Le nouveau schéma du maintien de l’ordre porte atteinte à la liberté d’informer
jeudi 24 septembre 2020
Dans son nouveau « Schéma national du maintien de l’ordre », destiné à l’usage des policiers et gendarmes et rendu public le 17 septembre, le ministère de l’Intérieur reconnaît la nécessité d’une « meilleure prise en compte de la présence des journalistes au sein des opérations de maintien de l’ordre, fondée notamment sur une meilleure connaissance mutuelle ». Une avancée ?
Malheureusement, au-delà de l’intention affichée, et dans un contexte déjà très dégradé pour les journalistes lors de leur couverture des manifestations, ce texte porte atteinte à la liberté d’informer.
Il évoque ainsi la création d’un canal d’échange entre les forces de l’ordre et les journalistes « titulaires d’une carte de presse, et accrédités auprès des autorités ». Pourtant, l’exercice de la profession de journaliste, définie dans le code du travail, ne nécessite pas la possession d’une carte de presse. Ce qui vaut tant pour la couverture des manifestations dans l’espace public que pour l’« identification » demandée afin de pouvoir porter des équipements de protection.
Ce document affirme aussi qu’« il importe […] de rappeler que le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes ou de membres d’associations ». Ce « rappel » est en réalité un feu vert accordé par le ministre de l’Intérieur aux forces de l’ordre pour empêcher les journalistes de rendre compte pleinement des manifestations, y compris de leurs dispersions ou de leurs dérapages. Il est d’autant plus inacceptable qu’il fait suite à de nombreux abus policiers constatés envers les journalistes lors des récents mouvements sociaux et dénoncés, entre autres, par le Conseil de l’Europe.
Nous appelons le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, à corriger ce « nouveau cadre d’exercice du maintien de l’ordre » pour le mettre en conformité avec les principes français et européens de la liberté d’informer.
Signataires : les sociétés des journalistes, des rédacteurs et/ou des personnels de l’AFP, Arrêt sur images, Arte, BFMTV, Challenges, CNews, Courrier international, les Echos, Europe 1, l’Express, le Figaro, France Culture, France Info, Franceinfo.fr, Franceinfo TV, France Inter, France 2, France 3 National, l’Humanité, le JDD, LCP, Libération, M6, Marianne, le Média, Mediapart, Midi libre, le Monde, l’Obs, le Parisien-Aujourd’hui en France, Paris Match, le Point, Premières Lignes, Public Sénat, RFI, RTL, Sud Ouest, Télérama, la Tribune, TV5Monde, la Vie, 20 Minutes.
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