samedi 19 mars 2022

Ni La Russie ni l'OTAN ? ou nulle part?

19 Mars 2022 , Rédigé par Réveil Communiste 

Ni La Russie ni l'OTAN ? ou nulle part?

Beaucoup de sympathisants de gauche veulent éviter de soutenir « Poutine » mais aussi de faire chorus avec la propagande de l’OTAN.

D’abord à ceux qui sont vraiment désorientés je conseillerai de prendre du recul et d’attendre que les choses se décantent.

Faute de cette prudence d'autres en sont venus à soutenir les sanctions économiques contre la Russie et même les livraisons d’armes à l’armée ukrainienne. Chercher à se soustraire au narratif de l’OTAN ils ne l’imaginent pas moins clair que la cause de cette guerre réside dans la volonté expansionniste de l’OTAN. Qu’il ne faut pas oublier que l’Ukraine est en guerre civile et en voie de nazification depuis le coup d’État de 2014. Dans ces conditions il faut réfléchir à deux fois avant de prendre parti.

Ensuite de ne pas marcher dans la personnalisation et la psychologisation du conflit. La personnalité de Poutine n’a finalement que fort peu de chose à voir avec la question, sauf à adhérer à une conception carrément zemmourienne - lorantdeutshienne de l’histoire. Il y a des constantes géopolitiques, et aucun gouvernement russe digne de ce nom n’aurait accepté l’intégration de l’Ukraine dans une alliance anti-russe.

De se dire aussi que s’attribuer à soi-même et de distribuer des certificats de bonne moralité idéologique ça ne sert pas à grand-chose ; répéter qu’on est contre les « dictateurs » « pour la paix » etc. ce n’est qu’une manière d’affirmer son excellence morale.

Il est significatif que les seuls crimes des nazis ukrainiens qui ont fait bouger un peu les lignes et troublé l’unanimité dans l’union sacrée en jaune et bleu sont les discriminations, effectivement scandaleuses, qui frappent les réfugiés non européens qui tentent de sortir du pays dans la panique généralisée. Mais ils ont fait bien pire, ils ont fait le pire, depuis huit ans, dans l’indifférence générale, contre des Russes, des Ukrainiens russophones, des militants de gauche.

Que les militants de gauche français ne soient pas solidaires des militants de gauche ukrainiens ce n’est pas très étonnant vu le ton haineux qu’ils emploient pour polémiquer entre eux pour savoir quel est le meilleur candidat de gauche pour perdre les élections. Mais on les a connus plus sourcilleux sur le racisme et l’antisémitisme quand il est assumé sans filtre par des nostalgiques du Troisième Reich.

Retourner au réalisme : on ne peut pas vraiment utiliser la moraline comme boussole pour dire quelque chose de sensé et d’utile dans cette situation où la folie collective de l’Occident va bien plus loin que celle qu’on impute si facilement au président russe.

Il faut en revenir au bon sens matérialiste le plus radical : il s’agit de savoir si on veut vivre la troisième guerre mondiale ou non. Dans le déchainement hystérique entretenus par les médias de masse beaucoup plein d’une excitation morbide qui est le fruit de deux générations d’éducation dans le monde des réalités virtuelles ont l’air de n’espérer que ça.

A toute fins utiles on peut leur rappeler que contrairement à ce qui se passe dans leurs jeux favoris les participants ne se relèveront pas à la fin. Certains volontaires ou mercenaires qui étaient partis la fleur au fusil pour tenter l’aventure ont découverts à leur dépens que la guerre c’est un jeu moins drôle quand c’est l’adversaire qui dispose de l’appui aérien !

Il s’agit de se lancer, ou non, dans une guerre ouverte de l’OTAN contre la Russie « pour l’Ukraine » qui aboutirait à l’anéantissement de ce pays.

Alors les fanfarons des réseaux sociaux le lèvent tous pour hurler à la guerre contre la Russie ! Bien évidemment il ne leur est pas passé dans le ciboulot une seule seconde qu’ils risquent eux aussi de mourir. Ignorance n’est pas innocence et stupidité n’est pas courage.

Les amis des Ukrainiens (qui la plupart du temps ne savaient même pas où placer le pays sur la carte le mois dernier) feraient bien de s’intéresser à l’intérêt national de ce pays : est-ce d’entrer dans une guerre inexpiable avec son puissant voisin en espérant être sauvé par le déclenchement d’une guerre nucléaire, ou de trouver un compromis avec lui sur la base de la démilitarisation de la dénazification et du respect des minorités ?

Le bourrage de crâne qui consiste à faire croire que l’Ukraine peut gagner la guerre contre la Russie est beaucoup plus bête qu’en 1914 et beaucoup plus pervers parce que ça incite des Ukrainiens et des spectateurs crédules atteints de donquichottisme à se faire tuer pour rien dans l’attente d’une aide décisive qui n’arrivera jamais et que ça peut même aboutir à la destruction pure et simple de l’État ukrainien, dessiné par les bolcheviks en 1922 et agrandit vers l’Ouest par Staline en 1945 .

Il ne faut pas oublier qu’avant que les nazis lancent l’épuration ethnique à grande échelle en 2014 environ la moité des Ukrainiens étaient Russes (la seule différence entre les deux peuples étant la langue). Que les habitants de Marioupol que les Ukrainiens empêchent de sortir de la ville assiégée pour qu’ils servent de boucliers humains sont russes. Il y a de fortes chance que l’Ukraine soit démembrée si la guerre dure encore longtemps.

Bien sûr on dira que les Russes peuvent aussi perdre la guerre. C’est peu probable car après tout elle aussi risque son existence dans l’affaire et elle a déjà montré sa détermination. Et cela ne se passerait pas sans conséquences très fâcheuses pour le monde entier.

Une parabole en forme de test pour finir

Quand tu trouves un nid de frelons à coté de ta maison :

tu dis que ce ne sont pas des frelons et qu’il n’y a d'ailleurs pas beaucoup de frelons

tu donnes un coup de pied dedans et tu pars en courant

tu attends que le voisin s’en occupe et tu le critiques quand il le fait parce qu’il ne respecte pas la biodiversité

tu déménages

ou tu le détruis ?

même pas.

Il est clair que c’est la Russie qui a déclenché la guerre le 24 février contre le régime de Kiev. Il n’en est 

 

GQ 17 mars 2022

 

Aucun commentaire: