Le coup d’Etat ukrainien a bien été piloté par les Etats-Unis :
la preuve
Il est bon quelquefois de ressortir des témoignages anciens où des journalistes hors période apparente de tensions sortent des faits difficilement niables comme cet article paru le 25 janvier 2017 sur le site du Nouvel observateur. C’est-à-dire avant qu’en 2022, la mobilisation de la population française derrière le haut commandement de l’OTAN et Biden nous invente une Ukraine indépendante, souveraine et démocratique, et une FRANCE un président Français, une Europe presqu’aussi indépendante, souveraine face au capital et à son bras armé, que la malheureuse Ukraine. Bref que nos médias osent une des pages les plus immondes de leur histoire- qui n’en manquent pas (de pages serviles et immondes) (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Par Pierrick TilletPublié le 25 janvier 2017 à 23h45 Mis à jour le 11 mars 2014 à 15h2
« L’arroseur arrosé », rigole Olivier Berruyer sur son site les-crises.fr en transcrivant la fameuse discussion téléphonique piratée entre Olivia Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine pour l’Europe et l’Eurasie d’Obama, et l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt. Dire qu’il y en a encore pour croire que Poutine est le seul responsable de la crise ukrainienne !
Cet enregistrement, datant vraisemblablement de fin janvier 2014, est disponible sur le web. Le fait qu’il ait été révélé par les autorités russes ne le rend pas moins crédible.
On s’étonnera juste – ou au contraire, on ne s’étonnera pas du tout – qu’aucun média occidental n’ait jugé bon de mettre l’ensemble du texte un peu plus en évidence (à part le savoureux « fuck the EU ») tant il est accablant pour les autorités américaines.
Vous voulez juger par vous-mêmes ? Voici la transcription en français de la conversation entre une ministre américaine et un ambassadeur en poste dans un secteur très sensible.
« Je ne pense pas que Klitsch devrait être dans le gouvernement »
Victoria Nuland : Que pensez-vous ? Geoffrey R. Pyatt : Je pense que nous jouons. La pièce Klitschko [ex-boxeur et leader des émeutiers de la place Maïdan, ndlr] est évidemment l’électron le plus compliqué ici, en particulier le fait qu’on l’ait annoncé comme vice-Premier ministre. Vous avez vu mes notes sur la difficulté du mariage en ce moment, nous essayons d’obtenir une lecture très rapide pour savoir s’il fait partie de l’équipe. Mais je pense que votre raisonnement à son sujet, que vous aurez besoin de lui dire – je pense que c’est le prochain coup de téléphone que vous souhaitez organiser – est exactement celui que vous avez fait à Yats [surnom de Iatseniouk, actuel Premier ministre ukrainien]. Je suis heureux que vous l’ayez mis sur la sellette (…) Il s’inscrit dans ce scénario. Et je suis très heureux qu’il a dit ce qu’il a dit. Victoria Nuland : Bon. Je ne pense pas que Klitsch [surnom de Klitschko] devrait être dans le gouvernement. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée . Geoffrey R. Pyatt : Oui, je veux dire… je suppose… Pour ce qui est de sa non-participation au gouvernement, je serais d’avis de le laisser en dehors pour qu’il se consacre à ses obligations politiques. Je ne fais que réfléchir, pour trier les options pour avancer, nous voulons garder ensemble les démocrates modérés. Le problème sera avec Tyahnybok [leader du parti ultranationaliste Svoboda] et ses gars. Et, vous savez, je suis sûr que cela fait partie du calcul de Ianoukovytch [président ukrainien déchu].
« Je pense Yats, c’est le gars »
Victoria Nuland : Je pense Yats, c’est le gars. Il a de l’expérience économique et de l’expérience de gouverner. C’est le gars. Vous savez, ce qu’il a besoin, c’est que Klitsch et Tyahnybok restent à l’extérieur. Nous aurons besoin de leur parler quatre fois par semaine. Vous savez, je pense juste que si Klitschko entre, il va devoir travailler à ce niveau avec Iatseniouk, c’est juste que ça ne va pas marcher… Geoffrey R. Pyatt : Ouais, ouais , je pense que c’est vrai. Ok , bon. Souhaitez-vous que nous organisions un appel avec lui comme prochaine étape ? Victoria Nuland : Ma conception de l’appel dont vous parlez, c’est que les trois grands participent à leur propre réunion et que Yats leur propose dans ce contexte. Vous le savez, une conversation « trois plus un » ou « trois plus deux » si vous participez. C’est ainsi que vous le comprenez ? Geoffrey R. Pyatt : Non, je pense que c’est ce qu’il a proposé, mais connaissant leur dynamique interne lorsque Klitchko était le chien dominant, il va prendre son temps avant de se pointer à une de leurs réunions et doit déjà être en train de parler à ses gars. Donc je pense que si vous vous adressiez directement à lui, cela aiderait à faire de la gestion de personnalités parmi les trois. Cela vous donne également une chance d’agir vite sur tout cela et nous permettra d’être derrière avant qu’ils s’assoient et qu’il explique pourquoi il n’est pas d’accord. Victoria Nuland : Ok. Bon. Je suis heureuse. Pourquoi ne le contacteriez-vous pas pour voir si il veut parler avant ou après. Geoffrey R. Pyatt : Ok, je vais le faire. Merci.
