Coronavirus : de nouvelles preuves de l'origine naturelle du SARS-Cov-2
ACTUALITÉClassé sous :CORONAVIRUS , SRAS-COV-2 , COVID-19Nathalie Mayer
Journaliste
Le coronavirus baptisé SARS-CoV-2 --
celui qui est responsable de cette maladie que le monde connaît
désormais sous le nom de Covid-19 -- a émergé en Chine, il y a plusieurs
mois déjà. Mais son origine continue de faire débat. Aujourd'hui, des
chercheurs affirment que rien ne permet de supposer qu'il n'est pas
d'origine naturelle.
« Depuis la découverte du coronavirus SARS-CoV-2 -- responsable du Covid-19 --, un certain nombre de rumeurs non fondées ont couru, suggérant qu'il aurait été créé en laboratoire, rappelle Weifeng Shi, professeur à l'Institut de biologie des agents pathogènes de la Shandong First Medical University (Chine) dans le communiqué. Il a notamment été mis en avant une caractéristique particulière -- une insertion d'acides aminés --
qui pourrait être l'indication d'une manipulation humaine. Mais nos
travaux montrent très clairement que ce type d'insertion peut se
produire dans la nature ».
Rappelons que depuis la découverte que les chauves-souris étaient le réservoir du SRAS en
2005, les chercheurs se sont beaucoup intéressés à ces animaux de la
nuit. Cette fois, l'équipe de Weifeng Shi a analysé 227 échantillons de
chauve-souris prélevés dans la province du Yunnan, en Chine, entre mai
et octobre 2019. Les chercheurs y ont découvert un nouveau coronavirus
de chauve-souris qui partage avec le SARS-CoV-2, 97,2 % de son ARN sur certaines parties de son génome.
Le coronavirus RmYN02 découvert par des chercheurs de la Shandong First Medical University chez
les chauves-souris est très proche du SARS-CoV-2. Mais il ne lui
ressemble pas dans la région du génome codant pour le récepteur qui lui
permet d’infecter les Hommes. Il n’est donc pas susceptible d’infecter
des cellules humaines. © Thaut Images, Adobe Stock
Toujours en quête de l’ancêtre du SARS-CoV-2
Or ce coronavirus baptisé RmYN02 présente des insertions d'acides aminés similaires à celles observées sur le coronavirus responsable du Covid-19.
Celles que les rumeurs présentaient comme la preuve de sa manipulation
dans un laboratoire. Le fait que ces insertions soient similaires mais
pas identiques à celles observées sur le SARS-CoV-2 indique qu'elles se
sont produites lors d'événements d'insertion indépendants. Et suggère
que de tels événements qui semblaient très inhabituels peuvent bien se
produire naturellement.
Considérant l'ensemble des génomes, le
coronavirus le plus proche du SARS-CoV-2 reste celui que les chercheurs
appellent RaTG13. Mais ni lui ni RmYN0 ne sont des ancêtres directs de
celui qui nous inquiète aujourd'hui. Les chercheurs estiment toutefois
qu'en échantillonnant plus d'espèces sauvages, ils pourraient réussir à trouver un ancêtre du SARS-CoV-2 et comprendre comment il a émergé chez l'Homme.
POUR EN SAVOIR PLUSLe coronavirus est bien d’origine naturelle
Virus échappé d'un laboratoire... Bioterrorisme... Sur Internet, les rumeurs vont bon train. Mais les chercheurs ont analysé le génome du coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19. Il est d'origine naturelle.Article de Nathalie Mayer paru le 22/03/2020
Apparu en Chine, il est aujourd'hui
responsable d'une pandémie de Covid-19. Plus de 70 pays sont touchés. Et
les théories les plus folles circulent désormais sur Internet quant à
son origine. Mais des chercheurs de l'institut de recherche Scripps (États-Unis) l'affirment : le coronavirus SARS-CoV-2 est le produit d'une évolution naturelle.
Le coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19 provient d’un processus naturel
« Nous avons comparé les données
publiques disponibles sur la séquence du génome du SARS-CoV-2 et celles
disponibles également pour des souches de coronavirus connues. Nous
avons fermement déterminé que le coronavirus, responsable de la pandémie de Covid-19, provient d'un processus naturel », déclare Kristian Andersen, professeur en immunologie et en microbiologie, dans un communiqué de l’institut de recherche Scripps.
Rappelons qu'il existe de nombreux coronavirus. Ils appartiennent à une famille de virus susceptibles de provoquer des maladies plus ou moins graves. L'épidémie de syndrome respiratoire
aigu sévère (SRAS) que la Chine a connue en 2003 avait déjà été causée
par un coronavirus. Tout comme celle de MERS contre laquelle l'Arabie
Saoudite a dû lutter en 2012.
Peu de temps après le début de
l'épidémie en Chine, les scientifiques chinois ont séquencé le génome du
SRAS-CoV-2. Ils ont mis ces données à disposition des chercheurs du
monde entier. Les études ont rapidement révélé une transmission interhumaine à partir d'une seule et unique introduction dans la population humaine.
Des caractéristiques qui excluent la manipulation génétique
Les chercheurs de l'institut de
recherche Scripps se sont concentrés sur des caractéristiques
révélatrices du coronavirus. Des caractéristiques portées par les protéines que
les experts appellent les protéines spiculaires. Ils se sont plus
exactement intéressés au domaine de liaison aux récepteurs (RBD) - une
sorte de grappin qui adhère aux parois des cellules humaines - et au
site de clivage - une sorte d'ouvre-boîte moléculaire qui permet au virus de se fissurer.
Selon les chercheurs, les protéines
spiculaires du SRAS-CoV-2 sont tellement efficaces pour se lier aux
cellules humaines qu'elles ne peuvent résulter que d'une sélection naturelle. Qu'elles ne peuvent pas être le produit du génie génétique.
Une conclusion étayée par la structure
moléculaire générale du SRAS-CoV-2. Son squelette diffère en effet
considérablement de ceux des coronavirus déjà connus. Et les chercheurs
sont convaincus que, si quelqu'un cherchait à concevoir un nouvel agent pathogène, il le construirait à partir d'une épine dorsale connue pour causer des maladies.
« Les caractéristiques du coronavirus excluent la manipulation en laboratoire comme une origine potentielle pour le SRAS-CoV-2 », insiste Kristian Andersen. De quoi mettre fin à toute spéculation de manipulation de génie génétique délibéré.
Cela vous intéressera aussiCoronavirus versus Grippe : leurs différences, leurs ressemblances Au tout début de l’épidémie, le Covid-19 a été comparé à la grippe, d’aucuns la qualifiant de « grippette ». Or, il n’en est rien. Depuis, les scientifiques du monde entier ont mis en commun leurs observations, s’appuyant notamment sur celles des Chinois.
https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-coronavirus-nouvelles-preuves-origine-naturelle-sars-cov-2-80101/
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