A géométrie variable mais à intérêts constants… par Danielle Bleitrach
Pour connaitre un peu l’Asie centrale, le Tadjikistan en particulier, je n’ai cessé d’affirmer que si les occidentaux se préoccupaient le moins du monde du sort des femmes, ils auraient dû appuyer partout l’intervention soviétique… Mais il s’agissait d’un piège dans lequel les soviétiques ont été pris pour diverses raisons. La condition des femmes afghanes n’est pas plus hier comme aujourd’hui autre chose que le prétexte à des interventions “humanitaires” et la condition des femmes n’a strictement aucune importance pour les jocrisses de la presse française qui de temps en temps traitent du sujet …. (note de Danielle Bleitrach)
09AOÛT 2013
Voici ce que j’écrivais en aout 2013, pour mettre en garde contre les prétextes humanitaires par lesquels les Etats-Unis mais aussi leurs alliés français tentent de nous faire valider des politiques beaucoup moins respectables qu’il n’y paraît… et dont les résultats n’ont rien à voir avec ceux invoqués pour solliciter notre compassion et notre adhésion au bellicisme. La campagne en faveur des femmes afghanes qui a accompagné l’intervention américaine en Afghanistan a été un modèle du genre, il faut ne se faire aucune illusion sur les buts et les moyens de ces campagnes où le pathos maque bien des intérêts. (note de Danielle Bleitrach en août 2013)
Si les critères de l’intervention qui ont été avancés pour l’Afghanistan (libération des femmes et lutte contre le terrorisme d’Al qaida) étaient valides, les Etats-Unis et l’OTAN devraient entrer en guerre aux côtés de Khadafi.
En ce qui concerne les femmes, notons que l’on continue à les utiliser comme le prouve la photo du Times de cette jeune fille mutilée pour avoir voulu échapper à son époux et à sa belle-famille qui la battait. Photo assortie de la légende: « ce qui arriverait si nous quittions l’Afghanistan »
Soutenir la guerre en utilisant la cause de femmes, voilà qui est cynique, note Priyamvada Gopal, professeure à l’université de Cambridge, dans le Guardian britannique. Elle rappelle que cette technique a longtemps été dénoncée par les féministes et que la une de Times procède de ce même « cynisme ». Elle ajoute :
« Les documents de WikiLeaks révèlent que la CIA utilise la souffrance des femmes afghanes pour se rallier le soutien de l’opinion. »
La photo n’illustre pas un cas de crime contre cette femme du temps des talibans, mais une histoire atroce qui a lieu aujourd’hui dans un pays occupé par l’OTAN, où l’on ferme les yeux non seulement sur la culture du pavot, l’oppression des femmes et même le viol des jeunes garçons. Tout cela faisant partie des mœurs sur lesquelles les troupes d’occupation sont invitées à ne pas trop s’interroger.
Il n’empêche « la femme afghane » et ce qu’elle deviendrait « sans nous » est encore utilisé pour le maintien des troupes d’occupation.
ET dans le cas de Khadafi, la question des femmes, de leur émancipation, de ce que leur réserve le départ du guide n’est jamais posée, ni par la CIA, ni par nos médias…
Quant à l’influence réelle ou supposée d’Al Qaida cela ne les inquiète pas plus. Encore plus étonnant aucun de nos farouches partisans de la laïcité ne s’émeut d’ouïr, comme hier soir sur Arte, les libérateurs dénonçant Khadafi l’athée…. Ou agitant un drapeau monarchiste.
A l’époque de l’intervention en Afghanistan, et pas plus qu’ aujourd’hui le sort des peuples, leur souhait majoritaire ne préoccupait ceux qui intervenaient. Et les millions de morts irakiens n’ intéressent pas les dirigeants impérialistes des pays occidentaux, pas plus que les enfants assassinés en Afghanistan, la corruption, le drame pour les populations.
