mardi 14 juin 2022

Police républicaine

Ne pas fuir le problème

mais l'affronter

Police républicaine

D'abord rappeler à ceux qui l'auraient oublié et aux plus jeunes qui ne le savent pas, mais jusqu'à la fin des années 90, en gros avant le Ts-Hue-nami qui a ravagé le PCF, existait une commission "Police Armée Nation" qui réunissait souvent très discrètement des militaires d'active et de réserve, des policiers, et gendarmes, des élus locaux, des parlementaires, des syndicalistes, tous très pointus sur ces questions. Ils contribuaient à élaborer une doctrine politique du PCF concernant la question de "l'ordre républicain", de la défense nationale et des libertés. On peut être d'accord ou contester ses travaux mais au moins cela évitait les réactions spontanées et permettait des ripostes argumentées pour rassembler face à l'autoritarisme des gouvernements. 

 

La crise, sa dimension morale et structurelle, institutionnelle, les fractures avec les repères républicains non seulement n'épargnent pas la police mais elles en sont des révélateurs trop souvent sanglant.

Qui prétend participer à diriger le pays n'a pas le droit de tracer le cap de façon impulsive. Les phrases à l'emporte pièce en la matière masque souvent la faiblesse de la réflexion politique collective sur la question.

La déclaration du premier dirigeant du P"c"F à la phrase du Bruant Badinguet Boulangiste à propos des agissements trop souvent létaux de la police française démontre à l'évidence que la réflexion collective, pas plus que chez LFI, n'est dans le lexique de cette organisation.

Partons d'un constat : si nous devons revendiquer l'existence d'une police citoyenne c'est bien parce qu'actuellement elle ne l'est pas. Cette non citoyenneté se traduit par une accumulation de pratiques qui blessent, mutilent, voir tuent des personnes qu'elle a pour première mission de protéger, au besoin de déférer vivant devant les juges. Ces agissements s’accélèrent de nouveau avec Darmanin.

Cela s'inscrit dans une période historique de 1945 à 2022, allant de J Moch, à Darmanin en passant par Frey, Marcelin, Poniatowski, Pasqua,  Sarkozy et Valls,  les  pierres tombales des victimes des forces dites de l'ordre s'alignent le long du chemin. Octobre 61, Charonne , Sochaux, Malik Oussekine pour ne citer que ceux là en témoignent .

Si Joxe ou Defferre était plus orientés sur la répression frontale des luttes sociales, les autres n'en rabattant pas sur ce point ont ouvert le droit à cogner voir tirer tout azimut, armant à tout va avec des outils toujours plus mortels. Les cérémonies hommages aux victimes qui s'égrènent toujours plus nombreuses montrent bien que des mineurs de 47 à nos jours, oui la police tue.

Les bavures-mortes et mutilés qui s’égrènent dans les ZUP depuis des années, ce ne sont pas des inventions. Si nous comparons des pays à régimes équivalents sur le continent européen pourquoi cette sinistre singularité française ? Choix politique, critères de recrutement, qualité et orientation de la formation, dilution du lien républicain tout est à revoir.

Mais de même qu'on peut dire que si la SNCF est responsable de la catastrophe de Bretigny, ce n'est pas s'en prendre au cheminots, dire que la grande distribution s'assoie de plus en plus sur les règles d'hygiène ce n'est pas accuser les salariés du commerce ou de l'agro-alimentaire, dire que la police tue est un fait, cela ne concerne pas globalement tous les policiers.

Pour autant, les rambos nostalgiques des djebels et autres campagnes coloniales, les tatoués à images identitaires existent dans la police et ne sont pas chassés de ses rangs. Ils y trouvent leur compte et savent profiter de la protection politique et juridique de leur hiérarchie.

Dans ce contexte, la déclaration à l'emporte pièce de F Roussel face à une interpellation s'appuyant sur une réalité n'aide pas le débat

 

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