Les États-Unis, menace principale pour la paix !
Texte de 2017 mis à jour.
La guerre mondiale, qui la veut?
Le danger de guerre actuel provient exclusivement des États-Unis qui ont obtenu leur hégémonie mondiale en gagnant les trois précédentes (on peut considérer la Guerre froide en comptant les conflits régionaux qui l’ont accompagnée (Corée, Viet Nam, Proche Orient, Afrique, etc.) comme la troisième), et qui sont tentés de la conserver en s’engageant dans une quatrième.
Aucune autre puissance n’est en mesure de menacer la paix. Le terrorisme, notamment, n’est qu’un instrument au service des États-Unis, soit un allié direct comme en Syrie, soit un adversaire idéal qui ne présente aucun danger réel, et qui joue son rôle dans la mise en condition militaire des peuples occidentaux, et leur acceptation tendancielle, au rebours de leurs valeurs individualistes, d’un État policier et d’une société de surveillance et de fichage généralisés.
Les États-Unis du capitalisme en déclin de l’année 2021 peuvent croire qu'ils ont objectivement intérêt à la guerre dans cette décennie. Leur équipement militaire hypertrophié et leur expérience du combat réel leur donnent la certitude trompeuse d'une victoire dans n’importe quel conflit armé classique, à condition qu’ils puissent mobiliser les médias globaux pour construire le consentement de l'opinion occidentale à une telle démarche sanguinaire, mais cette avance technologique est financée par la contribution du reste du monde à commencer par la Chine, qui comble les déficits abyssaux de l'économie américaine en rachetant du papier dollarisé, et elle aura complètement disparu d’ici quelques années. La crise liée à la pandémie n'a fait qu’accélérer l'évolution inéluctable.
Depuis celle de 2008, ils sont entrés dans une phase agressive, s’attaquant sous les prétextes les plus transparents à des nations petites ou moyennes, le plus souvent en utilisant des collaborateurs locaux, des séparatistes, des réactionnaires religieux, des intermédiaires en apparence non étatiques et des auxiliaires étrangers, et surtout une « société civile » ad hoc cultivée dans leurs universités et recrutée dans un certain nombre de pays stratégiques [ Voir le Venezuela, comme cas d'école de l'ingérence, et le cas du citoyen Navalny en Russie].
Mais ils ont aussi mené des guerres directes dont le but réel semble bien tout simplement de maintenir en état opérationnel leurs forces armées et de tester leurs armements. Ils sont d'ailleurs déjà lancés dans une cyber-guerre ouverte avec le reste du monde.
Il faut bien comprendre que la déclaration officielle de guerre au terrorisme en septembre 2001 a une importance fondamentale dans l’histoire de l’Empire américain : il s’agit d’une revendication de souveraineté qui porte sur l’ensemble du territoire mondial, et qui met fin à la politique internationale telle qu’elle était basée sur le respect de principe sinon de fait de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'autrui, depuis les traités de Westphalie au moins (1648). Ils revendiquent ce faisant le statut et rang de seul État souverain au monde.
Mais les moyens indirects ont eu leur préférence depuis leur relatif échec en Irak et en Afghanistan.
Ils ont réussi à prendre le contrôle du gouvernement de plusieurs États en instrumentalisant une opposition stipendiée de longue date, et en pratiquant avec l’aide des grands groupes de médias mondialisés une déstabilisation intérieure de grande échelle [un récent exemple : le coup d'État en Bolivie, le 12 novembre 2019, qui s'est heurté à une réaction populaire efficace].
Comme l'a symboliquement établi la destruction de l'ambassade à Belgrade en 1999, l’ennemi principal des États-Unis est maintenant très officiellement la Chine, dont le surgissement au premier rang économique mondial épouvante l’oligarchie occidentale qui se croit le dépositaire de la civilisation. Les actions erratiques de l’Occident piloté par les États-Unis ont paradoxalement renforcé ce rival, en consolidant son alliance avec la Russie, et la présidence Trump n’a fait qu’accélérer ce mouvement.
Une guerre directe contre la Chine ou la Russie, sous la forme de subversion interne, de pressions externes et de blocus maritime et aérien de leurs territoires, dont les littoraux sont étroitement verrouillés par les bases américaines, est techniquement possible et même jouable, dans l'intention de la gagner, mais au prix de provoquer une très forte crise économique internationale dont les effets seraient imprévisibles si la victoire n'était pas immédiate.
Les militaires ne font rien d’imprévisible. Mais ils ont tendance à surestimer leurs capacités, qui en l’occurrence sont effectivement très fortes, et la tentation de chercher des solutions technologiques à des problèmes stratégiques, notamment pour neutraliser les armes nucléaires.
