France : un budget 2023 d’ores et déjà en trompe l’oeil
La dette publique française a atteint 114, 5% de la richesse produite en une année au 31 mars 2022, soit la somme astronomique de 2 902 milliards selon l’INSEE. Plus personne n’ignore ce chiffre, alarmant pour les uns, soutenable pour les autres. À l’heure où s’entament les discussions dans les ministères sur le budget de l’état pour 2023, l’on peut raisonnablement s’inquiéter des marges de manœuvres du gouvernement.
Que nous a donc promis GABRIEL ATTAL, nouveau gardien des cordons de la bourse en tant que ministre du déficit public permanent, pardon, je veux dire, ministre du budget. Chaque année, sans interruption depuis 1975, l’état français affiche un déficit public.
GABRIEL ATTAL a affiché trois priorités dans sa déclaration du 7 août 2022.
- Augmentation du budget de l’éducation nationale. Non pas pour faire
face au déficit de foi dans l’école laïque et républicaine et aux
cohortes clairsemés de nouveaux hussards mais pour respecter la promesse
électorale présidentielle de les payer au moins 2 000 € nets mensuels.
- Progression du budget du ministère du travail pour augmenter plus
encore le nombre de personnes en situation d’apprentissage et contribuer
ainsi à afficher un taux de chômage à la baisse dans la perspective
d’un soi-disant plein emploi en 2027.
- Enfin, accroissement significatif des budgets de la police et de la justice. Pour la police, c’est pour afficher, je cite, « un doublement du nombre des forces de l’ordre sur le terrain à l’horizon 2030 ». Pour la justice, (hausse budgétaire + 26% en 3 ans), c’est continuer l’effort de recrutement de personnel et construire de nouvelles prisons.
Décryptons ensemble ces informations présentées sous un jour assez optimiste. Responsable aurait pu confirmer GABRIEL ATTAL.
- Promesse électorale oblige, l’éducation nationale – l’immense
fabrique de crétins comme écrirait l’enseignant et chroniqueur JEAN PAUL
BRIGHELLI – a reçu les dividendes de ces pleurnicheries annuelles sur
l’éternel manque de moyens. Pour autant, il y aura toujours 30 ou 35
élèves par classe, aucun système de climatisation, insuffisamment de
professeurs de mathématiques ou d’allemand, l’organisation du
remplacement des enseignants absents à la va comme je te pousse. Mais,
innovation oblige pour la rentrée 2023, le recrutement par « job
dating ». Quand donc un directeur d’établissement pourra prendre
l’initiative de proposer un poste de professeur « uberisé » en sciences
naturelles et anglais pour 4 mois à un étudiant anglophone en master de
biologie ? Je n’aborderais pas ici le wokisme rampant, l’écriture
inclusive, l’apprentissage du langage sms en troisième langue vivante
dès la classe de 4ème ou encore le catéchisme écologique dès
le cours préparatoire. À défaut de sauver la planète, l’école 2023 est
sauvée, le salaire des profs va augmenter. On dit merci à GABRIEL ATTAL.
- « La police tue » éructe JEAN-LUC MELENCHON. L’avenir ne va-t-il
pas lui donner raison ? Vouloir former en 10 jours et les munir d’une
arme des milliers d’engagés, certes volontaires et motivés qui viendront
constituer la « réserve nationale de policiers » est d’une bêtise
crasse. Évidemment cela permettra dès 2023 au gouvernement d’affirmer
que les effectifs des forces de l’ordre auront augmenté. Mais à quel
prix ? Les refus d’obtempérer ou les rodéos urbains nous le diront
bientôt. Et les juges n’ont pas fini de s’arracher (au moins) les
cheveux à devoir statuer sur la bonne ou la condamnable réponse
appropriée et graduée faite par « l’apprenti policier » face à la
menace. En attendant, l’état s’occupe de la sécurité des français. La
preuve, le budget de la police augmente en 2023. On dit merci à GABRIEL
ATTAL.
- Si l’on s’en tient aux chiffres bruts, l’apprentissage pour les 15/30 ans est un succès. Leur nombre a quasiment doublé en 5 ans. Notre premier ministre ELISABETH BORNE parle même de « révolution culturelle ». Le tableau est-il si ensoleillé ? 40 années de chômage de masse endémique aurait-il fait de l’apprentissage la martingale inespérée ? Sur le comptage des chômeurs, c’est incontestablement vrai. Si vous êtes en apprentissage, en formation par alternance, vous n’êtes plus chômeur et donc plus comptabilisé comme tel. Merveille de la statistique pour nos gouvernants. Mais, l’apprentissage, ce n’est pas gratuit On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Le coût d’un apprenti est donc financé. par l’état : 5 000 ou 8 000 € par an le recrutement d’un apprenti. Salaire de l’apprenti, de 20 à 55% du SMIC. Autrement dit, sans charges patronales pour l’employeur. Quelle entreprise normalement gérée et qui a besoin de recruter des jeunes gens se priverait d’une telle aubaine ?
Alors, pour le budget 2023, GABRIEL ATTAL remet au pot quelques milliards d’euros.
Et qu’est-ce qu’on dit ? Merci GABRIEL ATTAL.
À ce niveau d’endettement public du pays, nos gouvernants n’ont d’autre choix que de duper les français. En matière budgétaire, le sémillant communicant GABRIEL ATTAL s’y est collé et nous livre une première copie presque pleine de brio.
Mais, on devine que la toile craquèle déjà alors que la peinture est à peine sèche.
Le 10 août 2022 – BERTRAND RENAULT.
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