juin 2020
Allô, Olivier Dussopt, il y a vraiment de l'eau dans les tuyaux?
En
tout cas, Olivier Dussopt, ex-député socialiste élu en juin 2017 avant
de devenir sous-ministre de droite chargé de décimer le nombre d'emplois
dans la fonction publique, a reçu en cadeau deux lithographies du
célèbre peintre Gérard Garouste par le biais d'un dirigeant de la SAUR,
l'un des trois ténors français du marché privatisé de l'eau. Problème :
seulement quelques jours avant de se voir offrir lesdites
lithographies, Olivier Dussopt, qui était maire socialiste d’Annonay,
annonçait publiquement un partenariat industriel avec la SAUR pour l’installation d’une micro-turbine hydroélectrique sur la commune.
Et
membre du gouvernement des riches et du capital, le même Olivier
Dussopt vantait publiquement en octobre 2018 les mérites de la nouvelle
turbine, présentant la SAUR comme "très emblématique de la transition énergétique".
Et dans notre vieille société capitaliste, les médias aux ordres
s'étaient dépassés pour faire de la pub au sous-ministre et à la SAUR.
Médiapart a enquêté. Olivier Dussopt se défend. Il indique avoir, "comme nombre de sociétés prestataires de collectivités locales" reçu d’autres cadeaux de la SAUR, "en mairie" : "des présents de fin d’année, comme des bouteilles de vin ou du chocolat", qu’il dit avoir "généralement partagé avec ses équipes". Et sur les lithographies, explique-t-il à Médiapart, "J’ai considéré que cela relevait de mon activité de maire et de président de l’Association des petites villes de France,
association avec laquelle la Saur a un partenariat historique et
antérieur à mon adhésion, et non de mon mandat de parlementaire ".
Mais
celui qui était député socialiste, avant de s'assoir en conseil de
ministre, n'a pas plus jugé utile de déclarer ce cadeau de lithographies
à Madame la Déontologue de l'Assemblée nationale. C'est quand même bêta vu que, selon le Code de déontologie de l'Assemblée nationale, tout député doit OBLIGATOIREMENT déclarer "les dons, avantages […] d’une valeur qu’ils estiment supérieure à 150 euros dont ils ont bénéficié à raison de leur mandat ".
Selon nos informations, dit Médiapart, le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire pour "corruption" et "prise illégale d’intérêts", après nos révélations sur Olivier Dussopt.
Bon, existe-t-il matière à noyer le poisson dans l'eau?
En tout cas, toujours sur Médiapart, Olivier Dussopt avait défendu la "moralité et le devoir d’exemplarité des élus". Le 5 mars 2017, il vantait les mérites de la "transparence" à l’occasion d’une réunion publique sous forme de bilan de son mandat. "Nous devons rendre des comptes, être transparents, être présents", plaidait-il, évoquant leurs valeurs morales et politiques, en tête desquelles l’honnêteté.
Le 4 janvier 2017, le député socialiste considérait qu’un élu condamné après avoir "utilisé
les prérogatives qui étaient les siennes pour s’enrichir, pour
détourner, pour dévier et vicier l’intérêt public et bafouer l’intérêt
général", "ça devrait être éliminatoire".
Olivier Dussopt, sous le coup d'une enquête préliminaire, est loin d'être condamné.
Et
vous, amis et camarades qui me lisez, s'il vous prend l'envie de faire
un cadeau à votre député, pas plus de 150 euros donc par cadeau. Dixit
le sublime Code de déontologie de l'assemblée nationale. Sinon pam-pam
cucul! Ou pas...
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