Du Donbass, Faina Savenkova, 13 ans, témoigne
Ma vie n’est pas si longue, j’ai maintenant 13 ans. En 2014, j’avais 5 ans, et quand la guerre a commencé, je ne comprenais pas encore grand-chose.
Tout ce que j’ai vu, c’est une grand-mère effrayée, une mère désemparée et un père triste. Cet été-là, il faisait très sombre dans notre sous-sol humide, et nous étions terrifiés, terrifiés par les explosions et les tirs. Je pensais alors que la guerre se terminerait rapidement, et que nous vivrions dans la paix et la tranquillité, en construisant nos vies.
Mais huit ans ont passé. J’ai grandi, j’ai commencé à comprendre un peu mieux, et maintenant la guerre est à nouveau aux portes de ma maison, ma chère Lougansk. Non, elle ne s’est pas terminée après toutes ces longues années, j’ai juste espéré que la raison l’emporterait. De nouveau, les gens partent. On entend à nouveau le bruit des obus qui explosent – la voix de la guerre. Je sais que la victoire sera nôtre. Nous resterons debout. Même si nous périssons, notre cher Donbass vivra.
Il n’y a pas de haine dans nos yeux, seulement de la peine pour les disparus et le désir de défendre notre vie et notre liberté, le désir de construire un avenir pacifique. La guerre va définitivement prendre fin, et nous verrons le Donbass magnifique et fleuri.
Traduction par Christelle Néant pour Donbass Insider
Bonjour, arrière-grand-père Vassili ! Nous sommes de nouveau réunis à la veille du jour de la Victoire. Et je veux te demander pardon. Pardonne-nous de ne pas avoir agi, d’avoir oublié ton exploit et les héros de la guerre. Dans nos éternelles disputes, nous avons perdu l’essentiel, notre histoire. Après tout, vous avez défendu Moscou, gelé dans les marais de Biélorussie, libéré Prague. Et maintenant ils disent que c’était en vain. Que ta victoire était une occupation, que Leningrad aurait pu se rendre, que je devrais avoir pitié des nazis, et que la parade de la Victoire c’est du “culte de la victoire”. Est-ce que je peux le faire ? Bien sûr que non !
Bonjour, grand-père Miron ! On m’a raconté comment tu as chassé les Banderistes à travers les forêts d’Ukraine sans penser au sommeil ou à la chaleur. Libérant et progressant lentement. Tu as vu des villages brûlés par eux et des enfants tués. Tu t’es débarrassé de cette racaille, sans épargner ta vie. Et maintenant, leurs descendants disent qu’ils sont des héros. Et je dois dire : “Gloire aux héros” et te désavouer, toi, le soldat soviétique. Ils disent qu’ils ont gagné la guerre, mais comme avant, ils combattent des enfants et des vieillards, détruisent des villes et des villages, laissant derrière eux de la terre brûlée et de la cendre sur leurs bottes… Peut-il en être ainsi, si seulement 77 ans se sont écoulés depuis la Victoire ? C’est possible. Désolé, nous n’avons pas pu tous les éliminer.
Bonjour, arrière-grand-mère Elsa. Je suis désolée, car l’étoile jaune est de nouveau à la mode, mais cette fois pour les Russes. Maintenant, ils disent qu’un Russe n’est pas un libérateur, mais un sous-homme. Comme c’est familier. Ils disaient la même chose de toi pendant les pogroms à Lvov et Kiev. Qui leur a donné le droit de décider qui est digne d’être appelé un homme et qui ne l’est pas ? Nous l’avons fait. Par notre indifférence à l’égard de notre histoire.
Bonjour, soldat russe ! Pardonne-nous de ne pas être capables de préserver notre monde de la guerre. Nous sommes devenus complaisants et avons pensé que la paix était éternelle et que la liberté était donnée sans combat. Il s’est avéré que ce n’était pas le cas. Le fascisme est partout autour de nous. Il défile à nouveau sur notre territoire, brandissant ses drapeaux et chevrons d’Azov, d’Aïdar et de Secteur Droit. Il est tout autour de nous. Il est déjà là. Et c’est pourquoi tu es à nouveau dans les rangs, comme tu l’étais en cette terrible année 1941. Tu es tchétchène, bachkir, ossète, abkhaze, ukrainien, bouriate ou biélorusse. Tu es un soldat russe, qui que tu sois ! Tu es venu défendre ceux qui sont faibles et sans défense. Tu es venu pour gagner. Encore et encore. Comme autrefois dans les tranchées de Stalingrad, aujourd’hui dans les steppes du Donbass.
Cette guerre sera aussi dure qu’elle l’était alors. Tout le monde ne restera pas en vie jusqu’à la victoire, mais le fascisme sera détruit et ne relèvera plus jamais la tête. Je crois que la victoire viendra. Les villes reconstruites d’Ukraine et du Donbass célébreront le 9 mai. Kieev, Donetsk, Lougansk, Odessa, Slaviansk, Kharkov, Dnipropetrovsk et d’autres villes auront une parade, où, comme il y a de nombreuses années, la bannière de la victoire sera portée. Et les drapeaux de cette Ukraine nazie seront jetés au pied des monuments des héros. Et nous attendrons cette victoire.
Faina Savenkova
Traduction par Christelle Néant pour Donbass Insider
ET ...
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