jeudi 17 février 2022


Lettre ouverte aux sergents recruteurs de la social démocratie mélenchonienne 

par Danielle BLEITRACH

Depuis des mois, face au candidat communiste, des sergents recruteurs qui n’ont pas ménagé sarcasmes et dénigrement par rapport à une candidature communiste se répandent dans les réseaux sociaux le cœur en écharpe, pour inviter les communistes à voter pour leur homme providentiel MELENCHON. Le prétexte réside non seulement dans les “périls” de la victoire de l’extrême-droite, air connu, mais aussi l’amour qui unirait communistes et insoumis, et derrière cela le vote utile en faveur de la social démocratie. Voilà ce que je réponds à l’un d’entre eux : Vous n’êtes pas crédible, cette attitude est contreproductive alors qu’il reste tant à construire.

Vous nous prenez pour des billes, nous les électeurs communistes ?

Vous croyez que nous n’avons pas la mémoire de la manière dont votre social démocrate – fils de Mitterrand et poursuivant son œuvre de destruction du PCF et d’une gauche populaire – a traité les communistes qui s’étaient dévoués pour ses campagnes? A Marseille, où il s’était parachuté, votre homme providentiel a refusé d’avoir des candidats communs aux législatives sauf ceux qui lui faisaient allégeance personnellement, il a présenté contre ses “alliés” communistes des candidats partout.

C’était la suite logique d’autres comportements, depuis des années, il les a insultés systématiquement, non seulement la direction et Pierre Laurent – qui l’avait peut-être mérité – en les traitant de néant et de morts, mais tous les membres de ce parti. En paraissant ignorer qu’à l’inverse de votre “mouvement”, le PCF tient par ses militants et leur dévouement et pas par un leader et quelques proches qui ne vivent que d’élections et de postes, un mouvement et quelques initiés. Votre Mélenchon a bénéficié des parrainages de ses élus et du fric jamais remboursé, mais il a méprisé ces militants qui faisaient campagne pour ses ambitions personnelles parce que c’est bien de cela qu’il s’agit. Souvenez-vous de la manière dont il a traité le militant à la fête de l’humanité en lui ordonnant de se taire et d’obéir, il imaginait que c’était ça un militant communiste et c’est exactement le contraire, les communistes c’est tous des chefs, tous responsables. Vous ne comprenez pas pourquoi on adhère ou on adhérait jadis au parti communiste, non seulement pour se défendre comme au syndicat de classe et de masse, mais pour comprendre, pour acquérir une culture, pour être “souverain”.

Votre vision des communistes est non seulement celle d’un homme de droite comme Mitterrand, Fabius, vos parrains, mais c’est une conception de la vie politique, celle que Mélenchon vient encore de répéter en expliquant que mener une campagne présidentielle c’est passer tous les jours un concours de l’ENA. Alors que Fabien Roussel la mène en écoutant le peuple français, celui qui le 15 du mois n’a plus rien sur son compte. Votre Mélenchon qui court après les bobos a un programme qui correspond à ce public ? puisque si on le suit la facture d’électricité triplera. Que vous partagiez avec monsieur Jadot l’amour du quinoa est votre droit, mais que vous vous aligniez sur son refus du nucléaire civil n’est pas un “détail”.

Comme votre sympathie pour le “communautarisme” qui divise la classe ouvrière. Il n’y a plus les exploités et les exploiteurs, mais des origines, des mœurs, des adhésions religieuses supposées. Excusez-moi c’est une vision néocoloniale, au lieu de voir les travailleurs en tant que lutteurs contre le capital, unis ensemble contre ceux qui réellement organisent le déclin de la FRANCE, vous exaspérez les leurres bourgeois, c’est là non seulement une conception de la droite mais aussi de l’extrême-droite. Vous refusez à ce monde du travail le droit à la sécurité, celui d’être protégé de la violence, des trafics, mais ce qui va avec le droit à avoir un emploi, pas d’assistanat, cette sécurité qui fonde pourtant la citoyenneté y compris chez Spinoza ; et vous voulez que l’on se rallie à cette vision dès le premier tour, étouffer toute expression de cette gauche que vous et le reste de la social démocratie n’avez jamais cessé de trahir ?

Parce que le pire de tout pour des communistes est la manière dont Mélenchon s’est conduit à Marseille, après s’être fait élire dans la circonscription la plus pauvre d’Europe il n’a pas levé le petit doigt pour aider ces gens qui avaient placé sa confiance en lui.

