français ont des idées précises sur les changements nécessaires pour l’après crise, et ce ne sont pas celles que prônent les défenseurs du marché.
Quand certains parlent du « nouveau monde » à construire après la double crise de la finance et du coronavirus, ils se gardent bien d’en dessiner les contours, ce qui ouvre une porte salutaire pour se contenter d’un changement a minima. A contrario, si l’on en croit un sondage Viavoice pour Libération les Français ont des idées très précises sur le sujet.
Ces idées vont pour l’essentiel à contre-courant de la vulgate répétée en boucle par les élites, les experts autoproclamés et autres éditorialistes, confirmant que cette caste arrogante ne représente qu’elle-même – ceci expliquant cela.
Qu’on en juge. Les personnes interrogées se prononcent pour la relocalisation en Europe des filières de production installées en Asie (84%) ; pour reprendre la construction européenne sur de nouvelles bases (70%) ; pour réduire l’influence des actionnaires et de la finance sur la vie des entreprises (70%) ; pour ralentir le productivisme et la course à la rentabilité (69%) ; pour nationaliser les secteurs stratégiques tels que le transport, l’énergie, l’eau (68%) ou la pharmacie (60%) ; pour instaurer un protectionnisme aux frontières de l’Europe (65%) et même à l’échelle de la France (54%). Enfin quand on leur demande s’il faut que l’Etat soutienne les entreprises nationales ou pas, les sondés répondent de manière positive (56%).
Reconquête de la souveraineté collective
Bref, c’est la convergence des exigences, ainsi résumées par Viavoice : reconquête de la souveraineté collective, dépassement de la société de marché, sanctuarisation des biens communs indispensables à tous.
Certes, le sondage n’échappe pas au biais européiste qui fait de l’Union Européenne le seul et unique espace d’existence d’une souveraineté qui s’exprime pourtant d’abord dans le cadre national. Ainsi est-il étrange de n’envisager les nécessaires relocalisations qu’à l’échelle du vieux continent sans envisager l’hypothèse du champ national.
Cette question, étrangement, n’a pas été posée. La chose est d’autant plus surprenante que les Français interrogés se prononcent majoritairement pour des nationalisations. Jusqu’à preuve du contraire qui dit nationalisation dit nation. Or ce mot semble encore écorcher des âmes sensibles qui y décèlent aussitôt la trace du nationalisme, voire du fascisme. De même, la problématique de l’aide aux entreprises demeure ambiguë car elle passe sous silence les critères d’utilisation des fonds publics versés. Passons.
Un désaveu pour les "esprits supérieurs"
Reste l’essentiel, à savoir la défaite en rase campagne de tous ceux qui ont prétendu formater les esprits en expliquant jusqu’à plus soif que les délocalisations sont inéluctables ; que les financiers jouent le rôle de Moïse guidant son peuple ; que la main du marché remet tout en ordre par magie ; que les actionnaires sont une race d’intouchables ; que l’Etat ne sait pas gérer à la place du privé, expert en la matière ; et que le protectionnisme est le mal absolu.
Après plusieurs années de bourrage de crâne, les Français pensent majoritairement le contraire.
Comme le déclare à Libération Stewart Chau, consultant pour Viavoice, « les résultats sont frappants par leur ampleur ». Il s’agit bel et bien d’un quasi plébiscite et donc d’un désaveu pour les esprits supérieurs qui prétendent faire l’opinion en assénant jusqu’à plus soif des fausses évidences édictées telles des vérités d’Evangile.
Il faut tout changer
Voilà qui éclaire le débat sur le fameux « jour d’après », lorsqu’il faudra repenser et refonder le modèle de croissance. Pour nombre de commentateurs, la plupart des valeurs validées par le sondage font le terreau du « populisme ». A ce compte-là, même Emmanuel Macron, avec son hymne à la « souveraineté », serait un dangereux provocateur.
Dès que l’on évoque la nationalisation, le protectionnisme (européen ou pas), la sécurité (sanitaire ou pas), le besoin d’un Etat régulateur, ils y voient une concession à Marine Le Pen, un alignement sur le premier ministre hongrois Viktor Orban, voire un cadeau à Poutine.
En vertu de quoi ils déroulent le tapis rouge aux petits malins (suivez mon regard) qui parlent d’autant plus facilement du « nouveau monde » qu’ils rêvent de sauver l’ancien, fut-ce au prix de quelques aménagements de circonstance.
Or il faut tout changer, en creusant certaines des pistes ouvertes par un sondage qui vient confirmer que les Français ne correspondent en rien à la caricature dressée ici et là. Loin d’être bornés, égoïstes, repliés sur eux-mêmes et prêts à s’offrir au premier « homme fort » venu, les citoyens ont des attentes parfaitement recevables, des suggestions parfaitement réalistes, et des esquisses de solutions parfaitement adaptées aux circonstances.
Alors qu’on les décrit comme hostiles à toute réforme, ils ont le culot de défendre des « réformes révolutionnaires », pour reprendre l’expression de Jaurès.