La guerre pour ces fripouilles au masque humanitaire n’était plus « légale » un acquis historique du droit international, elle a régressé vers la guerre « juste », et de ce viol du droit vers l’oxymore du « devoir d’ingérence ». Un formidable retour en arrière depuis Kant et les Lumières nous sommes revenus aux croisades… avec en prime le bourrage de crânes médiatique… Avec en prime, le fait que la France, pays des droits de l’homme n’a plus aucun pouvoir sur les expéditions guerrières qui se font en son nom. Entre son adhésion à l’Otan et le fait qu’il n’y a plus la nécessité de voter l’entrée en guerre.
Quant à la démocratie, les mêmes, désormais débarrassés de tout contrôle démocratique de leur propre peuple, ne se préoccupent pas plus hier qu’aujourd’hui de la vertu des hommes politiques de paille qu’ils prétendent mettre au pouvoir, ils croient simplement qu’un changement de cage réjouit l’oiseau…. Et tant que l’oiseau ne piaille pas même si on l’attache et le torture, ils ignorent les méfaits de leurs protégés réservant leur indignation à ceux qui tentent de revendiquer leur indépendance.
S’il y a une leçon à tirer des mouvements actuels, c’est bien que les peuples savent trouver le chemin de la rébellion et je partage pleinement le cri de Robespierre: « Mort au tyran », mais pour mieux l’assortir de son affirmation: »nul n’aime les missionnaires casqués et bottés ». L’essentiel étant ce qui est pour lui fondamental : « le peuple doit être notre boussole »…
Le missionnaire pleurniche sur le peuple et le considère comme un grand enfant que l’on confie aux soudards, aux mercenaires et aux sociétés pétrolières et au complexe industrialo-militaire, tout en portant comme un ostensoir ou un sac de riz « le droit d’ingérence ».
Mais parce que le peuple a parlé et continue à s’exprimer au Moyen Orient, il y a des « concepts » qui sont en train de prendre un sacré coup de vieux, le péril islamiste confondant les peuples musulmans opprimés et les bandes armées de nos chers alliés, le choc des civilisations, sans parler de « la fin de l’histoire », alors réjouissons-nous si nos laïques impénitents traquant le voile et le musulman criminel commencent à s’intéresser enfin au sort des peuples et s’aperçoivent que tous ont les mêmes ennemis.
Et alors l’intervention humanitaire apparaîtra pour ce qu’elle est un discours hypocrite à géométrie variable, où seuls les intérêts sont constants.
Danielle Bleitrach
aujourd’hui certains font appel aux mêmes ressorts…
Alors même qu’ils n’ont pas daigné consacrer la place que ce crime aurait mérité au récent attentat en plein Paris contre l’ambassade de Cuba,attentat financé et provoqué par les Etats-Unis…
Aujourd’hui, c’est la journée de dénonciation des crimes américains dans le monde, la cause des femmes ne peut pas être abstraite de la dénonciation de ces crimes …. guerres, blocus et invasions criminelles se conjuguent aussi et d’abord au féminin…
En cette nouvelle année de commémoration de la Journée internationale des crimes américains contre l’humanité, qui coïncide avec les brutales coercitions que Washington perpètre contre de multiples pays – Cuba, Venezuela, Yémen, Nicaragua, Soudan du Sud, Iran et tant d’autres -, Il devient indispensable de recourir non seulement à la mémoire, mais aussi à la compréhension historique du Golem génocidaire des dimensions dantesques dans lesquelles a dérivé la démocratie américaine.
Aucune puissance ne peut s’arroger le droit d’intervenir et encore moins soumise à la faim et à la pénurie dans une société de la terre.Identifier ceux qui imposent ces fléaux pour l’humanité : guerre, pauvreté et torture, est un devoir éthique incontournable qui nous oblige à prendre position dans le monde.
L’omission est aussi un exercice génocidaire et nous souille les mains de sang.
Ne l’oublions pas un instant.bit.ly/3fETSLl
(°) Le commentaire sous la photo de cette femme Afghane mutilée par les talibans dans l'indifférence si ce n'est la complicité des dirigeants occidentaux qui choisirent en leur temps les talibans contre l'intervention libératrice des soviétiques est de Pedrito
Le peuple Afghan sous le joug des talibans peut dire merci à l'OTAN, ce jouet meurtrier de l'impérialisme US
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