jeudi 4 août 2022

Uber : Macron, c’est le parti de l’étranger et de la précarisation

par Laurent Herblay (son site)blog Agora Vox
lundi 1er août 2022

La révélation de l’appui marqué apporté par Macron à l’implantation d’Uber en France a déclenché une nouvelle polémique dont il s’est expliqué le 14 juillet. La macronie a trouvé une forme de parade révélatrice de son état d’esprit : rien de ce qu’il aurait fait ne serait illégal. Une diversion qui vise à cacher le problème peut-être plus fondamental de la ligne politique de ce président, qui ne semble jamais se soucier des intérêts de son propre pays, et acteur d’une précarisation sauvage.

 

 

Au service des actionnaires de la Silicon Valley

Je ne pense pas qu’il y ait eu un véritable acte de corruption directe active, même si le soutien apporté à Uber a été fort. Malheureusement, le rôle qu’a joué Macron comme ministre de l’économie dans ce dossier est tristement cohérent avec son discours sur la « start up nation » ou le ruissellement. Macron veut laisser faire le plus possible ceux qui ont de l’argent, au nom d’une idéologie oligarchiste maintes fois infirmées, mais qui reste dominante dans les élites de notre pays, comme ailleurs. Peu lui importe la précarisation de ceux qui travaillent : n’est-il pas celui qui a poussé la bagatelle de trois réformes du droit du travail en France en à peine 3 ans ? Et la nationalité d’une entreprise, ou la défense des intérêts de la France ne sont-elles pas totalement anecdotiques pour l’homme qui a laissé filer Alstom, Alcatel, Technip ou Lafarge sous pavillon étranger ? Le problème des Uberleaks, c’est son caractère si macroniste.

Bien sûr, il n’est pas anormal qu’un ministre reçoive des représentants d’entreprise, même si la force du soutien interroge. Et les choix qu’il fait peuvent l’être pour de simples raisons idéologiques. Et ici, le choix de laisser une entreprise étatsunienne totalement bouleverser le marché français des taxis correspond malheureusement à une caractéristique trop commune des élites de notre pays : une totale indifférence à notre indépendance et notre souveraineté. Les règles du marché et de la libre-circulation de tout priment sur la préservation de nos intérêts en France. C’est ce qui avait scellé le sort de Péchiney ou d’Arcelor, ainsi que la gestion du partage d’Airbus. La France a une capacité particulière à produire une élite totalement indifférente au maintien en France des savoir-faire ou de nos intérêts, tout en étant souvent fascinée par le capitalisme étatsunien, aussi excessif et destructeur soit-il, comme Uber.

Ce faisant, Macron n’est que le énième dirigeant français du parti de l’étranger, dont la fascination pour les idoles de son époque l’éloigne de son propre pays. Pourtant, Uber, ce sont des intérêts étatsuniens qui se sont contruist au détriment des intérêts de tous les chauffeurs de taxi de France. C’est cette même indifférence qui l’a fait accepter les trop nombreux rachats ou « fusions » d’entreprises françaises quand il était le principal inspirateur de la politique économique de notre pays : Alstom, Alcatel, Technip ou Lafarge sont ainsi passés sous contrôle étrnager quand il était aux affaires. Macron, c’est l’incarnation la plus pure d’un laisser-faire qui s’applique même au démembrement des intérêts de notre pays contre quelques vagues promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent. S’il n’a pas défendu Alstrom et ses actifs extrêmement stratégiques, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il défende les intérêts de nos taxis.

En outre, comme je le dénonçais alors, Uber, c’est la logique de la terre brûlée, une concurrence totalement déloyale à l’égard des taxis, qui payaient cher, alors, leur licence, qui leur imposait une vraie formation, alors que Macron a œuvré pour minimiser celle demandée aux « chauffeurs » Uber à quelques heures. C’est une immense précarisation d’un secteur économique au seul profit des dirigeants de l’entreprise et de leurs actionnaires, même si leur calcul est, ici, assez alétoire. Mais, ce faisant, Macron montre une fois de plus son adhésion à la logique toute oligarchiste qui consiste à tenter de mettre en place un oligopole ultraprofitable qui peut à la fois extraire un maximum d’argent des consommateurs, après avoir réduit en cendre la concurrence, tout en asservissant ses prestataires, qui n’ont que des devoirs et assument la majeure partie des investissements. Macron doit admirer l’habileté du modèle d’affaire de Uber, aussi antisocial et destructeur soit-il. Il n’y avait besoin de convaincre Macron. Il admirait et admire Uber…

Plus que des procès en légalité, ce qui est choquant ici, c’est d’abord ce rappel du fond idéologique du marconisme : indifférence complète à la France et aux Français et adhésion à la loi de la jungle économique qui permet aux dirigeants et aux actionnaires des grandes entreprises les pratiques les plus déloyales. On peut y ajouter ce manque de transparence démocratique si caractéristique de tout son premier mandat. Les Uberfiles définissent le macronisme. Et ce n’est pas beau à voir.





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