Un discours vieux de 546 ans et si actuel : lisez-le en pensant à Emmanuel Macron et à son clan? Par Jean LEVY
Discours de la servitude volontaire
par D'Estienne de La Boétie
Le Discours de la servitude volontaire
a été écrit par La Boétie alors que celui-ci n'avait que 18 ans (1574). Le texte fut édité à titre posthume.
Pour écouter le discours d'Etienne de la Boétie
CLIQUEZ CI-DESSOUS
https://www.youtube.com/watch?v=b5lbSgILCrY
Et lisez ces quelques lignes, vous en mesurerez l'actualité
a été écrit par La Boétie alors que celui-ci n'avait que 18 ans (1574). Le texte fut édité à titre posthume.
Pour écouter le discours d'Etienne de la Boétie
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https://www.youtube.com/watch?v=b5lbSgILCrY
Et lisez ces quelques lignes, vous en mesurerez l'actualité
Pauvres
gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et
aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus
beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs,
voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres ! Vous
vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous.
Il
semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous
laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies.
Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des
ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez
fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la
guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir
vous-mêmes à la mort.
Ce
maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de
plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce
qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous
détruire.
D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ?
Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ?
Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas aussi les vôtres ?
A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ?
Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était d’intelligence avec vous ?
Quel
mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs du larron qui
vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de
vous-mêmes ?
Vous
semez vos champs pour qu’il les dévaste, vous meublez et remplissez vos
maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu’il
puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vos enfants pour qu’il en
fasse des soldats dans le meilleur des cas, pour qu’il les mène à la
guerre, à la boucherie, qu’il les rende ministres de ses convoitises et
exécuteurs de ses vengeances.
Vous
vous usez à la peine afin qu’il puisse se mignarder dans ses délices et
se vautrer dans ses sales plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu’il
soit plus fort, et qu’il vous tienne plus rudement la bride plus courte.
Et de tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas
si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez,
même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir.Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre.
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