Je n’ai pas d’antipathie envers lui et il m’est arrivé au plan international de me sentir plus proche de lui que des dirigeants communistes de Robert Hue à Pierre Laurent. je ne suis pas la seule et s’il a rallié des communistes c’est souvent qu’ils étaient écœurés de la soumission de la direction du PCF à la social démocratie. Mais en revanche, à l’inverse d’eux, il m’est toujours apparu que le soutenir pour rompre avec la soumission à la social démocratie c’était la politique de Gribouille : aller dans le lac pour éviter d’être mouillé par l’orage. Donc c’est sans antipathie que je lui dis ce que je pense : Mélenchon reste un social démocrate coupé des couches populaires, les méprisant et ne voyant en eux qu’une masse de manœuvre, alors que moi ce que je veux c’est une politique qui parte de leurs intérêts et de la nécessité de leur intervention, ce que dans une trouvaille verbale le candidat communiste a défini comme le roussellement. Je ne me fais pas d’illusions, la reconquête sera d’autant plus rude que trente ans de rupture ne se remontent pas en quelques mois, mais la campagne de Roussel va dans le bon sens, toutes les autres y compris celle de Mélenchon ne feront qu’aggraver la situation, c’est cette rupture qui fait monter l’extrême droite.

C’est ce qu’a voulu Mitterrand que Mélenchon n’a jamais désavoué et avant de détruire le PCF, de faire monter l’extrême-droite, ce brillant tacticien à courte vue, celle de sa propre élection, a détruit le Parti Socialiste, dans ce qu’il avait de populaire, il l’a offert aux ambitieux sortis de l’ENA et venus de la droite, comme Ségolène Royal. Celle-ci vient de vous apporter le soutien de sa social démocratie, celle qui a Marseille déjà soutenait Samia Ghali, les troupes de Guérini, celui qui avec son clientélisme, assistanat, gangstérisme, a pourri la ville et ses cités tout en résidant dans les beaux quartiers.

Alors n’étant pas membre du PCF, je ne peux ni parler au nom de ce parti et de ses militants mais en mon nom propre je vous dis deux choses:

1) s’il n’y avait pas de bulletin Fabien ROUSSEL, je voterais blanc ou m’abstiendrais.
2) si vous continuez votre indécent racolage après des mois d’insultes, il est probable que s’il n’y a pas aux législatives un candidat communiste je ne voterai pas pour des gens pareils, écœurants d’ambitions personnelles et qui après avoir dénoncé “le vote utile” prétendent s’en parer alors que le sieur MELENCHON n’a aucune chance d’être utile à quoi que ce soit d’autre qu’à ses ambitions personnelles.

Je vous le répète, j’ai été jadis une militante communiste, je m’identifiais totalement à ce parti communiste, c’est fini. Je l’ai quitté après trente ans d’humiliation, de diffamation de ceux qui avaient placé Mélenchon comme leur candidat présidentiel. Ils ont définitivement brisé en moi la foi du charbonnier qui était la mienne, ce n’est donc pas un “fanatisme” qui m’anime, ma relation qui reste bienveillante pour ce parti parce que je ne vois pas d’autre issue fait je vais voter FABIEN ROUSSEL. Bien que meurtrie à jamais par l’injustice subie, je ne la confonds pas avec la politique, le destin de mon pays, celui de son peuple, la lutte pour la justice et le paix, et c’est à ce titre que j’apprécie la quasi totalité de la campagne du candidat communiste qui me surprend agréablement. Mais même en temps d’élections, je ne suis pas un supporter, je ne m’identifie pas à lui. Donc si je refuse vos pressions c’est parce qu’elles sont sans issue pour mon pays, pour les couches populaires, vous n’êtes plus que des machines électorales qui venez raconter vos salades sur le vote utile ce que MELENCHON lui-même a dénoncé pendant tant de temps. Le lien qui m’attachait au PCF en tant que militante est désormais brisé et rien ne pourra le reconstruire mais je sais reconnaitre qui parle et au nom de quoi, qui est vrai et qui joue en affichant des craintes et amitiés qu’il n’éprouve pas. Donc je vous conseille d’arrêter vos contorsions, parce que vous n’êtes pas crédibles, essayez de reconstruire une relation d’écoute et de respect mutuel autour de ce que nous pouvons faire ensemble, c’est de cela dont nous avons tous besoin. Je pense même qu’il y a des possibles avec vous qui n’existent pas avec d’autres forces, en matière de paix, et cela compte pour moi, nous pouvons nous unir et agir ensemble dans bien des cas, ne rendez pas cela impossible.

DANIELLE BLEITRACH

Note de P.
C'est bien cela, Danielle a parfaitement raison dès les premiers mots de son analyse: ces gens-là, et Méluche à leur tête,  sont des irresponsables, à nous prendre, nous, les électeurs communistes, pour des billes qui auraient  la mémoire courte.

Nous n'avons pas, comme buffet et ses amis liquidateurs, et c'est là notre seul défaut, la mémoire courte,  Il faut que cesse cet anticommunisme d'un autre siècle: tant que le capitalisme impérialiste écrasera le monde, il faudra le combattre.

Et jusqu'à preuve du contraire, partout, dans le monde, ce sont les partis communistes qui le combattent et l'ont vaincu dans certains pays. Même si tout n'y est pas parfait, c'est beaucoup plus positif pour la paix, la planète, et l'avenir du monde, que le saccage du monde capitaliste

Aucun commentaire: