vendredi 11 février 2022

Roussel disciple de Machiavel ?

11 Février 2022 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce que dit la presse, #GQ, #Élections, #Qu'est-ce que la "gauche", #Positions

Roussel disciple de Machiavel ?

En politique, si tu ne communiques pas tu n'existes pas. Je ne vois pas en quoi ce serait plus grave pour quelqu’un qui se présente comme un représentant des classes populaires d'obtenir un article favorable dans un journal de droite, plutôt que dans des médias conformistes du "nouvel âge du capitalisme" comme "Le Monde", "Libération", France Culture, Arte, etc. Il est rare qu'un intellectuel ou qu'un politicien de gauche fasse la fine bouche quand ceux-là lui proposent une tribune ou le comblent d'éloges.

Mais à l'intention de ceux qui sont troublés par le succès médiatique de Fabien Roussel à "droite", voici quelques principes élémentaires de machiavélisme.

Pour s'imposer quand on ne se trouve pas dans les petits papiers des propriétaires des grands médias, une seule solution : faire scandale. La plus grande caisse de résonance gratuite qu'on puisse espérer, c'est la fureur et la réprobation d'un imbécile et dans les médias il y en a plein. Et si l'imbécile arrive à provoquer une émeute de bien-pensants, c'est encore mieux !

Tes adversaires doivent parler de toi, si possible avec indignation, sinon tu resteras un parfait inconnu. Obtenir ce résultat n'était pas très difficile pour le PCF à l'époque où il était personnifié par "l'homme au couteau entre les dents", et associé au Goulag, et au mur de Berlin. Mais depuis belle lurette (depuis la fin de l'URSS exactement) il ne fait plus peur à personne, et la haine de classe a été remplacée par le mépris. Il ne pouvait plus attendre du coté des faiseurs d'opinion que condescendance, commisération, et ironie.

Son candidat ne pouvait pas compter comme Georges Marchais sur ses adversaires directs pour briser la chape de silence qui le vouait à une influence de groupuscule résiduel.

Mais heureusement, il y a les gauchistes, qui sont très bêtes et qui professent d'être perpétuellement indignés par "le fascisme" qui se cache jusque sous les frites dans le beefsteak ... et il y a toujours beaucoup plus d'antifascistes pour tenir le crachoir quand il y a peu de vrais fascistes en circulation.

Pour provoquer leur réaction, il suffit de très peu de chose. et comme les gauchistes ont leurs ronds de serviette dans les médias où ils servent de faire-valoir aux conformistes du "cercle de la raison" leurs récriminations hystériques vont s'entendre partout. Or un des aspects les plus amusants et les moins difficiles du boulot d'un journaliste politique de droite consiste à relever leurs perles pour prendre le bon peuple à témoin, ce qui marche à tous les coups.

Les gauchistes croient que "tout le monde déteste la police". En fait tout le monde déteste les gauchistes. Tout le monde déteste les cadets de la bourgeoisie qui font la morale parce qu'ils sont incapables de trouver une profession utile, ou au moins s'ils n'y arrivent pas, de ne pas la ramener entre deux joints. Tout le monde déteste les parasites qui gravitent autour d'eux. Les étudiants extrémistes, les gourous sectaires et leurs disciples. C'est ainsi qu'ils ont compromis et démonétisé tous les symboles de la classe ouvrière, à commencer par le drapeau rouge.

S'attirer l’hostilité des gauchistes permet de les utiliser comme contre-marqueurs de classe. Dès qu'ils ouvrent la bouche pour condamner quelque chose, du point de vue populaire, ça ne peut pas être complètement mauvais.

Dans ces conditions tracer un trait de séparation avec eux est indispensable pour reconquérir la confiance des masses, et provoquer leur vindicte permet de les utiliser comme caisse de résonance.

Voilà ce que je crois deviner de la stratégie de l'équipe de campagne de Fabien Roussel.

Quant à savoir si ce candidat est véritablement un ami du peuple, ou un opportuniste de plus, le seul moyen de le savoir, c'est de juger sur ses actes s'il parvient au pouvoir.

Pour le moment la prise de distance par rapport au conformisme postcommuniste où le PCF avait sombré est réelle mais encore timide, notamment sur L'UE. Mais elle a le mérite d'exister.

 

GQ, 11 février 2022

 

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