mercredi 16 février 2022

                                        Les bandéristes* manifestent en Ukraine

 

Les médias étasuniens et britanniques du Sun, presse de caniveau, au New York Times, prétendument de référence, ont sombré, à l'occasion de la "crise ukrainienne", dans une propagande guerrière d'une stupidité sans nom. Les journaux anglo-américains sont allés jusqu'à donner le jour et l'heure de l'attaque russe contre l'Ukraine.

Certes, au moins depuis la guerre du Golfe, on savait que la presse aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne est aux ordres du pouvoir et relaie les bobards des services de renseignement. Mais la plus part du temps elle le fait d'une façon sournoise et hypocrite. Cette fois-ci, rien de tel. C'est du bourrin pur et dur.

Même nos médias, unanimement déchaînés contre l'autocrate Poutine et ses hordes slaves prêtes à déferler sur la démocratique Ukraine, n'ont pas osé aller aussi loin. 

Le grand journal suisse Le Temps va plus loin dans l'honnêteté  en écrivant sous le titre Le drôle de jeu des médias américains en Ukraine que "Depuis plusieurs semaines, les observateurs s’interrogent sur la méthode des grands médias anglo-saxons, qui diffusent des informations du renseignement américain, parfois aléatoires, alimentant une grande inquiétude globale".

Bref le caractère mensonger et manipulateur de la presse capitaliste apparaît au grand jour. On peut se demander - pour rire -  si nos pseudo-experts et journalistes de marché qui ont envahi les ondes et les écrans vont faire leur autocritique...

Ce qui est surtout intéressant dans cette affaire c'est le pourquoi de ce tsunami de mensonges imbéciles et qui tôt ou tard allaient montrer leur ineptie. Puisque comme dans le film Le Désert des Tartares, l'ennemi qu'on attend...ne vient jamais. Tous les observateurs sérieux, il y en eu peu mais il y en eu, avaient dit que la guerre d'Ukraine n'aurait pas lieu.

Même le président ukrainien avait tenté d'introduire un peu de calme dans les élucubrations propagandistes de Washington et ses vassaux plus ou moins enthousiastes. On a pu constater d'ailleurs que le critère idéologique ne pesait rien: Orban de droite extrême n'a pas adhéré à la croisade anti-russe contrairement à ses amis politiques polonais ou baltes.

Quant à la France, Le Drian a encore brillé par ses interventions débiles et bellicistes. Les arguments pour faire croire à une attaque russe ont manqué de crédibilité. Ressasser l'affaire de la supposée annexion de la Crimée, alors que chacun sait que la Crimée est russe depuis le 18e siècle et que c'est Khroutchev qui en 1954 céda la Crimée à la République soviétique d'Ukraine pour les 300 ans de l'union de la Russie et de l'Ukraine. Après la dislocation de l'URSS ce geste symbolique perdait son sens et très naturellement la Crimée a rejoint le giron russe.

Quelles furent donc les arrière-pensées des uns et des autres ?

Les Etats-Unis ont voulu réaffirmer leur suprématie en Europe à travers l'OTAN et en cherchant à affaiblir la Russie dont les liens avec l'Allemagne en particulier sont vus comme une menace pour l'hégémonie étasunienne. Par la même occasion Washington renforçait ses liens avec certains pays de l'Est et la Grande-Bretagne, là encore au travers de l'OTAN, afin d'éviter que les Européens parviennent à gagner une autonomie avec les Etats-Unis. 

La Russie en faisant manœuvrer ses troupes à le frontière de l'Ukraine a voulu peser sur le rapport de forces international pour stopper la progression de l'OTAN sous son nez. Et sans doute de relancer les négociations sur l'Ukraine et les accords de Minsk avec lesquels les Ukrainiens prenaient de plus en plus de liberté. Sans doute aussi Poutine a voulu souder les Russes autour de lui en faisant appel au patriotisme contre les Etats-Unis et une Ukraine où les forces réactionnaires et fascistes ont pris le pouvoir avec Maïdan et relèvent la tête. Une Russie aux prises avec des difficultés sociales importantes et une montée du mécontentement populaire.

Après cette affaire, reste, dans la perspective des élections présidentielles en France, que le non-alignement du pays et sa sortie de l'OTAN proposés par Jean -Luc Mélenchon sont des perspectives à la fois anti-impérialistes et pacifiques.

 

Antoine Manessis.

 

*   Bandéristes : partisans dStepan Bandera, nationaliste ukrainien ayant collaboré avec les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

 

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