Le procès fini, Patrick Balkany se lâche
Malgré les sévères réquisitions qui pèsent sur ses épaules pour blanchiment et corruption, le maire de Levallois-Perret est réapparu en star pour la traditionnelle fête estivale
Sa
voix résonne dans tout le centre-ville. C'est la Fête de l'été à
Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) ce samedi soir. Et le maire (LR)
Patrick Balkany se lâche. Au micro, sur l'estrade, il fait son show
devant ses administrés, bien décidé à amuser la galerie, comme chaque
année en enchaînant les blagues tout en se déhanchant sur du charleston.
Car
l'édile ne change rien à ses habitudes. Même si trois jours auparavant,
son procès pour fraude fiscale, blanchiment et corruption s'achevait au palais de justice de Paris, sonnant peut-être le glas d'une longue carrière politique. Les réquisitions du parquet national financier
sont lourdes, aussi bien pour le volet de la fraude fiscale que pour la
corruption. Pour le premier, il risque quatre de prison et pour le
second, sept, avec incarcération immédiate, dix ans d'inéligibilité et
la confiscation de tous ses biens. Les jugements seront rendus
respectivement le 13 septembre et le 18 octobre.
Mais
l'édile ne semble pas vouloir se gâcher tout l'été avec cette épée de
Damoclès au-dessus de la tête ni vouloir reparler du procès. « Le quoi ?
Je ne suis pas le tribunal, moi. Quelle épée de Damoclès ? C'était un
passage et puis voilà », nous confie-t-il entre deux embrassades, un
verre de mojito à la main. Avant l'arrivée de la parade, de nombreux
habitants viennent le saluer.
«S'il doit aller en prison, il va nous manquer»
«
On ne se connaît pas, mais je voulais vous serrer la main et vous
donner tout mon soutien », lance une quinquagénaire, venue aussi vite
qu'elle était partie juste pour le voir. David, Levalloisien depuis 10
ans, lui saute carrément au cou et le serre dans ses bras. « Je l'aime.
Il a fait de cette ville un vrai plaisir de vivre, lâche-t-il tout
simplement, joyeux. Ils (NDLR : Patrick et Isabelle Balkany)
sont accessibles. Ça fait des êtres humains incroyables. Il y a
toujours des démêlées dans la vie, la justice fera son boulot, mais
nous, on le soutient. »
En
attendant la sanction, le maire prend ses bains de foule comme à son
habitude. Monica se lance et lui demande un selfie. Il accepte tout
sourire. « Pour le moindre souci, il est là. J'avais un logement
insalubre, j'ai demandé à avoir un logement social quand j'ai eu mon
premier enfant et je l'ai obtenu, raconte cette mère de trois enfants.
Je n'ai connu que lui comme maire, mais s'il doit aller en prison ou
arrêter d'exercer, il va nous manquer. C'est un personnage, il parle
avec tout le monde, il fait des bisous aux enfants, tout le monde lui
tape la bise, humainement c'est sympa ! » poursuit-elle.
«
Il n'est pas encore condamné, ça fait 36 ans qu'il se balade à
Levallois, c'est normal qu'il ne change rien à ses habitudes », remarque
Daniel, habitant de la ville depuis les années 1970, en rien étonné par
le comportement de son maire soupçonné d'avoir dissimulé près de 13 millions d'euros au fisc. Mais le retraité tempère : « Il a sûrement fait des bêtises, il les paiera. »
Mais
d'ici là, Patrick Balkany profite de la fête : « Allez ! Envoyez la
musique ! » crie-t-il au micro en maître de cérémonie plus d'une heure
durant.
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