Gauche des polémiques ou gauche de la politique ?
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Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il en est pour
vouloir abaisser le débat politique au niveau du caniveau. Et si ce
n’est pas une spécialité française, cela ne nous console guère.
Depuis des années en France, celles et ceux qui espèrent en un
changement de société et voudraient que soient posées dans le débat
public les questions de l’appropriation sociale, de l’éradication de la
misère, du rôle de la France dans le monde et de la fin de son
impérialisme, de la souveraineté du peuple face au diktat de l’UE
– pour n’en citer que quelques unes – voient ces questions effacées au
profit de jugements sur les individus, leur vie privée et familiale, des
considérations faussement sociétales prendre la place du débat sur les
questions de classes, tout cela afin de mieux occulter la réponse à ces
questions simples : le capitalisme est-il aménageable et sinon par quoi
le remplacer et comment ?
On a vu des candidatures à la magistrature suprême empêchées pour des
questions de manque d’éthique personnelle et d’autres confirmées malgré
celles-ci. On a vu une députée siéger au parlement, le bracelet
électronique à la cheville et un autre élu miraculeusement blanchi de
condamnations qui ailleurs dans le monde lui auraient valu la prison
ferme et la destitution.
La France dont le président ne manque jamais une occasion de faire la
leçon au monde entier est presque devenue une caricature de ce qu’il ne
faut pas faire.
De tous temps cette question du dévoiement du débat ou de la création de
faux débats pour éviter la question de fond du changement de société
était l’arme du camp d’en face. On croyait même que cela lui était
réservé
Mais voilà que maintenant, en particulier depuis la dernière séquence électorale et la campagne qui l’a précédée, ce mal ronge celles et ceux qui, en principe, s’engagent au côté du peuple qui souffre pour changer de société. Dans ce contexte de délitement des mœurs politiques celles qui se disent de « gauche » parce qu’étant de notre camp, au lieu d’élever le débat, s’abaissent à sa bassesse.
On dirait qu’à tour de rôle il en est pour se délecter de tel ou tel propos, non pas pour le combattre sur le fond, mais pour en disqualifier l’auteur ou l’autrice.
Après les discussions surréalistes sur le steak, le bon vin et tant
d’autres sujets, voilà celles sur les allocs et les révélations
publiques sur la vie privée d’un couple qui n’en demandait sans doute
pas tant.
Et tout ça sur fond de dispute pour savoir qui, dans cette rentrée
sociale de tous les dangers, est le mieux ou même le seul fondé à
mobiliser contre la politique gouvernementale.
Comme si le combat était un domaine réservé…
L’envie de faire du bruit médiatique prime sur le devoir politique
d’expliquer et de convaincre afin de construire une force politique
capable de permettre au peuple de prendre les pouvoirs politique,
économique, médiatique et de sécurité.
Sur les allocs bien sûr, et le comité chômeurs CGT
le dit depuis des années, il devrait couler de source que celles et
ceux qui se disent révolutionnaires sont pour la suppression du RMI devenu RSA
au profit de la mise en œuvre d’un droit au travail et à défaut d’un
salaire de remplacement financé par la cotisation sociale et non par
l’impôt.
Mais où a-t-on vu que les « allocations nourrissent le chômage ? ».
Ce qui en plus objectivement ne veut rien dire…sauf pour ceux qui
pensent que si on supprime le système d’indemnisation, le chômage
disparaitra…
Et par ailleurs a-t-on besoin de chercher la petite phrase provocatrice,
en particulier vis-à-vis de ses alliés du moment, pour mener le débat
sur cette question ? En plus au moment où le gouvernement annonce une nouvelle attaque contre l’assurance chômage ?
N’a-t-on pas autre chose à faire dans la période que de se disputer
entre gens qui devraient se retrouver ensemble dans toutes les
mobilisations qui s’annoncent ?
Ou alors veut-on démontrer que l’union créée au lendemain des
présidentielles n’est qu’une alliance électorale, voire électoraliste,
sans fond commun rassembleur ?
Je présume que celles et ceux qui s’affrontent sur les réseaux sociaux
et autres plateaux médiatiques ont épuisé leur temps de porte à porte et
de portail d’entreprise à entrée de chantier pour convaincre, en
particulier les 75% de citoyennes et citoyens de France qui n’ont pas
voté aux dernières législatives et les 90% de non syndiqués, de se
mobiliser dans la rue afin que celle-ci fasse mentir des urnes qui ont
donné 89 députés au Rhaine…
Je suppose que les uns et les autres n’ont rien de mieux à faire que de chercher à « faire le buzz »
quitte à marcher sur les plates-bandes de l’extrême droite laissant à
une armée de plus en plus clairsemée de militantes et militants le soin
de déminer le terrain et d’expliquer que bien sûr notre camp est à la
fois pour l’emploi et les allocs, contre toutes les discriminations et
ne confond pas vie privée et appel au lynchage…
Je suppose qu’ils n’ont rien de mieux à faire que d’essayer de
convaincre les millions de découragés que décidément leur
partenaire-adversaire-concurrent ne les vaut pas…
Pendant ce temps l’extrême droite tisse sa toile bien au-delà de ses
rangs au point que la Macronie la trouve respectable et que même dans
notre camp l’émotion n’est guère forte quand des migrants meurent en
mer, un passager d’une voiture récalcitrante se fait tuer comme dans un
mauvais western ou que Georges Abdallah croupit en prison à nouveau
rejoint par Salah Hamouri…
Désolé mais en ce qui me concerne je n’ai guère le temps de critiquer telle déclaration non pas maladroite mais bien « a droite »
pour qui veut chasser sur les terres de l’abaissement de la conscience
de classe sans avoir à faire l’effort de la faire s’élever.
J’ai des tracts à distribuer, des gens à rencontrer et des manifs et
toutes les actions de protestation, d’où qu’elles viennent, à soutenir
et faire grandir.
Qu’au moins si nous ne sommes pas, au niveau des dates, dans la concordance, nous soyons dans la convergence et non dans la concurrence.
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