« Nous pourrions faire tomber la crêpe du bon côté »
Victoria Nuland : Je ne me souviens pas si je vous ai dit ou si je n’en ai parlé qu’à Washington : quand j’ai parlé à Jeff Feltman [sous-secrétaire des Nations unies pour les Affaires politiques] ce matin, il avait un nouveau nom pour le type de l’ONU : Robert Serry [envoyé de l’ONU en Crimée, renvoyé comme un malpropre]. Je vous ai écrit à ce sujet ce matin. Geoffrey R. Pyatt : Oui, j’ai vu cela. Victoria Nuland : Ok. Il a obtenu aujourd’hui, à la fois de Serry et de Ban Ki-moon (secrétaire général de l’ONU), que Serry vienne lundi ou mardi. Ce serait formidable, je pense, ça aiderait à souder ce projet et d’avoir l’aide de l’ONU pour le souder et, vous savez quoi, de baiser l’Union européenne [le fameux « fuck the EU »]. Geoffrey R. Pyatt : Non, exactement. Et je pense que nous devons faire quelque chose pour le faire coller à nous, parce que vous pouvez être sûre que s’il commence à prendre de l’altitude, les Russes vont travailler dans les coulisses pour essayer de torpiller. Et encore une fois le fait que c’est sur la place publique en ce moment, dans ma tête, je suis encore à essayer de comprendre pourquoi Ianoukovytch (…) ça. En attendant, il y a actuellement une réunion d’un courant du Parti des Régions et je suis sûr qu’il y a un débat très animé dans ce groupe à ce sujet. Mais de toute façon , nous pourrions faire tomber la crêpe du bon côté si nous nous agissons rapidement. Alors laissez-moi travailler sur Klitschko et si vous pouvez juste conserver… Je pense que nous devrions juste chercher à trouver quelqu’un avec une personnalité internationale pour accoucher de notre projet. L’autre question concerne Ianoukovytch, mais nous en reparlerons demain, nous verrons comment les choses commencent à se mettre en place. Victoria Nuland : Donc, sur ce point, Jeff, quand j’ai écrit la note, Sullivan [conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain] m’a répondu d’une manière très formelle en disant que j’avais besoin de Biden [vice-président des Etats-Unis] et j’ai dit probablement demain pour les bravos et pour réussir à faire coller les détails. Donc, Biden est prêt. Geoffrey R. Pyatt : Ok. Très bien, merci.
Et le coupable est…
Bon, ça va, vous avez compris ? Qui osera dire après ça que les Etats-Unis d’Obama n’ont pas récupéré ce qui était au départ un mouvement de révolte populaire pour piloter directement le coup d’État ukrainien ? On notera qu’en s’excusant officiellement pour sa sortie sur ses pâles comparses européens, Victoria Nuland a de fait authentifié la réalité de cette conversation.
Les anglophones auront de plus apprécié le langage trivial employé par Mrs Nuland. A peu près aussi vulgaire que celui tenu par un ex-président français placé sous écoute par la justice de son propre pays. C’est qu’on se s’embarrasse guère de délicatesse chez les voyous.
Reste qu’il se trouvera toujours des sceptiques – ou affectant de l’être – qui hurleront au complotisme, ou en appelleront à la présomption d’innocence, ou tenteront de détourner l’attention sur les méfaits du vilain Poutine.
Je renvoie ceux-là à l’ensemble des billets consacrés à la crise ukrainienne par Olivier Berruyer qui, en bon actuaire, n’est pas du genre à avancer des affirmations sans sérieux biscuits.
Pierrick Tillet
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