vendredi 25 septembre 2020

Publié par El Diablo

 

Je ne suis plus membre du PCF depuis 2009 et je m’interroge : vais-je reprendre ma carte ? L’avis de militants m’intéresse. Je livre ici ma réflexion sur mon engagement.

Jean-Paul L.

J’ai adhéré en 1972 au PCF, j’avais 15 ans. A 13 ans je découvrais le petit livre rouge de Mao-Tse-Toung, le manifeste de MARX et des textes de LÉNINE. A la fête de l’Huma de 1972 je prenais ma carte. De 1974 à 1977 je militais à la JC au sein de mon lycée puis de 1977 à 1991 comme enseignant au sein de diverses cellules du parti. Participant à de nombreuses luttes (expulsions locatives, sans-papiers, libération de Mandela, pour l’accueil des réfugiés chiliens, Défense de l’emploi à Chausson, dans les champignonnières de Gouvieux, à l’hippodrome de Chantilly, contre la guerre en Irak, contre les campagnes islamophobes, pour le logement social et pour le développement économique fluvial) J’ai milité au sein du PCF jusqu’en 2009 et j’ai été élu municipal de 1987 à 1995 puis de 2008 à 2014. Également élu délégué du personnel enseignant.

J’ai essayé d’étudier la pensée de Marx et de la confronter à ma pratique et je n’ai jamais été déçu de ses enseignements. Par contre il m’a fallu des années pour comprendre que dans un parti marxiste comme l’a été le PCF, il y a une lutte idéologique car aucune institution même révolutionnaire n’est en dehors des idéologies produites par la lutte des classes. J’ai quitté le PCF en 2009 alors que j’ai été élu municipal pendant 3 mandats, et syndicaliste enseignant...

Collaborateur du CC du PCF de 1991 à 1994 j’ai décidé de quitter cette collaboration en 94 lorsque Robert Hue a été élu secrétaire national. C’est à ce moment-là que j’ai eu beaucoup de doutes sur l’orientation du PCF qui déjà avait pris le chemin d’une forme de réformisme avec la disparition progressive du parti léniniste puisque la direction abandonnait les cellules locales et d’entreprises comme le lien dialectique du rapport du parti au peuple pour se consacrer à un parti, devenu comme les autres, une organisation électoraliste prônant la lutte politique au travers de la propagande de thèmes décidés par la direction nationale en dehors de tout lien prenant en compte les réalités vécues par le peuple et donc abandonnant le soutien et l’incitation à la pratique politique créatrice de la classe ouvrière.

Le PCF à partir de ce moment prenait des positions de plus en plus électoralistes fondant sa pratique pour l’essentiel sur les échéances électorales et non plus sur une activité permanente favorisant prioritairement le lien parti/ peuple au travers des cellules de base du parti. En même temps je me méfiais des thèses de l’extrême gauche qui ne me présentait qu’un marxisme dogmatique et par-dessus le marché une éternelle incapacité à organiser les travailleurs et les classes populaires, se répandant dans la phraséologie révolutionnaire et le sectarisme. Méfiance renforcée du fait que la plupart des dirigeants trotskystes que j’avais connus étaient passés avec armes et bagages dans les cabinets ministériels de Mitterrand pour accompagner le capitalisme et la pédagogie du renoncement à transformer la société, déployé par le PS de 1982 jusqu’au quinquennat de Hollande.

Aujourd’hui je reviens à cette question de « dépassement » du capitalisme dont parlent certains intellectuels communistes. Je ne rejette pas ce terme car il s’agit d’aller au-delà du capitalisme mais cela, si c’est indispensable, ne peut se faire sans « rupture « avec lui et donc sans phase de transition dans laquelle la lutte du prolétariat nécessite sa domination sur ce qu’il restera du capitalisme et donc de ses représentants. C’est pourquoi à la dictature actuelle de la bourgeoisie je comprends la dictature du prolétariat comme une nécessité historique transitoire et démocratique.

Or le 22ème congrès du PCF a rejeté ce concept en le présentant sous une interprétation qui ne me semble pas marxiste mais bourgeoise et du coup sa liquidation a été décrétée du fait qu’on a interprété la dictature du prolétariat comme moins de démocratie et plus de limitation des libertés. Ce n’est pas ce que j’ai compris des ouvrages du marxisme historique, au contraire : pour moi cette phase doit se voir du point de vue de la lutte des classes et donc elle signifie beaucoup plus de liberté et de démocratie POUR LE PROLÉTARIAT, et plus de coercition sur LES CAPITALISTES car ces derniers s’opposeront de fait à la domination du prolétariat qui sera antagonique à leur ex-domination. Il suffit de regarder la haine et le combat qu’ils développent contre toute expérience de rupture avec le capitalisme pour comprendre qu’ils ne feront aucun cadeau aux peuples qui choisiront une voie autre que celle de leur hégémonie.

De tout temps ils ont, sous prétexte de défense de leur ordre, emprisonné, réprimé, torturé et massacré, tous ceux qui s’opposent à leur domination. Cette transition que les marxistes nomment « socialisme », donc du capitalisme dont le mode de production est privé vers le communisme comme mode de production intégralement socialisé, est pour moi inéluctable et penser que du fait de l’évolution des forces productives contemporaines on puisse passer directement au communisme me semble être une erreur.

En effet même si la base matérielle de la société par les principales forces productives dirigées par la classe ouvrière devient propriété socialisée des producteurs, les idées du capitalisme perdureront dans la lutte que mèneront les secteurs restés capitalistes et il faudra combattre par la démocratie du prolétariat tout retour en arrière surtout dans un contexte mondial où le socialisme devra avoir son caractère national (comme c’est le cas pour Cuba, la Chine, le Vietnam) puisqu’il est fort peu probable qu’il y ait un gouvernement socialiste international qui serait issu d’une internationale prolétarienne renversant le capitalisme mondial, vieux rêve trotskyste qui sous-estime les contradictions entre bourgeoisies capitalistes et réalités nationales comme références existentielles et spécifiques de chaque prolétariat.

Aujourd’hui sans illusion je m’interroge sur un engagement que je pourrais reprendre au sein du PCF pour contribuer modestement avec d’autres camarades à le sortir de son réformisme. Le fait de l’inexistence de cellule de quartier (je suis retraité) me pose un vrai problème pratique car pour moi il ne peut y avoir de parti révolutionnaire sans le lien théorie/pratique au plus près du peuple et de la classe ouvrière.

Jean-Paul L.

 

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