Cependant, les États-Unis eux-mêmes ne sont pas un sujet géopolitique pleinement souverain, et le pouvoir réel va se chercher dans un milieu international occidental où leurs ressortissants sont des plus influents mais non exclusivement. Milieu composé des institutions financières et des banques, des cadres dirigeants des multinationales et des ONG qui recrutent dans les mêmes écoles, des médias internationaux, etc.
Dans ces milieux, la perspective d’une guerre qui ne soit plus une guerre asymétrique à zéro mort dans le camp occidental crée un malaise. Ils conservent parfois la culture historique suffisante pour comprendre que la guerre ouverte comme solution des contradictions du capitalisme n’est pas la meilleure option, parce qu'elle peut déboucher sur la révolution comme la Grande Guerre de 1914 à débouché sur la Révolution d'Octobre. Ils soutiendront donc toutes les guerres néocoloniales ou contre-révolutionnaires, mais chercheront à éviter un conflit majeur avec les puissances émergentes capitalistes. D'autre part, en cas de guerre mondiale ouverte et déclarée, l'expérience historique montre que la puissance qui en a pris l'initiative perd la mise.
Certains alliés des États-Unis de puissance bien moindre (Grande Bretagne, France, Allemagne, Israël, Arabie saoudite) peuvent être tentés chacun leur tour de jeter de l'huile sur le feu pour acquérir un rang de « senior partner » dans l’alliance occidentale.
Tout ce qui contribue à affaiblir la résistance à l'hégémonie des États-Unis rend la guerre plus probable, car elle crédibilise chez les responsables sans imagination qui nous gouvernent l'idée d'une guerre technologique victorieuse propre et rapide. L'effondrement de la Libye a rapproché le monde de la catastrophe. La résistance de la Syrie, mais aussi de Cuba, de la Corée, de l'Iran, et du Venezuela face aux ingérences impériales, éloigne la guerre mondiale. Ainsi que la débâcle américaine en Afghanistan.
Contrairement aux apparences, un va-t-en guerre brouillon et impulsif à la tête des États-Unis dans le genre Donald Trump est moins dangereux qu'un politicien consensuel comme son adversaire malchanceuse Hillary Clinton (ou le criminel John McCain, qui fut universellement regretté par les partisans de l'impérialisme et leurs médias), ou comme l'homme de paille des militaristes Joe Biden, qui n'engageraient la guerre contre le pays visé qu'à la suite d'une longue préparation médiatique, de sanctions économiques destructrices, et d'une subversion interne à grande échelle, et qui ne lâcherait pas sa proie facilement, ne serait-ce que pour ne pas perdre la face, comme on voit en Syrie où la guerre ne se prolonge que pour punir le peuple d'avoir résisté. Et cela, même s'il peut être à titre individuel réticent face aux aventures militaires, comme c'était le cas d'Obama [Trump s'est rapproché de ce modèle du président démocrate impérialiste dans la crise vénézuélienne, recueillant les applaudissements de ceux qui dans l'establishment et les médias globaux le vouaient au gémonies l'année précédente !].
Cela dit s'il y a un pays où les contradictions du capitalisme s'aiguisent de manière décisive, ce sont bien les États-Unis. La révolution ou la guerre civile pourraient bien surgir à l'intérieur même de ce pays. Et la tentation d'en sortir par la guerre extérieure va devenir forte pour ses élites prédatrices.
L'anti-impérialisme et le mouvement international pour la paix sont donc redevenus les priorités existentielles pour l’avenir de l’humanité.
Note du 3 avril 2020 :
Loin d'être l'occasion d'une trêve pour les Docteur Folamour de Washington, la pandémie du Covid-19 semble être pour eux une occasion d'escalade. Elle soumet le système de santé américain, et même ses forces armées, à un stress extrême et les responsables sont tentés de fuir leurs responsabilités gravissimes, par la provocation, l'agressivité diplomatique et la fuite en avant militaire. Les cibles ne manquent pas : Cuba, et tout pays acceptant son aide médicale, Venezuela, Iran, Russie, Chine, Syrie, Corée, etc. (même le Mexique!).
Note du 30 novembre : Joe Biden s'annonce encore pire que Trump sur les questions internationales, si c'est possible.
Note du 17 juillet 2021 : la dangerosité de l'administration Biden se confirme chaque jour, uniquement tempérée par l'état problématique des forces armées américaines qui sont à la fois surfinancées et mal équipées pour une vraie guerre contre un véritable adversaire.
GQ , 13 août 2017, relu et mis à jour le 7 novembre 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire