mardi 21 juin 2022

Les leçons d’un scrutin: vive le congrès du PCF.

Que dire de ces élections, sinon que leur résultat n’a rien pour nous de surprenant et qu’il a ses ombres et ses lumières. Au titre des satisfactions il y a bien sûr la mise en “petite” majorité relative de Macron, un désaveu du président élu comme il y en eut jamais dans cette Constitution et ce mode de scrutin. Désaveu bien mérité et quelques battus comme Castaner qui arrachèrent des cris de joie à tout ceux pour qui il représente le mépris, la violence gratuite et la trahison de ses engagements. Cette constitution a été créée pour verrouiller tout changement de société et exclure le parti communiste, l’hypothèse socialiste de la vie politique française en relation avec les institutions européennes opérant dans le même sens.

Entre l’abstention, et l’absence de majorité présidentielle, on peut dire que la Constitution a volé en éclat et cela se passe à un moment de crise ouverte de l’UE de plus en plus identifiée à l’OTAN. Macron en devient le visage de l’impuissance.

Oui mais à quel prix, revenons-y.

L’abstention est de loin le premier parti de France, elle dit la colère sans force motrice, comme cette assemblée. Autre fait, comme nous n’avons cessé de le répéter, le vote a été marqué par une poussée à droite et à l’extrême-droite. C’est donc vers ce camp-là que le pouvoir des riches va chercher une majorité pour faire passer des lois scélérates, pour le capital et contre le monde du travail, contre la jeunesse avec le leurre de la haine raciste. Jamais la gauche n’a été aussi faible même si son rassemblement de dernière heure a permis de sauver quelques meubles et de limiter les dégâts. Nous sommes loin des illusions d’un Mélenchon premier ministre, mais a été accomplie la véritable mission nécessaire : empêcher Macron d’imposer son programme de liquidation des services publics et des droits des couches populaires, nous sommes dans ce domaine au milieu du gué puisque Macron attend tout de la droite et de l’extrême-droite et n’a plus rien à espérer du centre gauche. Sur le plan social c’est très inquiétant mais ça l’est également dans la lutte pour la paix et l’environnement.

Ce que signifie ce vote a été peu souligné : la vie politique va devoir être différente à l’Assemblée nationale mais elle va surtout l’être enfin dans un nécessaire renouveau des partis. Il faudra bien que l’on reprenne ce qui faisait l’originalité de la campagne présidentielle de Fabien Roussel dans sa première phase: s’adresser aux abstentionnistes et même à ceux qui votaient Rassemblement National pour ouvrir un dialogue non politicien, ne pas tirer vers les jeux politiciens, les foires d’empoigne, les rivalités d’appareil, tout ce qui écœure et qui risque de déshonorer un peu plus cette assemblée telle qu’elle est au soir de l’élection.

C’est une bonne chose que les forces de gauche rassemblées dans la NUPES aient leur groupe propre et c’est encore meilleur que le PCF ait un groupe. On peut faire confiance à Chassaigne pour savoir ce qui doit unir la gauche et ce que le PCF doit développer. On se réjouit en particulier de l’élection d’un député communiste du Pas de Calais qui a battu le Rassemblement national même si Bruneel, l’ouvrier droit et sincère nous manque. Ce groupe serra un facteur de justice et de paix, il fera écho des préoccupations populaires et saura se montrer unitaire pour contribuer à la principale force d’opposition dans une chambre introuvable marquée par l’extrême-droite et les forces du capital, mais son action aura ses limites et le parti doit savoir jouer son propre rôle.

Tout cela devrait conduire les communistes à une prise de conscience, le rassemblement nécessaire excédera nécessairement les élus, députés et sénateurs, ils redeviennent ce qu’ils n’auraient jamais du cesser d’être : une courroie de transmission de la volonté de changement, on a plus que jamais besoin d’une perspective politique, le socialisme à la française, et l’essentiel est donc de reconstruire un parti communiste qui n’a pas pour seule perspective l’élection et comme activité les fêtes de l’humanité. Ces buts restent mais ils reprennent leur place parce que la Constitution qui les imposait a vu son plafond de verre brisé, la vie politique n’est plus totalement verrouillée par une alternance sans alternative.

L’assemblée nationale est ingouvernable sur ce mode-là, il va falloir l’utiliser différemment, dans l’unité et la diversité et en relation avec des enjeux non politiciens. Pour les communistes, il va falloir passer du rejet a priori le plus souvent fondé à l’affirmation d’une identité positive soucieuse d’une politique propre et d’ententes nécessaires sur des points correspondant à l’intérêt des travailleurs et du pays autant que de la défense, de la paix, de l’environnement et des choix progressistes émancipateurs dans le contexte d’une autre société, le socialisme.

Les partis ont tous besoin de repenser leur rôle dans et hors assemblée et c’est la grande chance du parti communiste français de pouvoir redevenir le parti de terrain, organisé au plus proche de ceux qui n’ont plus confiance dans ces jeux d’appareil et qui ont un besoin urgent de repenser l’avenir, d’intervenir réellement et d’avoir les moyens de cette intervention avec une perspective qui embrasse leurs difficultés autant que le mouvement du monde.

Que chacun prépare à sa place cette transformation de la vie politique en se disant bien que si le parti communiste et tous ceux qui sont prêts à agir dans le sens d’un changement de pouvoir et de société s’enfermaient dans des jeux d’appareil et se limitaient à des jeux oratoires dans cette assemblée telle qu’elle est, des rivalités de partis, l’avenir serait alors dans le fascisme et ses haines.

C’est de cela dont devra traiter le Congrès du parti communiste. Il reste encore un espace construisons-le sans exaspérer les rivalités politiciennes mais en créant un nouveau contrat social avec notre peuple, sa classe ouvrière, ses couches populaires et ses intellectuels et artistes, en sachant que le rôle du parti communiste est de favoriser l’intervention populaire.

VIVE LE CONGRÈS DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS

DANIELLE BLEITRACH

 

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