Article de Jack Dion pour Marianne

Note de P. 
Journaliste à l'Huma à cette époque, Jack Dion conduisait la délégation de 15 CDH français invités gratieusement par la Pravda en 1972, groupe dont je faisais partie. Deux semaines de découverte de l'URSS, depuis  MOSCOU, jusqu'à MINSK,  puis LÉNINGRAD.....J'avais plusieurs fois au cours de ce voyage manifesté ma réprobation face à certaines attitudes et comportements de Russes qui nous accompagnaient, et qui ne me paraissaient pas du tout conformes à l'idée que nous, communistes français, nous nous faisions de ce pays socialiste, du socialisme, -j'insiste sur "socialiste," le communisme n'a jamais existé, même si des Partis Communistes sont à la tête de certains pays qui cherchent à se libérer du capitalisme.-  Avec Jack Dion nous avions eu des discussions au sujet de mes coups de colère, il y a quelques années, il m'avait écrit un message, sur lequel il admettait que j'étais déjà à l'époque un peu visionnaire, sur la suite prévisible de l'URSS. Près de 50 ans après notre rencontre au cours de ce voyage, je suis heureux de constater qu'il me parait avoir conservé des idées saines, contrairement à d'innombrables girouettes qui se sont égarées sur les chemins de la trahison.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Pédrito
Jean Ferrat nous avait bien alerté à l époque lorsqu' il a écrit la chanson "le bilan" après avoir entendu Georges Marchais parler de bilan globalement positif à propos de l URSS.
Malheureusement il n a pas été entendu par les militants et dirigeants communistes de l époque. Je connais plusieurs communistes militants engagés de l époque qui ne se sont jamais vraiment remis quand la vérité a éclaté.
Pour finir sur une note un peu plus gai, je n ai pu m empêcher de rire, et j espère bien que vous ne m en tiendrez pas rigueur, quand j ai lu votre participation à un voyage en URSS car vous connaissant quand même un peu j imagine parfaitement vos colères qui devaient être … épiques. Patrick Sabatier 13300

Anonyme a dit…

Colères épiques mais légitimes P.S

pedrito a dit…

C'est sans doute pour ces raisons que je n'ai pas été jugé militant exemplaire, ou fiable, par mes camarades: ma fierté est de ne jamais avoir trahi, je mourrai les armes - ma plume, le seau, le pinceau - contre ce système que l'histoire condamnera tôt ou tard. Alors que d'autres, tant d'autres, même des membres du CC, avec qui j'ai partagé des responsabilités fédérales, ont trahi. Mais comme chantait justement FERRAT, " LE SANG SÈCHE VITE EN RENTRANT DANS L'HISTOIRE, IL NE SERT A RIEN DE PRENDRE UNE GUITARE". L'Église a perpétré en Amérique et ailleurs des millions de crimes au nom de l'Évangélisation, armée du sabre et du goupillon, mais le Pape et ses sbires tiendront encore longtemps le haut du pavé. Je pense donc que le communisme, sous une forme ou une autre, demain, plus tard, auront encore de beaux jours pour que les hommes puissent enfin connaître un monde bien meilleur. Si les coronavirus à venir en laissent encore le loisir aux militants humanistes de demain.
Salut Patrick

pedrito a dit…

.....pardon, je mourrai les "les armes à la main"